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CORMED 2 : Ecole de Recherche sur le Genre « En temps de crise et de résistance : corps artistique, corps médicalisé, corps ajusté en Méditerranée »

Sousse, Tunisie, lundi 26 février – vendredi 1er mars 2024

 

CORMED 2 : Ecole de Recherche sur le Genre

« En temps de crise et de résistance : corps artistique,

corps médicalisé, corps ajusté en Méditerranée »

  

Responsables CORMED 2

Boutheina BEN HASSINE, Université de Sousse, Tunisie

Randi DEGUILHEM, CNRS, TELEMMe-MMSH, Aix-Marseille U., France

 

ENCADREMENT INSTITUTIONNEL de CORMED 2

CORMED 2 réunit des partenaires institutionnels de trois pays et un Réseau francophone de femmes universitaires :

Tunisie, Université de Sousse, Cellule Genre, université d’accueil de CORMED 2 ; CREDIF (Centre de Recherche, d’Études, de Documentation et d’Informations sur la Femme) ; CAWTAR (Center of Arab Women for Training and Research)

Liban, Université Libanaise, Liban

France, GenderMed : penser le genre en Méditerranée, réseau d’AMU (Aix-Marseille Université), MMSH (Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme), Aix-en-Provence ; Atelier GEEM (Genre dans l’espace euro-méditerranéen) – TELEMMe (Temps, Espaces, Langages, Europe Méridionales – Méditerranée), MMSH/AMU ; IDEMEC (Institut d’Ethnologie Méditerranéenne Européenne et Comparative), MMSH/AMU ; Mesopolhis (Centre Méditerranéenne de Sociologie, de Politique et d’Histoire), MMSH-IEP/AMU ; Vice-Présidence Egalité Femmes-Hommes et la Lutte contre les Discriminations, AMU ; Mucem (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) Marseille

RESUFF, Réseau Francophone des Femmes Responsables dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche

En temps de crise, le corps, en toutes ses déclinaisons, est, de prime abord, une cible. Cible de violences à bien des égards en provenance d’une multitude de secteurs de société qui œuvrent à lui imposer des normes et, en contrepartie, à interdire des expressions corporelles de combativité de toute nature.

En revanche, le corps – lors des situations de crise – est également un espace de résistance en face des violences explicites et implicites qui lui sont infligées par des instances d’autorité (Husquinet 2020). C’est le lieu genré où se déroulent et se positionnent des affrontements « crise / résistance » à l’échelle d’un individu, d’un groupe, d’une communauté (Kréfa et Majdoub 2019 ; Chehayed 2021).

Vulnérable et intime, le corps véhicule et projette des normes de société telles qu’elles sont mises en visibilité par les instances politique, législative, religieuse et autres. En même temps et en réaction aux normes qui lui sont imposées par l’autorité, le corps est le terrain d’expression de résilience et de résistance.

Ces prémices-là constituent les domaines d’interrogation de la deuxième édition de CORMED : École de Recherche sur le Genre qui aura lieu en présentiel à Sousse, Tunisie, 26 février – 1 mars 2024. Des universités, des organismes de recherche et de culture ainsi que des instances d’intervention de la société civile en Tunisie, au Liban et en France se réunissent en partenariat pour organiser cette École.

La réflexion à mener lors du CORMED 2 s’appuie sur des approches novatrices qui questionnent des expressions de résistance relatives au corps dans la Méditerranée par le biais d’une analyse des croisements intersectoriels, intersectionnels et interdisciplinaires dans les champs du corps artistique, du corps médicalisé et du corps ajusté.

