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Chercheuses et chercheurs en délégation CNRS à TELEMMe

TELEMMe est heureux de pouvoir accueillir cette année quatre nouvelles chercheuses et chercheurs en délégation CNRS.

Sarah Mekdjian, chercheure en résidence au Mucem et au laboratoire TELEMME (2022-2023).

Maitresse de conférences en géographie depuis 2010 à l’Université Grenoble Alpes et au laboratoire PACTE, elle rejoint pour l’année universitaire 2022-2023 le département recherche du Mucem et le laboratoire TELEMME. Les pratiques d’étude et de création qui l’occupent sont formées par des inquiétudes liées aux processus de frontiérisations, de mises en concurrence, d’exploitations -notamment migratoires-, et aux manières dont ces processus sont rejoués dans les institutions universitaires et les pratiques de recherche, notamment l’enquête en sciences sociales. Au Mucem et à TELEMME, elle propose un travail intitulé « Œuvrer l’exil », associé aux œuvres du Bureau des dépositions, qu’elle co-crée depuis 2018 avec Mamadou Djouldé Baldé †, Ben Bangoura, Aliou Diallo, Pathé Diallo, Mamy Kaba, Ousmane Kouyaté, Laye Diakité, Marie Moreau et Saâ Raphaël Moundekeno.

Ces œuvres sont des performances où, à plusieurs et en présence d’un public, elles et ils cherchent à comprendre, acceptent de ne pas (se) comprendre, où elles et ils s’inquiètent de continuums d’exploitations, de ce que peuvent ou non le droit et la justice. Alors que plusieurs co-auteurs ont déjà été expulsés ou sont menacés d’expulsion, via des Obligations à Quitter le Territoire Français, les œuvres, qui dépendent de la co-présence physique de leurs autrices et auteurs, ne peuvent plus continuer à être créées, ni activées. Aux institutions qui bordent ces études et créations : centres d’art, musées, universités, nous adressons des questions : comment répondre à ces atteintes? Que signifie refuser la réification de la recherche et de l’art dans des produits valorisables, mais tenir compte de relations vivantes ?  Que signifie co-œuvrer, depuis les champs universitaires, muséaux, artistiques, quand les personnes impliquées ont des statuts administratifs, sociaux différenciés ?  

Publication récente : Mekdjian, Moreau, « Bureau des dépositions. Œuvres-milieux, expulsions et recours au droit », Multitudes, n°87, 2022. 

Site internet du Bureau des dépositions https://bureaudepositions.wordpress.com


Nadja Monnet sera en délégation CNRS de septembre 2022 à août 2023. Elle a sollicité le groupe « Façons d’être » pour son projet intitulé: Aménager la ville pour les enfants et les adolescents ? Regards croisés sur la place des jeunes à Pontevedra, Marseille et Genève, ce qui lui permettra d’approfondir ses recherches sur les jeunesses urbaines avec une perspective historique ainsi que d’ouvrir un nouveau terrain de recherche à Pontevedra en Espagne.

Nadja Monnet est anthropologue, maître de conférences dans le champ des sciences humaines et sociales à l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille et chercheuse au Laboratoire architecture/anthropologie, UMR 7218 LAVUE, CNRS.

Pour en savoir plus :  


Johann Petitjean est maître de conférences à l’Université de Poitiers et membre du Centre de recherche interdisciplinaire en histoire, histoire de l’art et musicologie (Criham, UR15507) depuis 2014. Ancien élève de l’École normale supérieure de Lyon (2002) et agrégé d’histoire, il a effectué son doctorat à l’Université Paris Panthéon-Sorbonne (IHMC, UMR 8066).

Il a consacré sa thèse – préparée sous la direction de Wolfgang Kaiser qui fut déjà son directeur de mémoire de maîtrise à l’Université Aix-Marseille en 2004 – à la circulation de l’information politique en Italie au temps des guerres méditerranéennes (v. 1570-1670). Cette recherche a donné lieu à plusieurs articles en français et en anglais, ainsi qu’à un livre publié en 2013 sous le titre L’intelligence des choses : une histoire de l’information entre Italie et Méditerranée (XVIe-XVIIe siècles) par l’École française de Rome, institution dont il fut membre de 2009 à 2012. Au cœur de ces travaux se trouvait la volonté de comprendre les mécanismes de la diffusion sociale et spatiale des nouvelles provenant de Méditerranée orientale et de l’Empire ottoman, d’une information structurée et utilisée originellement au sein des réseaux, complémentaires ou concurrents, des républiques de Raguse et de Venise ainsi que du Saint-Siège.

