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Images et imaginaires du cadavre

Journée d'études

Date(s) : du 4 juin 2024 10 h 00 au 4 juin 2024 16 h 30

Lieu : Amphithéâtre de la MMSH

Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :

Partenaires :

  • ADES
  • Mission Interdisciplinarité(s) d’Aix-Marseille Université

PRÉSENTATION

Journée d’études portée par le séminaire Histoire et anthropologie de la mort.
Elle sera également accessible en visio conférence via le lien suivant :

 https://univ-amu-fr.zoom.us/j/88931465034?pwd=ZUEzamtWNTB2dE0yUzNOclVsaG9TUT09     

Elle nous permettra d’entendre :

Amandine MALIVIN, docteure en histoire, et chercheuse indépendante. Ses recherches portent sur l’histoire de la mort, du cadavre et des sensibilités. Elle est l’auteure de la thèse « Voluptés macabre : la nécrophilie en France au XIXe siècle » (2012, Université Paris 7 – Paris-Diderot) et de plusieurs articles dont « Amour d’outre-tombe » (Terrain [en ligne], 75|2021) et « L’affaire du Muy, et autres profanations nécrophiles » (in Anne Carol et Isabelle Renaudet (dir.), Des morts qui dérogent, PUP, 2023).

Des corps invisibles ? Représenter le cadavre et la nécrophilie dans l’art et la littérature (France, XIXe siècle).

La nécrophilie – attirance sexuelle pour les cadavres – est largement représentée dans les sources médicales du XIXe siècle, où elle est dépeinte comme un des exemples les plus aberrants et monstrueux de perversion sexuelle. Si ces représentations limitent en général la nécrophilie à la seule profanation sexuelle des cadavres, il en est autrement dans les œuvres littéraires ou artistiques, où elle prend des formes et des significations plus variées. Pourtant, dans tous les cas, ce sont surtout les nécrophiles qui sont dépeints, aux dépens de cadavres qui, s’ils ne sont pas totalement absents, se font plus discrets. On peut alors s’interroger sur les formes données aux corps morts profanés dans l’art et la fiction, et sur les raisons déterminant les choix opérés par les auteurs et artistes lorsqu’il s’agit de dépeindre ou de montrer ces corps, objets d’actes ou de désirs transgressifs difficilement représentables.

 

Clémentine GUIOL, doctorante en deuxième année au sein du Centre Alexandre Koyré de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Elle travaille actuellement à sa thèse de recherche en histoire culturelle britannique sous la direction de Laurence Talairach, intitulée « Le cadavre féminin dans le Londres victorien : une incarnation de l’altérité », qui s’attache aux traitements funéraires et aux représentations culturelles des cadavres de femmes à l’époque victorienne sur le terrain particulier de la capitale britannique.

Représenter les femmes victimes de meurtre dans la presse tabloïde victorienne : érotisme, sensationnalisme et violence genrée.

À l’époque victorienne (1837-1901), la presse tabloïde entretient une fascination pour les crimes violents et génère une abondance de représentations de cadavres de victimes. Au sein de cette production pléthorique, les images de cadavres féminins se distinguent des corps d’hommes et d’enfants dans la façon dont leur représentation allie l’érotisme au sensationnalisme. En étudiant à la fois les représentations textuelles et iconographiques de ces cadavres féminins violentés, nous proposons d’abord de retracer leur généalogie afin de les replacer dans une longue tradition de violence genrée dans la culture britannique. Cette analyse nous permettra ensuite de démontrer comment ces représentations sont à la fois le fruit de l’idéologie de genre victorienne, et comment elles participent à la consolider. Nous essaierons enfin de déceler comment ces illustrations macabres sont l’expression des fantasmes et des craintes de la société victorienne autour de la sexualité, de la criminalité et de la moralité.

 

Anaelle LAHAEYE, docteure en histoire de l’art, chercheuse associée au GRHAPES
et archiviste à l’INSEI. Elle est l’autrice de la thèse « Face au cadavre. Peinture,
estampe, dessin (1808-1914) » (2023, Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Faire face au cadavre par l’image (France, XIXe siècle)

Les dépouilles sont omniprésentes dans la peinture française du XIXe siècle. Des
crucifixions aux scènes de batailles en passant par les portraits posthumes, elles
contaminent tous les genres. Cependant, les morts arborent des iconographies très
variées. Afin de comprendre ces disparités et leurs évolutions, il est indispensable
d’analyser le contexte historique qui a vu naître les oeuvres. En effet, les rituels
funéraires, les productions culturelles ou les évènements politiques sont autant de
facteurs qui influent sur les imaginaires relatifs aux corps des défunts dans une société
donnée. Or ces perceptions sont intériorisées par les individus, y compris les artistes,
ce qui impacte les choix de représentation. Nous chercherons donc à esquisser les
interrelation

 

Sophie ZENON, artiste photographe. Après des études en histoire, en histoire de l’art et en anthropologie, elle initie sa pratique à la fin des années 1990 par des paysages réalisés en Mongolie entre 1996 et 2009, où elle voyage pendant plus de dix années. Marquée par cette expérience autant de vie qu’artistique, Sophie Zénon articule aujourd’hui son oeuvre autour de thèmes récurrents – la mémoire, l’histoire, la perte, le passage du temps – souvent évoqués au travers de la relation du corps au paysage. Des plaines de Mongolie aux paysages meurtris de l’Est de la France, des rizières du piémont italien de ses ancêtres aux momies de Palerme, elle créé des ponts entre histoire intime et patrimoniale, où “le présent est un réceptacle de temps et d’histoires accumulées (…) qu’elle cristallise par la trace, la métaphore et le merveilleux, en leur donnant une forme à chaque fois renouvelée ” (C. Coste, L’oeil, mai 2023).

IN CASE WE DIE (Momies de Palerme – La Danse).

Entre 2008 et 2011, Sophie Zénon a consacré plusieurs volets à la représentation du corps mort, réunis dans un cycle intitulé « In Case We Die ». En Occident, dans un contexte de déni de la mort, comment figurer l’infigurable ? Premier et troisième volets de ce cycle, Momies de Palerme et La Danse ont fait l’objet de nombreuses expositions – jusqu’à la plus récente à l’automne dernier à la Maison Robert Doisneau de Gentilly « Et nos morts ? » – et ont été acquises par plusieurs institutions.  A l’occasion de ce colloque, elle revient sur sa pratique, sur ses motivations, sur ce qui l’a engagé à produire ces œuvres.

 

 

 

 

Cette journée, organisée avec le soutien de la Mission interdisciplinarité(s) d’AMU bénéficie d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme d’Investissements d’avenir portant la référence ANR-20-IDES-0003.