Pour ce faire, CORMED 2 examine et contextualise des gestes qui transforment le corps en tant que construction sociale face aux différents pouvoirs dans la société (Fassin et Memmi, 2004 ; Marin et Deguilhem, 2002 ; Cadène, Lambert et Lapied 2020) mais également en tant que corps médicalisé et ajusté tant sur le plan du genre que sur la sexualité (Mollo et Falzon 2009 ; Hérault 2010). Cette École s’intéresse également aux regards qui mettent en exergue telle ou telle posture corporelle artistique dans des situations diverses, examinant ainsi l’expérience du croisement des usages du corps et de la création artistique (Morais 2016 ; Sheriff 2011 ; Chroniques de la Révolte Syrienne, 2019). Cela par une action qui intervient physiquement sur le corps pour le réaménager et le réajuster ou bien par le biais d’un point de vue artistique réalisé par un tiers au regard d’un corps dans un lieu et à un moment donné avec l’objectif de transmettre une perspective spécifique de ce corps (Salamon 2011). En le faisant, il serait question, dans les travaux menés lors de CORMED 2, d’étudier des théories de la décolonisation du corps (Talpade Mohanty 2003) dans la Méditerranée et au-delà.

S’inscrivant dans le sillage des travaux réalisés dans les journées du CORMED 1 https://cormed.sciencesconf.org (décembre 2020), École initiée par Constance De Gourcy (Mesopolhis, MMSH), co-organisée par le réseau universitaire GenderMed : penser le genre en Méditerranée, MMSH, dirigé par Randi Deguilhem, TELEMMe, le groupe GeFeM : Genre, Femmes, Méditerranée, dirigé par Karine Lambert, TELEMMe, le MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) Marseille représenté par Yolande Padilla et Aude Fanlo, le département d’histoire de l’Université de Sousse, représentée par Boutheina Ben Hassine, et de l’Institut de Beaux-Arts de Sousse, Tunisie ainsi que l’Université Galatasaray, Turquie, représentée par Nazli Nokten au sujet des questions relatives aux corps surveillés, mobilisés et exposés en Méditerranée, l’École de Recherche sur le Genre CORMED 2 élargit, approfondit et innove quant aux approches méthodologiques mobilisées pour analyser des expressions de résistance en Méditerranée telles qu’elles sont formulées autour du corps artistique, médicalisé et ajusté.

CORMED 2 approfondit, en même temps, des réflexions menées dans le cadre de la Journée d’Étude, « Expressions genrées de résistance, mouvement et crises transformatives en Méditerranée » du 22 avril 2021 organisée dans le cadre de l’Action COST 18140 de Bruxelles : « People in Motion. Entangled Histories of Displacement across the Mediterranean », programme dirigé par Giovanni Tarantino, Université de Florence et GenderMed, MMSH-AMU à laquelle participaient plusieurs encadrant.e.s de CORMED.

Enfin, des pistes de réflexion ouvertes lors des recherches réalisées dans le cadre de l’Atelier Thématique d’Études Doctorales (ATED), « Genre : documenter les résistances dans la Méditerranée contemporaine », 25-29 septembre 2013, dirigé par Randi Deguilhem, rencontre soutenue par LabexMed (Laboratoire d’Excellence : Sciences Humaines et Sociales au Cœur de la Méditerranée), A*MIDEX, MMSH, AMU, continuent à s’approfondir pendant des journées de CORMED 1 et CORMED 2, notamment, par rapport aux expressions du corps – que ces interrogations soient de l’ordre du symbolique ou du réel ou d’un croisement des deux. En le faisant, elles associent et entrecroisent des démarches multidisciplinaires en histoire, en sociologie, en anthropologie, en science politique et juridique, en arts plastiques et littéraires mais également en médecine de toutes ses déclinaisons afin de pouvoir étudier les différents usages du corps en Méditerranée aujourd’hui ainsi qu’aux époques antérieures.

CORMED 2 représente également un prolongement des rencontres entre les différentes instances de l’Université de Sousse et GenderMed, MMSH / AMU en matière de genre organisées par plusieurs instances de Sousse.

À titre d’exemple, citons la rencontre organisée en avril 2017 à l’Université de Sousse par Boutheina Ben Hassine dans le cadre du programme ERASMUS+ intitulée « Le genre pour établir la paix » durant laquelle Soukeina Bouraoui, directrice de CAWTAR et une partenaire de CORMED 2, a prononcé une keynote et à laquelle a participé des collègues de l’Université de Sousse et de GenderMed.

