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Les radios locales associatives et leurs auditeurs: le cas de Radio Zinzine de 1981 à 2019.

Les radios locales associatives et leurs auditeurs: le cas de Radio Zinzine de 1981 à 2019.

Thèse de en

Sous la direction de Isabelle Renaudet et de Delporte Christian, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines

Soutenue le 24/01/2024 à Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme, Aix-en-Provence

Membres du jury :

Claire BLANDIN Rapporteure
Professeure des universités, Sorbonne Paris Nord
François ROBINET Rapporteur
Maître de conférences, Université de Versailles-Saint-Quentin en Yvelines.
Cécile MEADEL Examinatrice
Professeure des universités, Paris II Panthéon-Assas
Maryline CRIVELLO Présidente du jury
Professeure des universités, Aix Marseille Université
Isabelle RENAUDET Directrice de thèse
Professeure des universités, Aix Marseille Université
Christian DELPORTE Co-directeur de thèse
Professeur des universités émérite, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

Mots clés : Radio Zinzine, radios locales, radios locales associatives, Longo maï, utopie, auditeurs, publics, média social.

Résumé :

La libéralisation des ondes en France à partir de 1981 a encouragé la création de nombreuses radios libres en région PACA, en particulier sur le littoral méditerranéen. Radio Zinzine, dont les activités démarrent en juin 1981 à Limans, près de Forcalquier (Alpes-de Haute-Provence), est l’une d’entre elles. Créée par la communauté libertaire de Longo maï, Radio Zinzine prend place dans un paysage radiophonique très peu encombré localement, alors que la Haute Autorité de la Communication audiovisuelle est obligée d’arbitrer entre de nombreux dossiers pour autoriser ces radios à émettre sur la bande FM de la région marseillaise ou de la côte d’Azur. Rapidement, Zinzine devient pour une part non négligeable des habitants des Alpes-de-Haute-Provence et des départements voisins un média reconnu comme une proposition médiatique nouvelle, en tant que radio d’opinion marquée à gauche, en tant qu’acteur et relais d’une vie sociale locale aux liens renouvelés et d’une vie culturelle en quête de dynamisation. Dans cette thèse, nous avons d’abord cherché à mieux saisir les réalités diverses que recouvre le terme générique d’« auditeurs » depuis 1981 : qui sont les auditeurs de Radio Zinzine, quels usages ont-ils de ce média, comment l’écoute de cette radio nouvelle s’insère dans le spectre de leurs pratiques culturelles, comment et selon quels facteurs ces identités et ces pratiques évoluent au cours de ces dernières décennies ; nous interrogeons aussi la manière dont cette radio permet à la coopérative de Longo maï, porteuse d’un projet utopique, de sortir de son isolement et de se confronter à des publics. Nous cherchons ensuite à caractériser les liens qui se développent entre cette radio et ses auditeurs, afin de repérer des pratiques sociales nouvelles permises par le développement d’une radio associative locale. Radio Zinzine est en effet, pour ses animateurs comme pour ses auditeurs, un nouveau vecteur de liberté d’expression ; elle  donne accès, avec d’autres radios nouvelles, à une nouvelle liberté d’écoute, mais elle est également une nouvelle opportunité de sociabilités, dont ses acteurs au sens large font abondamment usage. Les sociabilités qui se développent grâce et autour de cette radio locale associative tendent à montrer que ses animateurs et ses auditeurs expérimentent, à travers elle, l’usage un média social, dans lequel les participations des auditeurs sont nombreuses, variées et évolutives. Avant l’heure des médias sociaux numériques, le cas de Radio Zinzine permet de faire l’hypothèse que les radios locales associatives, à partir des années 1980, sont de nouveaux lieux et de nouveaux outils de sociabilité, contribuant largement à leur succès. C’est seulement à partir des années 2000, face à l’émergence de supports de sociabilités en ligne, qu’elles perdent de leur attractivité.

Keywords : Radio Zinzine, local radio stations, community radios, Longo maï, utopia, listeners, audiences, social media.

Abstract :

The end of the public monopoly on radio airwaves in 1981 led to the creation of numerous radios libres (or community radios) in the Provence-Alpes-Côte-d’Azur region, especially along the Mediterranean coast. Among them was Radio Zinzine, which started broadcasting in June 1981 in Limans, near Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence). Created by the libertarian commune of Longo maï, it quickly found a place in the rather uncrowded local radioscape, while the Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, in charge of granting operating licences, had to arbitrate between far more numerous applications from radios willing to broadcast on FM frequencies in the Marseilles area or along the Riviera. To a significant proportion of people living in Alpes-de-Haute-Provence or in the neighbouring départements, Radio Zinzine’s media offer soon became known for its novelty: a left-leaning radio, it also served as a social agent, relaying local news, helping renew and foster the local social fabric and supporting cultural life.

The first aim of this thesis is to better grasp what realities the generic term of “listeners” has encompassed since 1981, by answering several questions. Who were the listeners of Radio Zinzine and what use did they make of it? How did it fit into their cultural practices? Have the identities and practices of listeners changed since the radio was created and if so, what have been the contributing factors? How has the radio allowed the Longo maï community to be less isolated and reach out to new audiences?

The thesis then explores the links between the radio and its listeners in order to identify new social practices generated by the development of a local community radio. To its presenters and listeners, Radio Zinzine was a new source of freedom of expression through the new freedom of listening it provided, like the other new community radios of the time. It also offered new opportunities for sociability, that anyone involved with the radio at large actively engaged with.

The forms of sociability that developed thanks to and around the radio suggest that both presenters and listeners experimented how to use a new social media, with active, varied and evolving forms of engagement from the audience. Through the example of Radio Zinzine, this thesis posits that, from the 1980s and before the rise of digital social media, local community radios offered new spaces and tools for sociability, which largely contributed to their success. It was only in the 2000s and with the emergence of new spaces of sociability online that they lost some of their clout.