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[AAC] La Provence au carrefour des trajectoires artistiques au XVIIe siècle. Production, marchés, circulations

Illustrations : Meiffren Comte (1630-1705), Aiguières, fleurs, coquillages et perroquet sur fond de paysage (détail), huile sur toile, 100 x 130 cm, Aix-en-Provence, musée Granet © Claude Almodovar/Musée Granet - Jean Daret, Vue d'Aix-en-Provence assiégée par le Comte d'Alais (détail), huile sur toile, 0,35 x 0,48 cm, Aix-en-Provence, Musée du Vieil Aix © Ville d’Aix – Jean Daret, Le Christ en croix entre la Vierge saint Pierre et saint Antoine, 1640, huile sur toile, 305 x 240 cm, Aix-en-Provence, Cathédrale Saint-Sauveur © Jane MacAvock

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Colloque international

Aix-en-Provence, 26-28 septembre 2024

Musée Granet et Chapelle de la Visitation

Date limite des propositions : 15 mars 2024

Le colloque aura lieu du 26 au 28 septembre 2024 à Aix-en-Provence. Il s’inscrit dans le prolongement de l’exposition, Jean Daret (1614-1668), peintre du roi en Provence, organisée par le musée Granet du 15 juin au 29 septembre 2024. Le colloque, international et pluridisciplinaire, entend questionner la circulation des artistes et des œuvres dans la Provence du XVIIe siècle. L’étude des circulations et des mobilités, nécessaire à la compréhension de l’évolution des formes et de la diffusion des modèles (Roland Recht, Pierre-Yves Beaurepaire et Pierrick Pourchasse), s’est imposée comme un champ de recherche fondamental chez les historiens et les historiens de l’art depuis une quarantaine d’années. L’analyse des interactions interculturelles et des transferts qu’elles induisent n’a toutefois pas été menée dans une appréhension large de la pratique artistique au XVIIe siècle en Provence.

Trajectoires des hommes

Par sa position géographique, la Provence, comprise de Nice à Montpellier jusqu’au Comtat Venaissin, apparaît comme un creuset privilégié pour réfléchir à la pluralité des circulations artistiques. Ouverte sur la Méditerranée, forte d’un actif commerce maritime, elle est aussi la dernière étape française sur le chemin de l’Italie, à une époque où le voyage à Rome s’impose comme un socle indispensable à la formation de tout artiste. Dès 1604, dans son introduction au Schilder-boeck, le peintre et théoricien flamand, Karel Van Mander (1548-1606), conseillait aux jeunes peintres qui souhaitaient faire le voyage à Rome de passer par la Provence pour trouver des commandes et des moyens financiers. Van Mander, en indiquant la Provence comme un temps fort de l’axe nord-sud, présentait implicitement cette étape comme un lieu où la demande en œuvres d’art était importante et la réglementation peu contraignante. Les recherches récentes menées sur les populations d’artistes qui ont habité ce territoire, après celles fondatrices de Charles Ginoux, Louis Honoré et Jean Boyer, ont confirmé, même si elles restent encore à affiner, la diversité de leurs origines. Elles attestent en outre de certaines évolutions au fil du siècle. Si les villes d’Aix ou de Marseille connaissent bien une saison flamande dans le premier tiers du siècle, ce sont surtout des Italiens et des Parisiens qui s’y installent par la suite pour des durées plus ou moins longues. Le questionnement mérite d’être étendu à l’ensemble des villes de la Provence comme des métiers d’art : étudier non plus simplement les peintres, sculpteurs, graveurs ou architectes, mais plus largement les différents métiers du faire artistique, orfèvres, ébénistes, tapissiers, ornemanistes, serruriers et ferronniers… Ô combien poreuses sont en effet au XVIIe siècle les relations entre ces différentes professions : en attestent les contrats d’apprentissages ou les réseaux de sociabilité que traduisent les mariages et les parrainages. C’est, par exemple, grâce au soutien des orfèvres parisiens qu’un peintre comme Michel Ballin put par exemple s’installer un temps à Marseille à son retour de Rome.

Circulations des biens

Le colloque entend s’intéresser aussi à la circulation des œuvres et des matériaux. La position de la Provence dans cette « France des marges », pour reprendre l’expression de Fernand Braudel, parce qu’aux confins de la France et de l’Italie et  ouverte sur la Méditerranée, en fait un espace privilégié pour l’étude des importations et des exportations de marchandises. Si plusieurs travaux ont déjà été conduits sur certains types spécifiques de matériaux comme le marbre, le corail, les Indiennes, sur les techniques (Geneviève Bresc-Bautier, Gilbert Buti, Olivier Raveux) ou encore sur les sculptures génoises achevées, plus rares sont ceux consacrés à d’autres matériaux (pigments, toiles à peindre, matières précieuses, commerce des tentures et des textiles). Les mécanismes et les modalités d’achat des œuvres depuis la Provence, si ce n’est pour la sculpture, ou de leur vente à l’étranger, reste ainsi un angle mort de la recherche.  La circulation de gravures et l’évolution des modèles de références, sensible à travers les reprises et les copies, restent également des champs à évaluer.