L’année suivante, en mars 2018, une autre manifestation a réuni, à nouveau à Sousse, des collègues de Sousse et d’AMU lorsque des membres de GenderMed ont été invitées à l’Institut des Beaux-Arts de Sousse pour présenter des recherches lors du colloque, « Le Genre dans les Arts », organisé par Hafedh Djedidi, l’Institut des Beaux-Arts de Sousse.

Les trois domaines de réflexion qui structurent CORMED 2 : corps artistique, corps médicalisé et corps ajusté se déclinent de manière bien diverse dans des différents pays du bassin méditerranéen, espace loin d’être homogène mais qui néanmoins sont composés d’éléments qui convergent, qui s’entrecroisent.

Les dynamiques élaborées à partir des différentes modalités d’expression de résistance développées au sein de ces trois champs dans les sociétés de la Méditerranée constituent les terrains d’interrogation de CORMED 2.

À titre de rappel et pour contextualiser CORMED 2, École de Recherche sur le Genre, de décembre 2020, rappelons que la première édition de CORMED focalisait son travail sur l’étude du corps surveillé, mobilisé et exposé en Méditerranée, et cela à un moment particulier, celui de la pandémie COVID 19.

En revanche, CORMED 2 se situe dans une autre périodisation, à savoir celle d’un monde qui émerge de cette pandémie mais qui reste néanmoins marqué par cette crise qui aura des séquelles sur les expressions genrées du corps artistique, médicalisé, ajusté.

Enfin, posons la question concernant l’objet étudié dans le contexte des différentes éditions de CORMED, à savoir, le corps : de quoi est-il le nom ? De quoi s’agit-il ?

Il ne s’agit pas, dans cette École, d’inventorier des expressions de résistance concernant le corps dans la Méditerranée mais, en revanche, il s’agit de l’étudier, dans des déclinaisons indiquées pour chaque édition de CORMED, dans un contexte spécifique.

Ainsi, au lieu de chercher à définir le « corps », CORMED 2 tente de cerner les usages artistiques, médicalisés et ajustés du corps des individus, réels ou figurés, dans les régions méditerranéennes et faire dialoguer les expressions entre ces trois domaines. Pour ce faire, nous mobilisons des méthodologies variées, diverses et innovatrices – théoriques ainsi que des études de cas – avec l’objectif de plonger le regard dans le croisement de pratiques genrées dans cette partie du monde. Cela dit, cette École encourage également des recherches comparatives vis-à-vis d’autres régions géographiques du monde dans la mesure où une telle ouverture géographique apporterait des réflexions qui élargissent et approfondissent, mais également mettent en question, les champs étudiés lors des journées de CORMED 2.

Ci-dessous, en format de trois axes de réflexion, se trouvent quelques éléments qui marquent la particularité des interrogations à explorer par les participant.e.s du CORMED 2 telles qu’elles sont représentées dans l’expression du corps artistique, médicalisé et ajusté en Méditerranée.

  1. Corps artistique

Les expressions artistiques du corps dans le bassin méditerranéen au temps de crise constituent l’objet de réflexion de l’axe 1 de CORMED 2. L’intérêt est pluriel. D’une part, cet axe étudie le reflet interprétatif d’un corps dans les arts tels qu’ils sont exprimés par des artistes, de spécialité diverse, utilisant des matières différentes, lors des crises politique, économique, religieuse ou en temps long de conflit.

De cette manière, l’axe 1 constitue un cadre pour étudier les manifestations artistiques, y compris par l’étude des écrits autobiographiques féministes, à l’échelle de l’individu, qui s’interroge des positionnements des personnes à l’égard de son genre ou de sa sexualité (Bavard 2016).

Autrement dit, il s’agit, dans cet axe, d’examiner les remises en question des normes sociétales par le biais des usages artistiques déployés par des individus, de tout genre et de toute sexualité.

