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Penser et juger la haine

Gustave Courbet, Autoportrait, vers 1840, The Metropolitan Museum, Domaine public

Séminaire

Date(s) : du 23 février 2022 9 h 30 au 23 février 2022 12 h 00

Lieu : Salle PAF, MMSH - Aix-en-Provence

Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :

Groupe(s) organisateur(s) :


PRÉSENTATION

Cette séance est consacrée à la théorie et à la pratique de la haine, telle qu’elle est jugée dans les procès pour « paroles injurieuses » à Bologne au XIVe siècle et telle qu’elle est pensée comme passion en France au XVIIe siècle. Ce sera aussi l’occasion pour nos deux invités d’exposer la singularité de leur méthode pour explorer l’histoire culturelle et sociale d’une émotion.


PROGRAMME

  • « S’injurier au Moyen Âge. Avec les mots, avec le corps (Bologne, XIVe siècle) »

Chloé TARDIVEL, Université de Nice, Laboratoire CEPAM

Injurier autrui n’est pas une simple affaire de mots. C’est avant tout, voire surtout, une affaire de corps, de corps socialisés, émotionnels et de corps situés dans l’espace. S’appuyant sur la sociolinguistique et l’anthropologie linguistique contemporaine qui plaident pour une étude multimodale du langage (verbal, non-verbal, matériel), cette communication s’intéressera aux « façons d’être injurieuse » traçables dans la documentation judiciaire bolonaise du XIVe siècle. À partir des procès pour « paroles injurieuses » (verba iniuriosa) recueillis en archives, nous explorerons la dimension corporelle des relations interpersonnelles au Moyen Âge, dont l’injure est une des facettes. 

  • « L’atelier de l’historien moderniste pour étudier une passion : la haine dans le premier XVIIe siècle. »

Yann Rodier, Sorbonne Université Abu Dhabi – Centre Roland Mounier

Ce séminaire sera l’occasion de présenter la démarche méthodologique que j’ai entreprise pour étudier l’histoire d’une passion, la haine, dans la première moitié du XVIIe siècle. Cela peut sembler paradoxal d’associer la haine au siècle des saints et de la raison cartésienne, souvent mis en avant dans l’historiographie. Le premier XVIIe siècle fut pourtant celui d’un après-guerre.  L’héritage traumatique de huit guerres de Religion qui se sont succédé au XVIe siècle s’est traduit par une obsession, celle de savoir comment conjurer le retour des passions fratricides dans la cité. Une véritable anthropologie, une science-politique et une philosophie des passions émerge pour penser et panser cette violence. Diagnostiquer, décrypter, domestiquer ces passions de l’âme devient l’obsession de toute une génération de lettrés et de savants. Restituer ce vaste corpus de sources sur les passions sera l’occasion d’investir l’atelier de l’historien moderniste pour les étudier.