Journée d'études
Date(s) : du 30 mars 2011 9 h 30 au 30 mars 2011 17 h 00
Lieu : Salle Duby, MMSH, Aix-en-Provence
Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :
Groupe(s) organisateur(s) :
PRÉSENTATION
Concept clé des premières théories féministes anglo-saxonnes, le terme d’agency bénéficie depuis deux à trois décennies d’un regain d’intérêt dans les études en sciences sociales, au point que certains ont pu parler, à propos des années 1980-1990, d’un agentive turn. Tandis que les bouleversements économiques et sociaux des sociétés (post-)capitalistes – transformation du statut social des femmes, redéfinition des rapports de genre, émergence de nouvelles formes d’autonomie et de contrainte – invitaient à un renouveau de la réflexion autour de ce concept, peu de courants théoriques se sont attachés, en France, à l’explorer depuis les travaux fondateurs de Michel Foucault et Pierre Bourdieu. Il faut dire que la traduction en français – « puissance d’agir » ? – de ce terme complexe et ambigu est d’autant plus problématique que le mot agency lui-même n’est pas toujours clairement défini par ceux qui l’emploient et qu’il peut recouvrir, d’un auteur à l’autre, des acceptions variées, plus ou moins floues ou, à l’inverse, restrictives. Une approche caractéristique des subaltern studies et des théories féministes l’assimile ainsi, de manière réductrice, à l’idée de résistance, en particulier face à la domination masculine.
L’objectif de cette journée d’étude sera d’interroger, dans une perspective interdisciplinaire, la valeur heuristique du concept d’agency dans les études de genre, en histoire mais aussi dans d’autres disciplines des sciences humaines et sociales (sociologie, anthropologie, linguistique, philosophie,…). Il s’agira en particulier d’explorer des définitions plus complexes et plus dynamiques du terme, qui tiennent compte des capacités des individus – en particulier des femmes – à négocier les rôles imposés, à manipuler les contraintes qui pèsent sur eux/elles, à influencer leur environnement, en bref à être de véritables acteurs/actrices sociaux/-ales. Si cette démarche rend nécessaire une contextualisation fine, dans le temps et dans l’espace, de l’agency des femmes (ou des hommes), elle appelle également une ouverture de la réflexion sur d’autres notions comme la créativité, le changement social, l’autonomie, la construction des identités individuelles ou collectives, la réflexivité…
PROGRAMME
Karine LAMBERT, Telemme
Présidence de la séance du matin
Monique HAICAULT, CNRS-LEST, Jacques GUILHAUMOU, CNRS-UMRTriangle, Anne MONTENACH, TELEMME
Discutants
Nathanaël WADBLED et Angèle KURI, Université Paris 8-Centre d’Études Féminines et d’Etude de Genre
Excitable Agency. Performativité et déplacement des champs de pouvoir d’après Judith Butler
Carine PLANCKE, Laboratoire d’anthropologie sociale, Paris
Agency et possessions féminines en Afrique. Une évaluation critique
Aldo D’AGOSTINI, Université d’Aix-Marseille
La stratégie d’action de Juliette Adam : de la politique des salons aux relations internationales
Meritxell SIMONMARTIN, Centre for the History of Women’s Education, Université de Winchester
La correspondance de Barbara Leigh Smith Bodichon (1827-1891) : l’agency conceptualisée à travers les échanges épistolaires
Constance DE GOURCY, LAMES, Jacques GUILHAUMOU, CNRS-UMR Triangle, Caroline MACKENZIE, TELEMME
Discutants
Sophie LHENRY, Université Paris Diderot-CEDREF
Militantisme, féminisme et agency : qui de l’oeuf ou de la poule ? Analyse sociologique de parcours militants de féministes exilées
Michela ROMAGNOLI, Université d’Aix-Marseille
Rôles sociopolitiques des organisations féminines en Tunisie et au Maroc de l’indépendance à nos jours
Hanane DARHOUR, Ibn Zohr University, Polydisciplinary Faculty of Ouarzazate
Women and Politics in Morocco: From Presence to Agency