Ainsi, CORMED 2 s’intéresse à étudier la représentation artistique, par exemple, de la danse traditionnelle ou innovatrice (Boldrin 2016). Celle-ci est exprimée par la performativité / performance des personnes qui s’identifient, en matière de genre, de plusieurs façons. Dans ce cadre, la confusion du genre dans les performances sera un thème exploré lors de nos journées de travail où le féminin et le masculin se mélangent dans ces danses pour dénoncer les tabous de la société, exprimés, par exemple, dans les pratiques du hammam, de l’habit traditionnel, du travail de la laine, etc.

Le travestissement représente une autre forme de langage artistique corporel (Castaing et Lignon 2020). Dans cette approche, les performances des artistes ont choisi leurs propres corps comme le modèle pour des déguisements de femmes et d’hommes, de différents âges. Certaines de leurs œuvres sont focalisées sur l’identité de soi et sa place dans la société ainsi que des modes de représentations.

Par ailleurs, le corps est un sujet d’étude dans les tableaux des peintres voyageurs-orientalistes comme les peintures qui mettent en scène, « la femme tunisienne », dans les œuvres de l’orientaliste Alexandre Roubtzoff (Hamza 1994). De tels tableaux représentent les femmes des années trente en Tunisie en tant que femmes voilées, ce sont des femmes mariées de la bourgeoisie tunisoise. En revanche, les jeunes filles que peint Roubtzoff habillées en bédouine sont généralement des prostituées. Enfin, les dames âgées qui sont également objet dans des tableaux de ce genre incarnent, quant à elles, la mémoire culinaire des campagnes tunisiennes (particulièrement, le couscous).

Quant aux œuvres produites par des artistes nord-africain.e.s à l’égard de l’expression corporelle, citons les travaux de l’artiste plasticienne tunisienne, Héla Ammar (Ammar 2015), qui met en exergue la question de la confusion du genre par le biais de la photographie, prise de dos, d’artistes hommes et femmes en foulard traditionnel.

Citons, par ailleurs, Rochdi Belgasmi (Belgasmi 2022), artiste-danseur tunisien qui lutte contre la normalisation du corps. Il déconstruit l’image habituelle du corps masculin comme symbole de virilité. Pour ce faire, Belgasmi remet en question cette image masculine stéréotypée à travers une présentation d’une autre image à travers son travail sur une présentation de l’image d’un prostitué masculin. D’après ce personnage performé par Rochdi Belgasmi, l’artiste tient à couper avec le statut intouchable de la masculinité. C’est une manière d’examiner la place de l’homosexualité dans la société tunisienne par des performances militantes qui s’exprime contre le diktat sociopolitique.

A travers une approche similaire, Yasmine Bouziane, l’artiste marocaine inspirée de Cindy Sherman, artiste états-unienne, a choisi son corps comme le seul modèle pour des déguisements de femmes et d’hommes, de différents âges. Ses œuvres sont focalisées sur l’identité de soi et de ses modes de représentations (Jirat-Wasiutynski 2007).

Enfin, un travail mené sur les tatouages des femmes berbères est un autre terrain d’investigation de CORMED 2. Cette trace inscrite sur leurs corps est une symbolique genrée très riche qui représente et évoque des différentes étapes de la vie d’une femme (Brousse 2012), en temps de crise ou autre.

 

  1. Corps médicalisé 

Dans cet axe, CORMED 2 École de Recherche sur le Genre s’intéresse au corps médicalisé, situation qui apporte des modifications corporelles, qu’elles soient importantes ou discrètes, à l’apparence de soi et à son rapport à celle-ci.

Dans ce contexte, nous étudierons la chirurgie esthétique qui est devenue une spécialité très appréciée ces dernières années autant par les femmes que les hommes. En ce qui concerne la Tunisie, ce pays est devenu une destination, par excellence, de tourisme de santé et de chirurgie esthétique dans les grandes villes tunisiennes dont Tunis, Sousse et Sfax (Maurette et Ben Fguira 2022).

