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[Quinquennal 2018-2023 ] — 1.3 – Façons d’être : corps, émotions, récits de soi du Moyen Âge à nos jours, Europe-Méditerranée

Gustave Courbet, Autoportrait, vers 1840, The Metropolitan Museum, Domaine public

Ce groupe s’intéresse aux « façons d’être ». Il entend prolonger l’exploration lancée, dès les années 1930, d’un objet que Marc Bloch appelait les « façons de sentir et de penser » et qui allait devenir, quelques décennies plus tard, « l’histoire des mentalités ». Si le chemin parcouru depuis a été important, avec son lot de découvertes et d’infléchissements au croisement d’approches renouvelées de l’individu en sciences sociales, il est resté de l’articulation originelle entre pensée et ressenti une dichotomie (entre les idées et les affects, les représentations et les sensibilités, l’histoire culturelle et  l’histoire sociale) qui compromet une appréhension globale de l’histoire du sensible. À travers ses travaux, le groupe vise à essayer de dépasser cette dichotomie. La réflexion sera organisée autour de deux questions majeures : comment articuler l’expérience comme vécu et l’expérience comme savoir ? Comment faire une histoire réunissant des façons d’être au monde mettant en jeu le corps, les émotions, la réflexivité et l’introspection avec des pratiques sociales normatives et discursives ? En étudiant les « façons d’être », le groupe entend explorer une histoire qui relèverait à la fois de la constitution et de la restitution de l’expérience humaine, qu’elle soit singulière ou collective. Cette expérience sera envisagée dans une double dimension : en tant qu’elle se nourrit, en amont, des modalités de construction d’un savoir qui passent par le corps, les sens, les émotions, la présence réflexive à soi et l’introspection ; en tant qu’elle s’ouvre en aval, vers une légitimité reconnue ou revendiquée, voire une autorité fondée sur ce savoir. Les médiations de l’expérience à explorer ne seront pas considérées uniquement comme le support d’une histoire du sujet qui prendrait conscience de lui-même. Il faudra aussi étudier leur inscription dans des conditions historiques de possibilités où se dessinent des enjeux sociaux, des potentialités critiques et des normes du rapport à soi et au corps. La prise en compte du temps long sera une préoccupation majeure de l’équipe réunie. L’historiographie témoigne, en effet, que ces questions sont rarement traitées dans la longue durée. La constitution de ces objets invisibles (le sujet, les sensibilités) s’est même souvent faite au prix de malentendus et de contresens. Une fois que l’on se déleste de l’illusion d’une naissance de l’individu, d’un progrès des sensibilités ou d’une rationalisation des consciences, comment inscrire ces objets dans la dynamique du changement historique ?

Au-delà de cette réflexion générale, trois orientations collectives sont plus particulièrement privilégiées : l’expérience sensible, du vécu aux formes de restitution, de constitution en savoir ; la réflexivité : comment le sujet fait-il retour sur lui-même à partir et par la matérialité de l’expérience ? ; l’expérience limite et les limites de l’expérience.


Activités :


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