Vanessa De Obaldia
Une étude juridique et historique des propriétés de l’Église catholique latine à Istanbul de la conquête ottomane de 1453 jusqu’à 1740.
Thèse de Doctorat en Histoire
Sous la direction de Randi Deguilhem
Soutenue le 18/12/2018 à MMSH, Maison méditerranéenne des sciences de l'homme, 5 rue du Château de l'horloge, BP 647, 13094 Aix-en-Provence, France. 211
Membres du jury :
Composé de Mme DEGUILHEM Randi Professeur, M. TOLAN John Professeur, Mme GRADEVA Rossitsa Professeur, M. ARKALI Engin Deniz Professeur Emérite, Mme BORROMEO Elisabetta Ingénieur de Recherche, M. GHOBRIAL John-Paul Associate Professor, M. SERMET Laurent Professeur.
Mots clés : Pratique juridique, ordres religieux, Loi ottomane, L'Istanbul ottomane, Propriétés ecclésiastiques, Catholique,
Résumé :
Cette thèse de doctorat cherche à aborder les sujets des propriétés des églises latines catholiques dans les districts à majorité chrétienne de Galata et Pera, à Istanbul, du point de vue de la doctrine et des pratique juridiques ottomanes, tout en offrant une contextualisation historique plus large. L’étude cherche à explorer le thème des propriétés ecclésiastiques et de leurs ordres religieux affiliés principalement à travers des sources primaires ottomanes, en plus des sources européennes telles que les lettres patentes, la correspondance diplomatique et apostolique trouvés dans les archives conventuelles des Dominicains des Sts Pierre et Paul à Galata et les frères capucins mineurs de St Louis des Français à Pera. La thèse est divisée en quatre sections.La première partie cherche à situer la communauté, les religieux et les propriétés catholiques latines en matière de localisation, de démographie, de statut juridique avant et après la conquête ottomane de Constantinople, ainsi que leur position vis-à-vis d’autres minorités religieuses de l’Empire. En outre, le rôle central et l’influence des organismes locaux et internationaux de la Magnifica Comunità di Pera et de la Sacra Congregatio de Propaganda Fide, responsables du clergé et de l’administration des biens ecclésiastiques de Galata et de Pera, en plus de l’impact de les puissances catholiques étrangères en tant que protecteurs sont examinées.La seconde partie a deux objectifs principaux. La première consiste à présenter une vue d’ensemble structurée et claire sur les droits fonciers et les droits de propriété des minorités dans l’Empire ottoman afin de contextualiser et de situer l’analyse des biens la seconde consiste à explorer les sources primaires déjà abordés d’une nouvelle approche et à établir des théories relatives aux terres et aux propriétés à Galata, ainsi qu’à examiner de sources primaires ottomanes inexplorées trouvées dans les archives conventuelles pour parvenir à des conclusions plus définitives. Concernant le statut des propriétés ecclésiastiques.Dans la troisième partie, un examen détaillé de trois différends relatifs aux biens, en plus des implications conceptuelles et pratiques du vakif ecclésiastique catholique, sera présenté. Chaque cas juridique est précédé d’une brève histoire de l’établissement à Istanbul de l’ordre religieux en question et de l’église à laquelle il appartenait, ainsi que d’un aperçu de leurs propriétés respectives, y compris les méthodes d’acquisition et de perte. La section des litiges de propriété est suivie par une vue d’ensemble du vakif chrétien en matière de pratique et de doctrine juridiques ottomanes et d’une compréhension spécifique du vakif ecclésiastique catholique, à travers les propriétés des ordres religieux dominicains et capucin.La quatrième partie se concentre sur les documents juridiques ottomans et français qui ont assuré et facilité le rôle de la France en tant que protecteur du catholicisme sur les terres ottomanes: capitulations (ahdnames), édits impériaux (firmans) et lettres patentes. En outre, les archives conventuelles des Saints Pierre et Paul et les archives de Saint-Louis des Français contenaient un recueil d’édits impériaux directement liés aux ambassadeurs français et au protectorat de la France sur l’église dominicaine et la Chapelle des ambassadeurs français. Je les analyse dans le but de déterminer les implications juridiques et l’étendue de l’influence du pouvoir catholique sur les affaires des églises. Enfin, les limites des relations contractuelles entre la France et l’Empire ottoman sont détaillées dans cette partie. Les capitulations et les entreprises impériales accordaient aux ordres religieux la permission légale d’accomplir leurs rituels et leurs missions apostoliques et permettaient la protection des biens ecclésiastiques. Néanmoins, leurs activités pourraient encore être entravées et leurs propriétés saisies à la suite de changements soudains dans la politique intérieure ottomane.