Cette chirurgie esthétique intéresse les hommes et les femmes de différentes nationalités qui se rendent en Tunisie afin de pouvoir modifier leur corps que ce soit pour vouloir s’inscrire dans les normes d’une société ou, au contraire, pour résister aux normes sociales. Par exemple, « les perfections » corporelles recherchées sont les abdominoplasties, l’augmentation des lèvres de la bouche, l’augmentation ou la réduction mammaire, la greffe des cheveux, la suppression de graisse ou de cellulite, etc. La recherche de la beauté ou de vouloir adhérer aux canons normatifs du corps, selon tel ou tel critère, demeure l’objectif principal de ces patient.e.s.

En revanche, le corps médicalisé est également le terrain de résistance. À cet égard, cette École s’interroge également au sur le sujet de la transformation médicalisée, genrée, du corps trans, une transformation qui reste peu étudiée (Hérault 2010 ; L. Hérault interviewée par S. Steinberg 2013). Or, ceci est une véritable question de société à l’échelle, notamment, d’un individu qui traverse des fortes périodes de crise personnelle liée étroitement aux attentes de société.

Par ailleurs, l’intervention chirurgicale sera également étudiée lors des journées de CORMED 2 en tant qu’acte médical pratiqué sur le corps pour l’ajuster aux normes de société. À titre d’exemple, la chirurgie de l’hymen, qui a l’objectif de refaire une virginité, aboutit à un corps médicalisé, un corps retravaillé, pour rendre le corps féminin propice au mariage. La psychanalyste Ben Smail a étudié ce phénomène dans le cadre des pratiques de la sexualité actuelle en Méditerranée (Ben Smail 2012).

Soulignons le fait qu’une forme de chirurgie est celle de la performance. Elle est pratiquée, par exemple, par l’artiste française, Mireille Porte, dite Orlan (O’Bryan 2005 ; Tricolore 2016). L’objectif initial d’Orlan est de lutter contre le diktat de la beauté corporelle imposée aux femmes. En faisant ce combat, son corps est devenu un objet de lutte féministe contre toutes les formes d’oppression. Il en est de même pour l’artiste états-unienne, Cindy Sherman, qui a influencé Orlan et vice-versa (Orlan 2022).

  1. Corps ajusté

Dans le cadre de l’axe 3, CORMED 2 étudie le corps ajusté en Méditerranée comme outil d’adaptation ou de résistance.

Regardons au préalable, l’expression, « ajusté », un terme descriptif que l’on utilise couramment. Le terme, « ajusté », vient du mot « juste » avec le préfixe « a ». Dans l’absolu, « ajusté » signifie rendre conforme à quelque chose : poids, mesure, forme, etc.

Dans le quotidien, le mot, « ajusté », est souvent utilisé pour décrire un vêtement ajusté au corps, c’est-à-dire, conformer à un corps ou selon le dictionnaire Larousse : « adapter parfaitement quelque chose à quelque chose : ajuster une théorie aux faits ou ajuster un pantalon aux mesures du client » :

(https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ajuster/1992#:~:text=Adapter%20parfaitement%20quelque%20chose%20%C3%A0,Ajuster%20une%20th%C3%A9orie%20aux%20faits.&text=2.,sa%20toilette%20%3A%20Ajuster%20sa%20cravate).

Cela étant, suivant cette définition, il faudrait adapter, changer, retourner, métamorphoser « ce quelque chose » pour qu’il soit « ajusté ». Il s’avère donc que cette chose ajustée, en l’occurrence, ce « corps ajusté », pourrait être complètement et profondément transformé afin de rentrer dans les normes… ou tout le contraire de cela.

Le corps humain, féminin et masculin, est objectivisé : il devient une chose à ajuster. Ainsi, la question se pose : conforme à quel type de corps ? Pourquoi cette nécessité de paraître un corps « juste ou ajusté » ? Suivant quelles normes ? Dans quelle mesure, un « corps ajusté » est un outil de résistance ?

