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Performances de genre dans la vie monastique, exemples du XIIe au XVe siècle

Séminaire

Date(s) : du 23 janvier 2019 9 h 30 au 23 janvier 2019 12 h 00

Lieu : Salle Duby, MMSH, Aix-en-Provence

Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :

Groupe(s) organisateur(s) :


PRÉSENTATION

Depuis les origines du monachisme en Occident, la condition des religieuses n’a cessé d’être mise en débat. Si en théorie la vie monastique n’est pas fondamentalement différente pour les moniales et pour les moines, puisqu’elle est centrée sur la prière, l’ascèse et la vie communautaire, la question du genre apparaît dans la pratique un enjeu de premier plan. À partir d’une réflexion sur les « performances de genre », les deux communications de ce séminaire s’attacheront à mettre en lumière la spécificité des « façons d’être » des moniales dans leurs rapports au corps, à l’identité sexuée et à l’espace.

Damien Boquet (AMU, TELEMMe)

Introduction

Chloé Maillet (ESBA Angers/EHESS)

Plusieurs performances genrées dans un même corps : Hildegonde-Joseph à Schönau selon Engelhard de Langheim et Césaire de Heisterbach (XIIe-XIIIe siècle)

La société du Moyen Âge central prétendait catégoriser les personnes en ordres sociaux et en genres sexués, hiérarchisés et identifiables par le vêtement. Il était interdit aux bourgeois de porter l’habit de noble, et aux femmes celui d’homme. Le corps et l’être intérieur ne devaient faire qu’un avec l’apparence qu’ils offraient à la société. Un verset du Deutéronome pouvait être convoqué pour légitimer cette impossibilité :

“Une femme ne portera point un habillement d’homme, et un homme ne mettra point des vêtements de femme ; car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel, ton Dieu (Dt 22,5).”

Malgré cet interdit officiel, une série de personnes assignées femmes à la naissance, réelles ou fictives, sont connues pour avoir porté un habit et une identité masculins pendant tout ou une partie de leur vie. Marine, Eugénie, Matrona, et d’autres avaient non seulement elles avaient été acceptées par les autorités ecclésiastiques, mais pour certain.e.s canonisé.e.s entre le Ier et le XIIe siècle. Hildegonde de Schönau fait partie de ces cas, bien que son procès de canonisation ne pût aboutir. Pourtant sa vie écrite au lendemain de sa mort, et romancée quelques décennies plus tard par Césaire de Heisterbach, nous permet d’accéder à certains des enjeux soulevés par la présence de cette personne au corps atypique au sein d’un monastère cistercien.

Sergi Sancho Fibla (CRH, EHESS)

Pratiques performatives genrées. Deux exemples de paraliturgie dans la Castille de la fin du Moyen Âge

Une grande partie de la vie des communautés religieuses du Moyen Âge, furent-elles masculines ou féminines, était organisée autour de la liturgie. Elle était formalisée dans des livres et normée par les institutions. Or, les rubriques de ces livres ou d’autres sources nous informent de la pluralité de ces pratiques, qui étaient loin d’être toujours encadrées. Ces activités, hors du canon, sont appelées «paraliturgie» et étaient clairement genrées pour deux raisons fondamentales: les interdits rituels spécifiques pour les femmes et les particularités spatiales et architecturales de leurs couvents.
La paraliturgie prend souvent la forme de processions, de drames liturgiques, de chants ou encore de sermons plus ou moins dramatisés. Afin de réfléchir à ces phénomènes, je présenterai la relation de deux religieuses castillanes de la fin du XVe siècle avec ces pratiques performatives : Constanza de Castillla (1405-1478) et Juana de la Cruz (1481-1534), qui composèrent deux programmes paraliturgiques spécifiques pour leur couvents respectifs.


PROGRAMME

Damien Boquet (AMU, TELEMMe)
Introduction

Chloé Maillet (ESBA Angers/EHESS)
Plusieurs performances genrées dans un même corps : Hildegonde-Joseph à Schönau selon Engelhard de Langheim et Césaire de Heisterbach (XIIe-XIIIe siècle)

Sergi Sancho Fibla (CRH, EHESS)
Pratiques performatives genrées. Deux exemples de paraliturgie dans la Castille de la fin du Moyen Âge