Un territoire ou des territoires ?

Envisager la Provence comme un carrefour, à la fois géographique et social, où se nouent, se croisent et se rencontrent des trajectoires artistiques diverses, implique également d’interroger la spécificité des différents pôles qui la constituent. Il s’agira de dégager les principaux centres qui contribuèrent à son attractivité et les interactions que ceux-ci purent avoir avec les villes périphériques. Existe-t-il « une » Provence, ou bien plusieurs pôles urbains témoignant de consommations et d’horizons d’attente différents ?

La reconnaissance de sa fonction de carrefour contribue-t-elle à définir la Provence comme un centre important de la production artistique en Europe ? Joua-t-elle un rôle dans la diffusion de nouveaux modèles de formes, de motifs ou de styles en France comme à l’étranger ? Sa situation géographique contribua-t-elle à produire dans les arts une spécificité apte à définir une identité, celle-là même qu’au XIXe siècle Chennevières, parmi d’autres, appelait l’« école du midi » ? Ce sont autant de pistes de recherche que ce colloque entend ouvrir.

Les communications pourront porter sur les axes suivants :

  • Circulations des artistes et des œuvres,
  • Conditions de production, réglementation corporative et marché de l’art (collectionneurs, marchands, commandes, statuts des artistes),
  • Diffusion et transfert des modèles, des matériaux et des techniques,
  • Études de cas (artistes, œuvres ou lieux),
  • Attractivité et complémentarité des différentes villes ou espaces qui composent la Provence.

Modalités de candidature

Les propositions de communication, d’une longueur comprise entre 500 et 1 000 mots, accompagnées d’une bibliographie et d’une courte biographie, sont attendues pour le vendredi 15 mars 2024 au plus tard.

Une réponse aux candidats sera donnée au plus tard le 29 mars 2024.Les communications proposées dureront 30 minutes.Les propositions devront être envoyées à l’adresse mail de l’événement : bastetd@mairie-aixenprovence.fr

Pour toute question ou élément complémentaire, vous pouvez contacter : Magali Théron ( magali.theron@univ-amu.fr) ou Delphine Bastet (bastetd@mairie-aixenprovence.fr)

Comité d’organisation :

  • Delphine Bastet (Ville d’Aix-en-Provence, direction du Patrimoine)
  • Paméla Grimaud et Jane MacAvock (Musée Granet, Aix-en-Provence)
  • Fabienne Sartre (Université Paul-Valéry Montpellier 3, IRCL)
  • Mickaël Szanto (Sorbonne Université, Centre André Chastel)
  • Magali Théron (Aix-Marseille Université, Telemme)

Illustrations : Meiffren Comte (1630-1705), Aiguières, fleurs, coquillages et perroquet sur fond de paysage (détail), huile sur toile, 100 x 130 cm, Aix-en-Provence, musée Granet © Claude Almodovar/Musée Granet – Jean DaretVue d’Aix-en-Provence assiégée par le Comte d’Alais (détail), huile sur toile, 0,35 x 0,48 cm, Aix-en-Provence, Musée du Vieil Aix © Ville d’Aix – Jean Daret, Le Christ en croix entre la Vierge saint Pierre et saint Antoine, 1640, huile sur toile, 305 x 240 cm, Aix-en-Provence, Cathédrale Saint-Sauveur © Jane MacAvock


Call for Papers: Provence at the Crossroads of Artistic Trajectories during the 17th century. Production, Markets, Circulation

International Conference

Aix-en-Provence, 26-28 September 2024

Musée Granet and Chapelle de la Visitation

Deadline for Proposals: 15 March 2024

The conference, which will take place from 26 to 28 September 2024 in Aix-en-Provence, is being held as an extension to the exhibition about the Brussels painter, Jean Daret (1614-1668), Jean Daret, peintre du roi en Provence, scheduled at the Musée Granet from 15 June to 29 September 2024. The conference, which will be international and multidisciplinary, intends to examine the circulation of artists and works in Provence during the 17th century.  The study of distributions and movements, essential for an understanding of the development of forms and the transmission of models (Roland Recht, Pierre-Yves Beaurepaire and Pierrick Pourchasse), has in the past four decades become a vital field of research for historians and art historians. Intercultural interactions and the transfers they induce have not however been analysed within the context of artistic practices in 17th century Provence.