Dans diverses cultures, l’ajustement du corps s’exprime dans des passages de rites genrés vers un « corps idéal ». Regardons quelques exemples à l’échelle mondiale. Dans la société thaïlandaise, on trouve une tradition chez les femmes appelées « les femmes girafes » (Roville 1999) de la tribu Padaung qui sont connues par leur cou rendu très long par le port de colliers-spirales en laiton. Ce rituel mène à une modification corporelle. Transformation permanente du corps, ce rituel est en faveur d’un ajustement corporel de la femme afin de le distinguer des corps féminins d’autres tribus ; c’est aussi un marqueur d’appartenance de la femme à un groupe.

Dans une autre partie du monde, les femmes de la tribu de Ndébélé en Afrique du Sud suivent le même rituel avec le passage de rite des jeunes filles qui transforment la longueur de leur cou, devenant des « femmes-girafes » (Courtney-Clarke 1992). Selon la tradition, les femmes pratiquent cette transformation du corps pour se protéger et, également, pour marquer leur appartenance à la tribu.

Autre exemple d’« ajuster » le corps aux normes attendues de la société se trouve la tradition chinoise qui consiste à bander les pieds des femmes. C’est une pratique qui a eu lieu en Chine depuis le Xe siècle jusqu’au début du XXe siècle (Vento 1998). Nous parlons ici d’une mutilation corporelle : la jeune fille doit avoir des petits pieds conformes à des mesures spécifiques. Entraînant une très grande souffrance corporelle, les jeunes filles d’un certain niveau social sont obligées de la pratiquer car des petits pieds sont le symbole de la beauté, de la grâce, et de la séduction. Sans avoir les pieds bandés, la jeune fille ne pourrait pas se marier, elle serait marginalisée.

Ces cas évoqués ci-dessus représentent des situations où les femmes souffrent suite à la conséquence de l’introduction d’instruments extérieurs à leurs corps pour paraître conformes aux normes genrées de telle ou telle culture. La culture contemporaine, elle aussi, a des mesures similaires, « un ajustement » du corps féminin mais aussi masculin à travers les marchés médicaux et publicitaires, nous l’avions évoqué quelques exemples ci-dessus.

La combinaison entre un corps et un objet extérieur, un objet étrangé au corps produit un corps cyborg, comme l’a indiqué Donna Haraway (Garday 2009).

D’une perspective évoquée en introduction à cet axe 3, l’on pourrait dire que le vêtement est aussi un ajustement au corps, une deuxième peau de la femme et de l’homme ; il représente un agent configurateur d’une apparition. Dans cette perspective, l’artiste plasticienne brésilienne Liege Galvão a stimulé le débat concernant les relations entre le corps, la mode et l’art. Par exemple, la matière du vêtement comme le cuir représente une plasticité en relation avec le corps (Pitombo Cidreira et Durpoix 2017).

L’ajustement du corps et de son genre par le biais de l’intermédiaire du vêtement se présente dans l’acte de déguisement. Le passage d’un genre vers un autre est associé au règlement de l’apparence vestimentaire, tel est le cas des artistes queers. De ce fait, le vêtement devient la deuxième peau de l’être humain. Le sociologue Michel Maffesoli associe, quant à lui, le corps de l’individu au corps social (Maffesoli 1990). La peau est l’expression de l’appartenance à une classe socioéconomique spécifique. La théâtralité dans la rue par le vêtement de haute couture en est un exemple.

Les recherches en biologie et le développement de l’imagerie investissent une ère nouvelle : la technique permet au corps malade d’être transparent et quantifiable dans la suite des idées de Georges Canguilhem (Canguilhem 2002). Ce courant de pensée est représenté par Alain-Charles Masquelet (Masquelet 2020) qui encourage le développement d’une médecine qui affirme la présence du corps et de l’expérience du patient.

FORMAT de CORMED 2

CORMED 2 aura lieu à Sousse, Tunisie entre 26 février et 1er mars 2024 dont un temps consacré aux visites culturelles dans la ville de Sousse, connue pour ses musées et ses sites archéologiques, ses lieux culturels.

