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[Histoires d’écoutes] Séance #1 – Écoute & auralité, un défi pour l’historien ?

Lewis Carroll & John Tenniel, “Through the looking glass : and what Alice found there” , p. 171 (détail)

Histoires d'écoutes

Date(s) : du 11 février 2022 14 h 00 au 11 février 2022 17 h 00

Lieu : MMSH

Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :

Partenaires :

  • LA3M
  • Maison méditerranéenne des sciences de l’homme
  • Phonothèque de la MMSH
  • TDMAM

PRÉSENTATION

Pour cette première séance, après une courte introduction, nous réfléchirons aux problèmes méthodologiques soulevés par la recherche de l’écoute. Certaines sources refusent en effet de donner la parole à certains groupes ou de laisser filtrer des échos jugés peu recommandables. La recherche de ces voix oubliées invite à réfléchir aux méthodologies possibles pour écouter le non-dit et l’inaudible.

Direction : Laure Verdon et Emmanuèle Caire

Marie-Emmanuelle Torres (doctorante AMU-LA3M) évoquera le cas des musiques profanes à Byzance, totalement occultées par la documentation. Ces pratiques sont restées de tradition orale, les instruments utilisés n’ont pas été conservés et l’iconographie ne les met pas en scène. En fait les textes n’évoquent ces musiques que pour les dénoncer. Cette silenciation systématique a longtemps justifié le désintérêt des musicologues et des historiens du sonore. Cependant, la preuve musicale, qu’elle soit partition ou objet sonore, ne suffit pas pour recréer un monde acoustique fait de performances et d’expériences. Le son existe et laisse une trace par son écoute, qui peut être mise en mots. Cette communication montrera comment l’auralité peut aider à redessiner un monde sonore oublié, inaudible et silencié.

Juliette Dumas (MCF, AMU-IREMAM) discutera de la question des femmes dans les sources ottomanes. L’historiographie des femmes et du genre appliquée à la société ottomane butte sur une difficulté majeure : le manque de documentation historique. Non seulement les femmes ne parlent pas en leur nom propre, mais en plus, « on » parle peu d’elles – tout particulièrement dans le champ de la politique. Ceci a conduit nombre d’historiens à en conclure en leur exclusion du champ de la politique, tout en admettant les exceptions comme relevant de « l’ingérence », considérée comme une forme d’usurpation d’un rôle qui ne leur serait pas dévolu. Le silence serait donc la démonstration de l’absence. A contrario de ces assomptions, l’objectif de cette présentation est de montrer comment l’historien.ne peut faire parler le non-dit des sources ottomanes.

Emmanuèle Caire (PU, AMU-TDMAM) conclura cette séance en évoquant sa propre recherche de l’écoute des voix dans les assemblées antiques.


PROGRAMME

introduction : Emmanuèle Caire (PU, TDMAM, CNRS-AMU), Laure Verdon (PU, TELEMMe, CNRS-AMU) et Marie-Emmanuelle Torres (doctorante, LA3M, CNRS-AMU)

Marie-Emmanuelle Torres (doctorante, LA3M, CNRS-AMU) : Des musiques indignes d’être notées : dénigrement et silenciation des sonorités profanes à Byzance

Juliette Dumas (MCF, IREMAM, CNRS-AMU) : Faire parler le silence : dits et non-dits des sources historiques ottomanes 

 Emmanuèle Caire (PU, TDMAM) : À l’écoute des voix des assemblées antiques