Michela Romagnoli
Avant et après la révolution en Tunisie de janvier 2011 : rôles des associations féminines.
Thèse de Doctorat en Monde arabe, musulman et sémitique
Sous la direction de Randi Deguilhem et de Marco Salati, Université de Venise
Soutenue le 15/02/2018 à Aix-Marseile Université, 5 rue château de l'horloge 13094 Aix-en-Provence, France 211
Membres du jury :
Composé de Mme DEGUILHEM Randi Directeur de Recherche, Mme BEN HASSINE Boutheina Maître de Conférences, Mme AL-BAGDADI Nadia Professeur des Universités, Mme EL-BOUHSINI Latifa Professeur des Universités, M. SALATI Marco Associate Professor.
Mots clés : Tunisie, Associations, Femmes, Agency, Féminisme, Révolution,
Résumé :
L’objectif de ma thèse de doctorat consiste à étudier les rôles sociopolitiques des organisations féminines en Tunisie, depuis l’indépendance de ce pays en 1956 à nos jours. Dans ce cadre de recherche, nous étudions l’histoire institutionnelle de ces organisations mais notre but est également de retracer et contextualiser l’émergence et l’évolution des organisations féminines tunisiennes comme l’UNFT (Union Nationale de la Femme Tunisienne), l’ATFD (Union Tunisienne des Femmes Démocrates) ou le CREDIF (Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur le Femme) en étudiant le parcours social et intellectuel.Le projet de recherche s’est concentré sur les rôles des associations féminines en Tunisie depuis l’indépendance du pays au lendemain de la révolution du janvier 2011, en mettant l’accent sur diverses organisations féminines qui se sont engagées chaque jour pour s’assurer que les droits acquis au fil du temps pour les femmes, soient respectés et diffusés dans le but ultime de les rendre des « citoyennes à parte entière » .Cela d’autant plus que la révolution de janvier 2011 en Tunisie donnait lieu aux circonstances exceptionnelles, pour mes études, au regard des associations féminines qui prenaient les devants de la scène durant et immédiatement après cette révolution, laquelle héritage, au bien et au mal, on la perçoit encore.Mon travail a été, d’une part, une étude bibliographique et archivistique mené en Tunisie, en France et en Italie, mais aussi j’ai suivi également la méthode d’enquête sur le terrain, j’étudie principalement les documents produits localement par les associations féminines en Tunisie auxquelles je rajoute aussi l’association Égalité et Parité, établie durant les événements du janvier 2011 dont la création s’inscrit pleinement dans le courant de la révolution et l’Université Féministe Ilhem Marzouki, une branche de l’ATFD qui vise à une formation universitaire basée sur l’idéologie féministe et l’histoire des mouvements des femmes. .J’étudie donc leurs bulletins d’activités, les compte-rendu des réunions, les pancartes utilisées lors des manifestations auxquelles participaient leurs membres, etc., sans oublier les articles dans les journaux tunisiens (en langue française). Lors de chaque séjour, j’ai conduit des entretiens auprès des personnes engagées dans ces associations pour étudier l’évolution de leurs engagements.Sur le plan conceptuel, je reprends la notion de « agency », si important aux travaux de Judith Butler et Joan Scott comme porte d’entrée pour mon étude en tant que cadre d’analyse pour étudier l’engagement et les moyens de mobilisation des individus qui militent. Dans la mesure où ce concept de « agency » indique un engagement dans la société, cette notion se prête parfaitement aux démarches épistémologiques dans mes enquêtes. Cette notion de « agency » me donne un cadre pour réfléchir et penser à la fois les actions des femmes et des hommes qui agissent au sein des associations étudiées dans ma thèse mais aussi au niveau de l’influence qu’elles/ils laissent dans la société de par leurs actions.J’ai cherché à comprendre si l’agency, en tant que capacité individuelle de s’imposer dans des domaines de la vie sociale, politique ou économique pour apporter des innovations et modifications, pourrait s’appliquer à un groupe et donc pourrait être utile pour comprendre un pouvoir collectif.En analysant les entretiens que j’ai conduits comme fil conducteur pour encadrer mes réflexions, je cherche à suivre l’histoire de ces organisations et leur impact dans la société tunisienne durant le dernier demi-siècle depuis l’indépendance de la Tunisie à nos jours, et cela dans les domaines économique, social, politique et légal afin de répondre à ma question principale : quel est le rôle des associations féminines en Tunisie postcoloniale, notamment avant et après la révolution de 2011, surtout à l’égard du processus de la démocratisation dans le pays ?
Keywords : Feminism, Revolution, Women, Tunis, Associations, Agency,
Abstract :
The objective of this PhD thesis is to study the socio-political rôle of feminist associations in Tunisia, since the indipendence of this country in 1956 to the present day.This dissertation centers on the institutional history of these organisations during the last sixty years, but my objective is also to retrace and contextualize the evolution of these organisations, such as the UNFT (Union Nationale de la Femme Tunisienne), the ATFD (Union Tunisienne des Femmes Démocrates) or the CREDIF (Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur le Femme), studying also the intellectual and social process of people which aussumed the responsability of leadership in these associations.The research project focused on the rôle of the feminist associations since the indipendence of Tunisia until the revolution of 2011 putting the accent on different women’s associations which engaged themselves in order to ensure that the gained women’s rights are respected and diffused in all country with the intention to improve women to became « fully citizens ».My dissertation is, on the one hand, a bibliographic and archivistic study, which I conducted in Tunisa but also in France and Italy, and on the other hand I applied the investigating method on site, studying the documents produced by the most famous local feminist associations. I introduced also Égalité et Parité, an organisation founded in january 2011 as a result of the revolution, and the Feminist University Ilhem Marzouki, an arm of the ATFD, aimed to give a university learning based on the feminist ideology and the history of women’s movements.I studied their bulletins, their manifests, their works and their activities during the manifestations in which participated the membres of the associations, without forget the articles of french and tunisian newspapers.Every time I went to Tunisia, I had some interviews, in order to observe the evolution of their involvement in the association and in the society.The objective of this thesis is to contextualize the socio-political rôle occupied from the associations in the history of the country, since their creation until the present day.On the conceptual plan, I included the « agency » notion, so important in the work of Judith Butler and joan Scott, in order to analyse the involvement and the ressources of mobilisation of the people who participate in the work of the feminist associations.I tried to understand if « agency », as individual ability to impose on the domaines of the social, political and economic life to change something, it could be a collective ability, then a collective power.Analyzing the interviews, I attempted to track the history of the feminist tunisian organisations and their impact on the social life of the country, to answer to a final question : which is the rôle of the feminist associations in the postcolonial Tunisia, especially before an dafter the revolution of january 2011, mainly in relation to the democratic process of the country ?