Des keynotes ouvriront chaque journée de travail de cette École accompagnées par des conférences présentées par des encadrant.e.s universitaires ainsi que par des militant.e.s qui œuvrent pour des droits humains dans des sociétés.

Par ailleurs, cette École de Recherche sur le Genre tient fortement à donner la parole aux étudiant.e.s inscrit.e.s en master, en doctorat et en postdoctorat. Ainsi, des productions créées sur place par les étudiant.e.s – des courtes vidéos, des poèmes, des récits, des dessins, des photos, des présentations audio, des infographies, des posters – constituent un travail d’envergure.

Pour ce faire, les étudiant.e.s et les encadrant.e.s échangeront des propos lors des sessions organisés lors des journées de travail. Les participant.e.s travailleront en groupe ou individuellement pour pouvoir présenter, lors de la dernière journée de cette École, leurs productions.

Les séances de travail sont conçues comme des lieux de discussions interdisciplinaires. Chacune associera, sur un thème spécifique, une intervention centrée sur les ressources théoriques et méthodologiques relatives aux présentations des étudiant.e.s. Le programme sera accompagné par des excursions culturelles en ville et de différentes activités en soirée.

CORMED 2 accueillera du lundi 26 février au vendredi 1er mars 2024 une quinzaine de doctorant.e.s et étudiant.e.s de M2 en histoire, histoire de l’art, géographie, anthropologie, sociologie, sciences politiques, littérature, etc.

La langue de travail est le français. Les frais de transport doivent être assurés par leurs établissements de formation ; le logement et les repas seront fournis par les institutions organisatrices.

POUR PARTICIPER

Vous êtes inscrit.e.s en master ou en doctorat ainsi qu’en études postdoctorales et vous vous intéressez à participer à CORMED 2  

Veuillez envoyer aux deux adresses mails ci-après, avant le 10 décembre 2023 :

  • votre CV (deux pages maximum)
  • une lettre de motivation d’une seule page pour votre participation au CORMED 2
  • le sujet de votre projet de recherche (master, doctorat, postdoctorat)

benhassineboutheina@yahoo.fr  et  randi.deguilhem@gmail.com

Nous rappelons que la langue de CORMED 2 est le français.

 

Partenariats CORMED 2 

TUNISIE

Université de Sousse, Cellule Genre, université d’accueil de CORMED 2

CAWTAR (Center of Arab Women for Training and Research), Tunis

CREDIF (Centre de Recherche, d’Études, de Documentation et d’Informations sur la Femme), Tunis

 

LIBAN

Université Libanaise, Liban

 

FRANCE

GenderMed : penser le genre en Méditerranée, réseau de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH), Aix-Marseille Université (AMU), Aix-en-Provence

Atelier « GEEM » TELEMMe, MMSH, AMU

Institut du Genre, CNRS (à confirmer)

 

RESUFF, Réseau Francophone des Femmes Responsables dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche

 

Comité de Pilotage CORMED 2 : Ecole de Recherche sur le Genre

Co-responsables CORMED 2 

BEN HASSINE Boutheina, Université de Sousse, responsable de LR13ES11 « Occupation du sol, peuplement et modes de vie au Maghreb antique et médiéval » ; fondatrice et coordinatrice de la Cellule « Genre » ; coordinatrice du projet WE4LEAD ; membre du Centre National de l’Evaluation et l’Accréditation de la Recherche Scientifique-Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ; membre de la commission nationale de la budgétisation du genre au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

DEGUILHEM Randi, CNRS, TELEMMe-MMSH, Aix-Marseille Université, Aix-en-Provence, co-fondatrice et ancienne responsable (2015-20) du réseau AMU, GenderMed : penser le genre en Méditerranée) ; membre de l’atelier « GEEM » TELEMMe-MMSH ; responsable de la revue HAWWA : Journal of Women of the Middle East and the Islamic World, Brill, Leiden ; co-responsable de la collection, Penser le Genre, Publications Universitaires de Provence ; co-responsable de la collection, Gender and Islam, Bloomsbury / IB Tauris, Londres