Keywords : Ottoman law, ecclesiastical properties, Legal practice, religious orders, Ottoman Istanbul, Catholic,
Abstract :
This doctoral thesis seeks to address the subjects of Latin Catholic church properties in Istanbul’s traditionally Christian majority districts of Galata and Pera from the perspective of Ottoman legal doctrine and practice while providing wider historical contextualisation. The study aims to explore the theme of ecclesiastical properties and their affiliated religious orders primarily through Ottoman primary sources, in addition to European sources such as letters patent, diplomatic and apostolic correspondence found in the conventual archives of the Dominicans of SS. Peter and Paul in Galata and the Capuchins of St. Louis of the French in Pera. The thesis is divided into four sections.Part I seeks to situate the Latin Catholic community, religious orders and properties in terms of their location, demographics, legal status prior to and following the Ottoman conquest of Constantinople, as well as their position in relation to the Empire’s other religious minorities so as to ascertain the variations in Ottoman policy towards religious minorities. Moreover, the central roles and influence of the local and international bodies of the Magnifica Comunità di Pera and the Sacra Congregatio de Propaganda Fide, which were responsible for the clergy and the administration of the ecclesiastical properties in Galata and Pera in addition to the impact of the foreign Catholic powers as protectors are examined.Part II has two main objectives. The first is to present a structured and clear overview on the subjects of land and property rights of minorities in the Ottoman Empire, especially in post-conquest lands in order to give contextualisation and placement to the subsequent analysis of Latin Catholic ecclesiastical properties in Galata. The second is to explore already touched-upon primary sources from a new approach and established theories in relation to lands and properties in Galata, as well as to examine unexplored Ottoman primary sources found within the conventual archives in order to come to more definitive conclusions regarding the status of ecclesiastical properties.In Part III, a detailed examination of three property disputes in addition to the conceptual and practical implications of the Latin Catholic ecclesiastical vakif will be presented. Each legal case is preceded by a short history about the establishment in Istanbul of the religious order in question and the church to which it was affiliated, as well as an overview of their respective properties including methods of acquisition and loss. The section of property disputes is followed by an overview of the Christian vakif in general, in terms of Ottoman legal practice and doctrine and an understanding of the Latin Catholic ecclesiastical vakif in specific, through the properties of the Dominican and Capuchin religious orders.Part IV focuses on the Ottoman and French legal documents that secured and facilitated the role of France as the protector of Catholicism in Ottoman lands: capitulations (ahdnames), imperial edicts (firmans), and letters patent. Moreover, the conventual archives of SS. Peter and Paul and the archives of St. Louis of the French contain a collection of imperial edicts directly related to the French ambassadors and the protectorate of France over the Dominican church and the French ambassadorial chapel. I analyse these with the objective of determining the legal implications and the extent of the influence of the Catholic power over the churches’ affairs. Finally, detailed in this part are the limits of contractual relations between France and the Ottoman Empire. Both the capitulations and imperial edicts granted the religious orders legal permission to perform their rituals and apostolic missions, and guaranteed the protection of ecclesiastical property. Nevertheless, their activities could still be hindered and their properties seized as a result of sudden changes in the Ottoman domestic policy.