Frédéric Moustier
Les mutations du vignoble provençal au XXème siècle
Thèse de Doctorat en Histoire
Sous la direction de Jean-Marie Guillon
Soutenue le 01/06/2018 à Maison méditerranéenne des sciences de l'homme, 5 rue du Château de l'horloge, 13090 Aix-en-Provence Amphi MMSH
Membres du jury :
Composé de M. GUILLON Jean-Marie Professeur Emérite, M. RIEUTORT Laurent Professeur des Universités, M. LYNCH Édouard Professeur des Universités, M. GAUTIER Jacques Inspecteur INAO, M. DAUMALIN Xavier Professeur des Universités, M. PECH Rémy Professeur Emérite, Mme RENAUDET Isabelle Professeur des Universités.
Mots clés : Vignobles, Provence, Qualité,
Résumé :
Premier producteur mondial de vin rosé, le vignoble provençal complètement associé aujourd’hui aux AOC a accédé à la notoriété depuis la fin du XXème siècle. Pourtant, l’histoire de cette région, berceau de la vigne en France, n’est pas attachée à une production de vins fins, même si certains étaient reconnus avant le phylloxéra. Après cette crise, la vigne a retrouvé son omniprésence dans le paysage agricole, mais la production de vins ordinaires prédomine largement pendant la première moitié du XXème siècle. En quelques décennies, le vignoble provençal s’est totalement transformé. L’objet de cette recherche est de comprendre comment s’est articulée la mutation de la production des vins ordinaires vers celle de vins de qualité.Notre objet d’étude doit être replacé dans le contexte plus général des transformations socioéconomiques de l’agriculture et du monde viti-vinicole français du XXème siècle. Mais nous avons choisi de commencer par présenter le visage de la viticulture de qualité provençale du XVIIIème siècle au milieu du XIXème siècle. Ces productions méritent une attention particulière, car les usages développés durant ces quelques décennies sont la base de plusieurs appellations d’origine. C’est la constitution de ces appellations, dans la diversité de leurs origines et dans l’originalité de leurs parcours qui est au centre de notre problématique avec une insistance particulière pour les « Côtes de Provence », les « Coteaux d’Aix-en-Provence » et les « Coteaux Varois-en-Provence » parce qu’il s’agit des plus vastes, que leur historique n’a jamais été fait et que la comparaison de leur construction est révélatrice. En dépit du voisinage de leurs terroirs et de nombre de caractéristiques communes, ce sont trois histoires singulières qui se déroulent dans des contextes socioéconomiques et sociopolitiques différents. Ces histoires sont précédées par celles des petites appellations pionnières (« Cassis », « Bandol », « Bellet », « Palette »), elles aussi significatives de milieux particuliers. Elles se sont poursuivies par l’aventure des dernières nées des appellations provençales, « Les Baux-en-Provence », puis les « Coteaux de Pierrevert » qui est sans doute la plus inattendue.Cette profonde mutation du vignoble et du monde viti-vinicole provençaux est marquée par quelques thématiques fortes. L’implication des domaines pionniers puis celle de la coopération, et leurs relations longtemps contrariées au sein des organismes de défense, sont l’un des objets centraux de notre recherche. La transformation de la coopérative vinicole devenue un acteur majeur de la production de vins de qualité est d’ailleurs remarquable. La place du vignoble au sein de l’aire provençale a grandement varié au cours de la seconde moitié du XXème siècle, en liaison avec les politiques viticoles mais aussi avec des facteurs extérieurs au monde agricole, notamment la forte pression foncière. Nous devons également analyser l’évolution de l’encépagement qui est l’un des marqueurs du développement de la viticulture de qualité, mais aussi de la domination progressive du vin rosé. La montée en puissance de cette couleur accompagne l’ultime étape de la marche vers la qualité et fait de la Provence un objet singulier dans le vignoble français.
Keywords : Vineyards, Quality, Provence,
Abstract :
Today, Provence vineyard is the first worldwide rosé wine producer. Its notoriety is recent with the appellations d’origine contrôlée at the end of the twentieth century. Yet, the story of that area vine cradle in France – isn’t known for fines wines even though some quality wines were famous before phylloxera. After that crisis, the vine has recovered her omnipresence in the agricultural landscape. During the first half of the twentieth century, Provence vineyard has mainly produced ordinary wines. But it has known a total transformation in a few decades. The aim of our work is to understand how its production has changed from ordinary wines to quality wines.We must put Provence vineyard into the French agriculture and viticulture transformation context during the twentieth century. We have begun our work by an overview of Provence quality viticulture before phylloxera, because this is the base of some appellations. Appellation constructions with their differences and their originalities are our principal problematic, especially those of « Côtes de Provence », « Coteaux d’Aix-en-Provence » and « Coteaux Varois-en-Provence », because they are the largest, they have never been studied before and their comparison shows specificities. While there are similar terroirs and characteristics, those are three singular histories in socioeconomic and socio-political different contexts. These histories were preceded by the pioneer appellations d’origine controlées, with also specific environments (« Cassis », « Bandol », « Bellet », « Palette »). They have carried on with the latest ones, « Les Baux-en-Provence », then « Coteaux de Pierrevert », which is the most unexpected one.This important Provence vineyard transformation raises many questions. First, the winegrowers’ involvement, next the one of the cooperation winery and their troubled relationships are one of the central objects of our work. Cooperation transformation is remarkable. It has become an important quality wines producer. During the twentieth century, the Provence vineyard area has changed with wine policies and non-agricultural causes, especially land pressure. We also must examine the grape types evolution. That marks fine wine improvement and gradual rosé wine supremacy. Rosé wine’s rise in power is the last stage towards quality and it is Provence singularity in the French vineyard.