 

Membres du Comité CORMED 2, doctorat et post-doctorat 

BOUGHZALA ZAYATI Wafa, Université de Sousse, Tunisie

KALLAB Elie, Université d’Ottawa, Études Politiques et Sciences Sociales, Ottawa, Canada

 

Conseil Scientifique

AL BAGDADI Nadia, Central European University (CEU), Institut d’Études Avancées (responsable), Budapest / Vienne, Hongrie / Autriche

BELKAHIA Thouraya, Université de Tunis, Faculté de Sciences Humaines et Sociales ; CREDIF (Centre de Recherche, d’Études, de Documentation et d’Informations sur la Femme), Tunis, Tunisie

BEN HASSINE Boutheina, Université de Sousse, Cellule Genre, Sousse, Tunisie

BOUALLEGUE Olfa, Université de Sousse, vice-présidente de l’Université de Sousse, RMESS (Emerging Microbial Resistance and Implications for Health Care Safety), responsable, Sousse, Tunisie

BOURAOUI Soukeina, CAWTAR (Center of Arab Women for Training and Research), responsable, Tunis, Tunisie

DE GOURCY Constance. Mesopolhis-MMSH, AMU, GenderMed (ancienne responsable 2020-22), Aix-en-Provence, France

DEGUILHEM Randi, CNRS, TELEMMe-MMSH, AMU, GenderMed (ancienne responsable 2015-20), Aix-en-Provence, France

DELIYIANNI KOUIMTZI Vassiliki, Université Aristote, Thessalonique, Grèce

DENNERLEIN Bettina, Université de Zurich, Institut d’Études asiatique et orientale ; Département d’Etudes sur le Genre (responsable), Zurich, Suisse

EL BOUHSINI Latifa, Université de Rabat, Sciences de l’Education, Rabat, Maroc

HERAULT Laurence, IDEMEC-MMSH, AMU, GenderMed (co-responsable 2022-), Aix-en-Provence, France

LAMBERT Karine, Université de Nice ; Atelier « GEEM » (responsable 2023-), GeFeM (Genre, Femmes, Méditerranée, responsable 2012-23), TELEMMe-MMSH AMU ; GenderMed (co-responsable 2022-), Nice / Aix-en-Provence, France

MEKDESSI Sélim, Doyen de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion, Université Libanaise, Liban

SAADÉ Leila, RESUFF (Réseau Francophone des Femmes Responsables dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche), présidente du Comité Scientifique ; Université Libanaise, École Doctorale de Droit et des Sciences Politiques, Administratives et Économiques, Liban

 

SIGLES

AMU – Aix-Marseille Université, Aix-en-Provence / Marseille

CAWTAR – Center of Arab Women for Training and Research, Tunis

CNRS – Centre National de la Recherche Scientifique, France

CREDIF – Centre de Recherche, d’Études, de Documentation et d’Informations sur la Femme, Tunis

GEEM – Genre dans l’espace euro-méditerranéen, TELEMMe-MMSH, AMU

GeFeM – Genre, Femmes, Méditerranée, TELEMMe-MMSH, AMU

GenderMedGenderMed : penser le genre en Méditerranée, MMSH, AMU

IDEMEC UMR 7307 – Institut d’Ethnologie Méditerranéenne Européenne et Comparative, MMSH, AMU

IEP – Institut d’Études Politiques

LabexMed – LabexMed : Les sciences humaines et sociales au cœur de l’interdisciplinarité pour la Méditerranée, MMSH, AMU

MESOPOLHIS UMR 7064 – Centre Méditerranéenne de Sociologie, de Politique et d’Histoire, MMSH, AMU

Mucem – Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée

MMSH – Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, AMU, Aix-en-Provence

RESUFF – Réseau Francophone des Femmes Responsables dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche

TELEMMe UMR 7303 – Temps, Espaces, Langages, Europe Méridionale, Méditerranée, MMSH, AMU

 

SÉLECTION BIBLIOGRAPHIQUE

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