Aller au contenu
Accueil > [Quinquennal 2018-2023 ] — 1 – La construction du sensible et des savoirs, du Moyen Âge à nos jours, Europe-Méditerranée > [Quinquennal 2018-2023 ] — 1.2 – Objets et savoirs : collections et patrimoine dans l’espace méditerranéen

[Quinquennal 2018-2023 ] — 1.2 – Objets et savoirs : collections et patrimoine dans l’espace méditerranéen


Plus que tout autre espace culturel en Europe, l’aire méditerranéenne se caractérise par la diversité des collections et la richesse de son patrimoine. L’accumulation, la préservation et la présentation d’objets et d’œuvres, tout en bénéficiant de la circulation intense des hommes et des savoirs, ont puissamment contribué à la configuration d’un ensemble qui, dans sa dimension historique autant qu’imaginaire, réunit la France méridionale à l’Espagne, à l’Italie, à la Grèce et aux pays du Maghreb.

Les réseaux d’amateurs, d’artistes et d’érudits et, à partir du XIXe siècle, le développement de la villégiature et de la société des loisirs, ont fait du pourtour méditerranéen un lieu d’échanges et le creuset du collectionnisme dans ses formes les plus variées. Multiplication des galeries de portraits, des cabinets de curiosités et des bibliothèques, réunion de discours et de modèles par les écoles de dessin et les Académies, instauration du Grand Tour et banalisation de celui-ci jusqu’au tourisme de masse, installation conjointe des artistes modernes et de leurs protecteurs sur la Côte d’Azur, prémices de l’industrie cinématographique : ces phénomènes convergent à partir du XIXe siècle dans la création d’institutions muséales, d’associations et de fondations dont l’enjeu majeur est le renforcement d’une identité culturelle méridionale.

Dès lors, l’espace méditerranéen s’impose comme un observatoire privilégié des transferts artistiques et culturels qui sous-tendent les processus de formation des collections et de leur patrimonialisation. Aux réseaux d’amateurs et de mécènes, motivés tout autant par l’émulation du goût que par le jeu de représentation des élites et des pouvoirs, s’articule, aux époques plus récentes, la circulation des artistes, des critiques et des intellectuels et la volonté étatique d’ancrer ces dynamiques dans un discours politique de l’art. C’est précisément cette articulation entre sociabilités artistiques, collections, patrimoine et pouvoirs publics que ce groupe se propose d’étudier.

Le choix d’une temporalité longue – XVIe-XXIe siècles – permet de prendre en compte un large éventail de faits artistiques et culturels : la rencontre des traditions classiques et modernes, occidentales et médio-orientales ; la pénétration en Europe de nouvelles sensibilités et systèmes référentiels (l’anticomanie, l’orientalisme…) ; la défense et la diffusion des avant-gardes artistiques (Cézanne, le fauvisme, le surréalisme…) ; l’émergence de manifestations culturelles (festivals, célébrations, symposium…). Attachée aussi bien aux objets (monnaies, médailles, costumes, décors…) qu’à leurs écrins (académies, galeries et hôtels particuliers, bastides, villas, jardins, musées…) et aux savoirs que leur réunion et valorisation mettent en jeu, cette enquête nécessite une approche résolument transdisciplinaire associant l’histoire de l’art à l’histoire culturelle, sociale et économique ainsi qu’à la géographie culturelle. Elle engage en effet une définition élargie du « monde de l’art » : en partant des objets et des œuvres, il s’agira de comprendre par quels moyens – sociétés savantes, académies, cercles d’amateurs, presse, correspondances, médias audio-visuels –, selon quelles modalités et quelles stratégies de reconnaissance et de légitimation s’est constitués un espace de circulation et d’échange méditerranéen pour mieux appréhender ses représentations et les institutions patrimoniales qui en constituent le fruit concret aujourd’hui.

Des collections patrimoniales les plus proches – Angladon à Avignon, Réattu à Arles, Grobet-Labadié, Borély, Cantini, Regards de Provence ou MuCEM à Marseille, FRAC-PACA, future maison du Festival lyrique d’Aix ou circuit de jardins provençaux – à celles situées en Espagne, en Italie et en Grèce, c’est avec l’ensemble de ces institutions que ce groupe se propose de collaborer, en élargissant l’arc géographique des partenariats de recherche déjà engagés depuis quelques années.


Activités :


Membres :