Leily Hassaine-Bau soutiendra sa thèse de doctorat en géographie, intitulée L’élite en ses territoires. Financiarisation, privatisation et projets urbains. (Monterrey, Mexique) et réalisée sous la direction de Virginie Baby-Collin et codirection de Guénola Capron, vendredi 8 janvier 2021 à 14h30 à Aix-en-Provence.
Compte tenu du contexte sanitaire, la soutenance se déroulera en visioconférence
Si vous souhaitez y assister à distance, merci de bien vouloir m’envoyer un e-mail à l’adresse suivante : leilyhb@gmail.com
Le jury sera composé de:
- Virginie BABY-COLLIN, Géographe, Professeure des Universités, Aix-Marseille Université (Directrice)
- Guénola CAPRON, Géographe, Professeure, Universidad Autónoma Metropolitana (UAM) (Co-directrice)
- Elisabeth DORIER, Géographe, Professeure des Universités, Aix-Marseille Université (Présidente)
- Anne FOUQUET, Sociologue, Professeure, Instituto Tecnológico y de Estudios Superiores de Monterrey (ITESM)
- Renaud LE GOIX, Géographe, Professeur des Universités, Université de Paris (Rapporteur)
- Patrice MELÉ, Géographe, Professeur des Universités, Université de Tours (Rapporteur)
- Matari PIERRE MANIGAT, Économiste, Chercheur, Universidad Nacional de México (UNAM)
- Ana VILLARREAL, Sociologue, Professeure assistant, Boston University
Résumé:
Comment l’élite prend-elle les rênes de la production urbaine et fait-elle la ville pour elle-même ? Cette question est explorée à San Pedro Garza Garcia, la municipalité la plus riche du Mexique, localisée dans l’Aire Métropolitaine de Monterrey, au nord-est du pays. Lieu de résidence de l’élite depuis les années 1950, la municipalité est dorénavant réaménagée à partir de grands projets urbains adoptant les modes de production de la ville globale. La financiarisation de la ville accélère un processus de privatisation de la production et des formes urbaines dont la thèse met en évidence l’historicité.
Depuis plus d’un siècle, la coïncidence entre croissance économique et consolidation de l’élite rythme la production de la ville. L’étude de la production du territoire de l’élite, à partir de différents angles d’approches, économique, politique, social, permet la compréhension d’un territoire particulier de très forte agrégation sociale. L’analyse des projets d’aménagement urbain à l’initiative de ces grandes familles depuis 2010 permet de saisir comment les fonds et outils financiers qu’elles mobilisent, grâce à la création de fonds d’investissement, deviennent des leviers de pouvoir renforçant leur contrôle sur la gouvernance urbaine locale. La planification de projets dans lesquels le foncier est envisagé comme actif financier et la mise en patrimoine des projets par les fonds d’investissement génèrent une privatisation de la gestion urbaine. Ces mutations permettent aux élites d’accentuer l’enclavement de la municipalité, dans laquelle surgissent plusieurs objets urbains aux différents niveaux de fermeture (des tours et quartiers aux grands projets urbains).
L’étude est conduite à hauteur des individus, ceux que le grand projet concerne au quotidien : directeurs généraux des fonds d’investissements et des grandes entreprises, élus, et habitants. L’analyse de réseau de ces acteurs et de leurs familles révèle l’homogénéité de cette classe sociale. Croisée à l’observation des modes de financement des grands projets, ce travail donne à voir leur monopole quant à l’accès et à l’investissement de capitaux financiers. Cette thèse confirme des processus historiques : ces familles ont tout autant fabriqué la ville industrielle du XXe siècle qu’elles fabriquent aujourd’hui cette ville globale. Les nouvelles échelles de privatisation de la ville, engendrées par les logiques financières, semblent reconfigurer l’espace métropolitain, entre dynamiques renouvelées d’agrégation et de ségrégation sociale.
Mots clés: gouvernance urbaine, grands projets urbains, ville privée, financiarisation, acteurs de marché, élite, production urbaine.