Ses recherches postdoctorales, réalisées cette fois au sein de l’ERC Mediterranean Reconfigurations, l’ont mené à étudier le fonctionnement des juridictions maltaises chargées de réguler la conflictualité commerciale et corsaire en Méditerranée centrale et à en comparer les procédures, avec un intérêt distinctif pour les documents sollicités au cours des différentes procédures à des fins de preuve.

Cet intérêt protéiforme pour les mondes de papier et particulièrement l’attention à la configuration écrite des institutions et des autorités publiques dans l’Europe de la première modernité ont également pris la forme d’une enquête collective qui s’est conclue avec la parution d’un volume codirigé avec Arnaud Fossier et Clémence Revest et publié en 2019 par l’École nationale des Chartes sous le titre d’Écritures grises. Les instruments de travail des administrations (XIIe-XVIIe siècles).

Sa nouvelle enquête au long cours, pour laquelle il est reçu en délégation à TELEMME en 2022-2023, se situe à la confluence de ces différents terrains et porte sur la collecte, la structuration et les usages de l’information sanitaire dans l’Europe de la première modernité. Cette étude entend mettre au jour, à partir de la documentation produite par les représentants des autorités vénitiennes, marseillaises et britanniques en Méditerranée, des phénomènes de collaboration « internationale » qui accréditent l’idée d’une certaine diplomatie sanitaire en temps de crise, aux origines de la diplomatie humanitaire moderne. Par ailleurs, l’idée d’un front, sinon d’un destin, commun face aux épidémies participe d’un certain nombre de représentations, de la Méditerranée, de l’Europe et de l’Orient d’une part, et du Bien commun, du risque sanitaire et de la santé publique de l’autre, qu’il s’agira également d’examiner à nouveaux frais. Les documents de la pratique ainsi sollicités permettent en dernier lieu d’écrire aussi une histoire documentaire des administrations sanitaires ainsi que de leurs archives, dont la constitution et l’évolution au fil des crises rythmant la deuxième Pandémie font également partie de l’enquête.

Par ces différents axes de recherche, Johann Petitjean entend s’inscrire dans les axes 2 et 3 du laboratoire. 


Béatrice Touchelay est professeure d’histoire économique et sociale contemporaine à l’université de Lille depuis 2011. Après une thèse de doctorat d’histoire contemporaine sur « L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), héritage, évolution et relations avec la réalité économique, politique et sociale » dirigée par Albert Broder à l’université de Paris Est Créteil, elle soutient son habilitation à diriger des recherches sur « Chiffres entreprises et État dans la France du XXe siècle à l’université Paris1 Panthéon Sorbonne en 2009 (garant Michel Margairaz). Ses recherches portent sur la fabrication et les usages des chiffres statistiques et comptables dans le monde contemporain.

Elle se consacre depuis plusieurs années à l’étude de la fabrication des statistiques coloniales et post coloniales et coordonne avec Emmanuelle Sibeud (université Paris 8) un cycle de séminaires intitulé « Chiffrer et déchiffrer les empires coloniaux XIXe-XXe siècles » organisés au Musée du Quai Branly (2021-2022) et au Campus Condorcet à Aubervilliers (2022-2023). Elle coordonne également le programme ANR-21-CE41-0012 « Compter en situation coloniale et post coloniale XIXe-XXIe siècle (Afrique francophone) » (COCOLE) qui est en cours. Ses recherches concernent aussi les questions de santé publique et d’environnement dans le Nord de la France et celles de la frontière et de la fraude.

Bénéficiant d’une délégation CNRS pour recherche depuis 2021, Béatrice Touchelay est accueillie au laboratoire TELEMME qui est l’un des partenaires de l’ANR COCOLE.