Trajectories of People

Through its geographic location, Provence, taken here to be the region between Nice, Montpellier and the Comtat Venaissin, is an ideal location to reflect on the plurality of artistic movements. Open to the Mediterranean and boasting active maritime trade, it was also the last stop in France on the way to Italy, at a time when a visit to Rome was an essential part of any artist’s training. In his introduction to the Schilder-boeck of 1604, the Flemish painter and theoretician Karel Van Mander (1548-1606) advised young painters wishing to travel to Rome to go via Provence to find commissions and financial resources. By indicating Provence as a key point on the north-south axis, Van Mander was implicitly presenting this stop as a place where demand for works of art was high and regulations were not too restrictive. Recent studies on the populations of artists who lived in the region, following on from the seminal work of Charles Ginoux, Louis Honoré and Jean Boyer, have confirmed the diversity of origins, although more research is needed. They also reveal a number of developments over the course of the century. While the cities of Aix and Marseille enjoyed a Flemish season in the first third of the century, later in the period, more Italians and Parisians settled there for varying lengths of time. The subject deserves to be studied for all the towns in Provence and the different forms of arts: not only painters, sculptors, printmakers and architects, but more broadly the various trades involved in making art, such as goldsmiths, cabinet-makers, tapestry makers, ornament designers, locksmiths, and ironmongers amongst others. In the 17th century, the relationships between these different professions were extremely porous, as evidenced by apprenticeship contracts and the networks of sociability reflected in marriages and choices of godparents. It was thanks to the support of Parisian goldsmiths, for example, that a painter like Michel Ballin was able to settle in Marseille for a time on his return from Rome.

The Circulation of Goods

The conference will also examine the circulation of objects and materials. Provence’s position in the “France of peripheries”, to adapt Fernand Braudel’s expression, because it borders France and Italy and is open to the Mediterranean, makes it an ideal location to analyse the transfers of goods. While a number of studies have already been published on specific types of material, such as marble, coral and Indiennes, on techniques (Geneviève Bresc-Bautier, Gilbert Buti, Olivier Raveux) and on Genoese sculptures, less research has been devoted to other materials (pigments, painting canvas, precious materials, the trade in tapestries and textiles). The mechanisms and methods of buying works from Provence, or selling them abroad, except in the case of sculpture, remain a blind spot in research.  The circulation of prints and the evolution of reference models, as seen in reproductions and copies, are also areas to be examined.

Territory or Territories?

Considering Provence as a crossroads, both geographical and social, where diverse artistic trajectories are woven together, intersect, and meet, also implies examining the specific nature of the different centres of which it comprises. The aim is to identify the main centres that contributed to its appeal, and the interactions that they may have had with outlying towns. Is there ‘one’ Provence, or are there several urban centres that reflect different consumption patterns and expectations?

Did recognition of its role as a crossroads help to define Provence as an important centre of artistic production in Europe? Did it play a role in the dissemination of new forms, motifs and styles in France and abroad? Did its geographical location help to produce a specificity in the arts capable of defining an identity, the very identity that Chennevières, among others, called the « Ecole du Midi » in the 19th century? These are just some of the avenues that this conference aims to explore.

Papers can be based around the following axes:

  • Circulation of artists and works,
  • Conditions of production, the regulation of corporations, and the art market (collectors, dealers, commissions, the status of artists),
  • Circulation and transfer of models, materials and techniques,
  • Specific cases (artists, works or places),
  • Attractivity and complementarity of the various towns and spaces that comprise Provence.

Proposals for papers:

Proposals for papers, between 500 and 1,000 words in length, accompanied by a bibliography and a short biography, are expected by 15 March 2024 at the latest.

An answer to candidates will be given no later than March 29, 2024.

Proposed presentations will last 30 minutes.

Proposals should be sent to the e-mail address of the event : bastetd@mairie-aixenprovence.fr

For any questions or additional information, please contact: Magali Théron ( magali.theron@univ-amu.fr) ou Delphine Bastet (bastetd@mairie-aixenprovence.fr).

Organising Committee:

  • Delphine Bastet (Ville d’Aix-en-Provence, Direction du Patrimoine)
  • Paméla Grimaud and Jane MacAvock (Musée Granet, Aix-en-Provence)
  • Fabienne Sartre (Université Paul-Valéry Montpellier 3, IRCL)
  • Mickaël Szanto (Sorbonne-Université, Centre André Chastel)
  • Magali Théron (Aix-Marseille Université, Telemme)

Illustrations: Meiffren Comte (1630-1705), Ewers, Flowers, Shells and a Parrot against a Landscape  (detail), oil on canvas, 100 x 130 cm, Aix-en-Provence, Musée Granet, © Claude Almodovar/Musée Granet – Jean DaretView of Aix-en-Provence Under Siege by the Comte d’Alais (detail), oil on canvas, 0,35 x 0,48 cm, Aix-en-Provence, Musée du Vieil Aix © Ville d’Aix – Jean Daret, Christ Crucified with the Virgin, St. Peter and St. Antony, 1640, oil on canvas, 305 x 240 cm, Aix-en-Provence, Cathédrale Saint-Sauveur © Jane MacAvock