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Shame studies : actualités de l’histoire de la honte au Moyen Âge et à l’époque moderne (XIIe-XVIIIe siècle)

Masaccio, Adam et Ève chassés de l’Éden [Cacciata dei progenitori dall’Eden], fresque de la chapelle Brancacci de l’église Santa Maria del Carmine, Florence (Firenze), 1424-1425.

Séminaire

Date(s) : du 13 mars 2024 9 h 30 au 13 mars 2024 12 h 00

Lieu : salle Georges Duby, MMSH, Aix en Provence

Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :

Groupe(s) organisateur(s) :


PRÉSENTATION

Le groupe « Histoire des émotions » accueille Julia Sancho, docteure de l’université de Dijon et ATER à l’université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA), qui vient présenter deux projets de recherche portant sur l’histoire littéraire de la honte aux époques médiévale et moderne.


PROGRAMME

  • Projet Dedalus : représentations littéraires de la honte à l’époque médiévale (XIIe-XIIIesiècles)

 

Les historiens médiévistes se sont penchés depuis un certain temps sur la honte en tant qu’objet de recherche – en particulier, Bénédicte Sère et Jörg Wettlaufer avec leur volume collectif sur les usages sociaux de la honte au Moyen Âge (Shame between Punishment and Penance, paru en 2013), ainsi que Damien Boquet et Piroska Nagy dans leurs ouvrages écrits à quatre mains, sans oublier bien sûr le livre du premier consacré à la honte au sein de l’hagiographie féminine au XIIIe siècle (Sainte vergogne, 2020).

Pourtant, restait encore à combler, depuis toutes ces années, une lacune dans le champ dit « littéraire » des Shame Studies. C’était là l’ambition affichée de ma thèse de Doctorat, soutenue en novembre 2022. En examinant les insertions et représentations de la honte au sein d’un corpus volontairement dense et varié, il s’est agi de saisir en un panorama la diversité des conceptions et des modalités de figuration d’une émotion absolument incontournable dans l’univers mental des hommes et des femmes du Moyen Âge. Surtout, la forte dimension interdisciplinaire de ce travail a permis d’éviter l’écueil qu’aurait constitué une étude de type structuraliste, détachée du contexte socio-historique de production des œuvres. Aussi ces recherches doctorales se situent-elles au croisement de la linguistique, de l’anthropologie, de l’histoire, de la philosophie et de la théorie littéraire, et contribuent, me semble-t-il, à étoffer le savoir en synchronie des usages et enjeux de la honte au Moyen Âge, tout en montrant en diachronie que la voix lointaine des auteurs médiévaux, qui nous revient en écho par-delà les siècles, a beaucoup à nous apprendre.

 

 

  • Projet Vermillon : usages et valeurs de la honte à l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècles)

 

Dans le prolongement de cette perspective diachronique, le projet intitulé « Le vermillon de la vertu », co-organisé avec ma collègue dix-septiémiste Justine Le Floc’h et ayant donné lieu à un colloque international en mars 2023, a pour objectif de dresser une passerelle entre les études susmentionnées consacrées au Moyen Âge (dont celle présentée dans le premier volet) et les nombreux travaux menés sur la période de 1800 à nos jours (en particulier, le numéro 11 de la revue Traits d’Union intitulé « Réparer la honte » et déjà coordonné par Justine Le Floc’h). En effet, les analyses d’ampleur des époques médiévale et contemporaine commençant à fleurir, il nous a dès lors semblé intéressant de combler la carence que représentait globalement l’ère moderne (XVIe-XVIIIe siècles) dans le champ épistémologique des Shame Studies. Ainsi avons-nous eu le sentiment de contribuer à inscrire la honte dans le temps long et à enrichir nos connaissances sur son histoire.

L’approche fondamentalement littéraire des trois projets (Dedalus, Réparer la honte, Vermillon), qui implique bien évidemment de s’intéresser aux modalités rhétoriques et stylistiques mises en jeu, ne doit pas masquer la pluralité discursive des textes examinés. Dans le cas du colloque « Le vermillon de la vertu » en particulier, les œuvres mobilisées tiennent autant du discours romanesque ou épistolaire que religieux, philosophique, médical ou encore juridique. En refusant les restrictions de corpus au profit d’une inclusion large des productions dites « littéraires », Justine Le Floc’h et moi-même avons eu à cœur d’offrir une vision synoptique des usages et des valeurs de la honte. L’angle retenu, celui de la morale, présente le double intérêt de tisser un fil directeur reliant tous ces textes de nature hétérogène entre eux et de s’inscrire dans le sillage des autres travaux – Sainte vergogne, Dedalus, Réparer la honte présentant tous un important volet « éthique ».