éCoHabiter des environnements pluriels, Muriel Girard, Béatrice Mésini (dir.), éditions Imbernon, 2022, 174 pages
Ce volume d’Habiter. Cahiers transdisciplinaires a pour ambition d’approfondir la réflexion sur les modes d’habiter et les formes de cohabitation centrés sur une approche écologique, économique et solidaire. En partant de la relation entre les êtres humains et leur environnement, du proche au lointain, chaque mode d’habiter est singularisé ici par l’étude de son « environnement ». Nous postulons qu’il existe un « art d’habiter » les milieux (naturels, agraires, littoraux, urbains…) dans leurs dimensions géomorphologiques, historiques, économiques et sociologiques. Le concept d’éCoHabitat renvoie à la fois au partage de l’espace et à l’entraide pour accéder aux lieux et pour minimiser les impacts sur les milieux. Il s’agit aussi de privilégier un habitat économe qui ménage les êtres vivants, les sols et les ressources localisées (sociales, territoriales, naturelles, économiques, culturelles…).
Les seize contributions regroupées dans ce volume proposent une lecture pluridisciplinaire en sciences humaines et sociales de l’hétérogénéité des conceptions, des pratiques et des réalisations de l’éCoHabitat dans l’espace et dans le temps. Plusieurs questionnements alimentent la réflexion des auteur·es : Comment habiter des environnements composés d’éléments physiques, climatiques, historiques, paysagers, socio-culturels, qui constituent le voisinage de la personne ou d’un groupe, et qui sont susceptibles d’interagir avec lui ? Quelles relations entretiennent les habitants aux lieux qui les ont façonnés, à ceux qu’ils pratiquent et à ceux dans lesquels ils se projettent ? Que signifie habiter un collectif, cohabiter à plusieurs, habiter divers lieux, selon quelles temporalités d’occupations (temporaires, simultanées, successives) ?
Les contributions s’articulent autour d’axes transversaux : les modalités et les temporalités de l’habiter en prenant en compte l’habiter dans ses multiples acceptions en urbanisme, architecture, géographie, histoire, sociologie ; les interdépendances et les interactions entre espaces et espèces habitantes dans les « milieux » considérés ; les solidarités et les engagements, compris en tant que pratiques collectives et sentiments qui lient les habitants entre eux et avec leur voisinage ; et enfin, les vulnérabilités des cohabitants en raison de précarités résidentielles et d’environnements instables (physique, climatique, socio-économiques, urbanistique…). De l’habitat groupé, à l’habitat partagé, l’observation est conduite du local au global pour prendre en compte l’hétérogénéité des échelles (écosite, écolieu, écohameau) et la diversité des réalisations habitantes.
Le volume s’organise ainsi en trois parties. La première a trait aux modes de Cohabiter dans l’espace et le temps des coexistences : historiographique, biographique, monographique, morphologique et anthropo-zoologique. La deuxième partie de ce volume se focalise sur l’éCoHabiter dans des lieux et milieux saisis de manière large dans leurs espaces environnés. Les articles ici regroupés explorent les différents habitats en étant attentif au processus de projet, à ses acteurs résidents et aux tiers participants. Enfin, la troisième et dernière partie se centre sur les formes de cohabitation comme quête de reconnaissance, formes de solidarités et modes de résistance, en montrant les incessantes transactions qui traversent les situations individuelles et collectives, nécessitant délibérations, ajustements et compromis. Prenant appui sur des exemples en France, en Europe et dans le monde, les différentes contributions dévoilent nos façons d’habiter le monde et ses espaces réels et idéels, à travers diverses formes de propriété sociale, communautaire, horizontale, verticale et cosmogonique.