Aller au contenu
Accueil > Thèses > Être marchande à Marseille. Femmes, commerce et essor économique d’une ville portuaire (milieu XVIIe – 1789)

Être marchande à Marseille. Femmes, commerce et essor économique d’une ville portuaire (milieu XVIIe – 1789)

Romain Facchini

Être marchande à Marseille. Femmes, commerce et essor économique d’une ville portuaire (milieu XVIIe – 1789)

Thèse de Doctorat en Histoire

Sous la direction de Anne Montenach

Soutenue le 13/11/2023

Mots clés : genre, femme, ville, commerce, économie, Marseille, Provence, XVIIe-XVIIIe siècles

Résumé :

L’objectif de cette thèse est d’analyser l’influence des dynamiques marchandes de la ville et du port de Marseille pour les femmes sur un long XVIIIe siècle. L’intérêt de ce projet réside dans le croisement de l’histoire économique et de l’histoire des femmes et du genre dans un cadre urbain et portuaire d’une ville du Sud de l’Europe. Charles Carrière — à l’image du Parfait négociant de Jacques Savary publié en 1675 — a mis en lumière les « négociants marseillais », omettant ainsi une part non négligeable des acteurs de la vie portuaire et urbaine marseillaise, en l’occurence ses actrices. Ce travail souhaite donc dévoiler cette part invisible de l’économie de la ville afin de rendre compte d’une histoire économique qui ne soit pas exclusivement masculine.

L’enjeu est donc de mesurer la place des femmes dans les effectifs marchands marseillais afin d’évaluer si les dynamiques économiques favorisent ou non l’implication des femmes dans le commerce. De plus, ce travail de thèse entend définir les spécificités juridiques du droit provençal en pays de droit écrit à l’endroit des femmes marchandes, en particulier grâce à l’étude de la jurisprudence qui fournit des éléments quant aux pratiques du droit. Cette étude projette également d’analyser les stratégies et les moyens mis en œuvre par les Marseillaises à des fins d’entrepreneuriat et d’intégration à divers circuits marchands à différentes échelles. À ce titre, la place de ces marchandes dans les économies globales à l’échelle de la ville permet de questionner le dernier maillon des flux mondiaux à l’intérieur des boutiques féminines.

La documentation, bien qu’éparpillée et difficile à mobiliser, n’en demeure pas moins variée (archives policières et judiciaires, correspondances marchandes, sources notariales, registre de recensements, les fonds relatif aux corporations, des annonces publicitaires, des sources imprimées) si l’on souhaite circonscrire le plus largement possible la variété sociale des marchandes marseillaises depuis la veuve de négociant jusqu’à la vendeuse de rue.

Abstract :

The objective of this thesis is to analyze the influence of the commercial dynamics of the city and port of Marseille on women over a long period of time in the 18th century. The interest of this project lies in the intersection of economic history and the history of women and gender in an urban and port setting of a southern European city. Charles Carrière — like Jacques Savary’s Perfect Merchant published in 1675 — highlighted the « négociants marseillais », thus omitting a significant part of the actors of Marseilles’ port and urban life, namely its women. This work therefore aims to reveal this invisible part of the city’s economy in order to give an account of an economic history that is not exclusively male.

The challenge is to measure the place of women in the commercial workforce of Marseille in order to evaluate whether or not economic dynamics favor the involvement of women in commerce. In addition, this thesis intends to define the legal specificities of Provençal law in a country of written law with regard to women merchants, in particular through the study of jurisprudence, which provides elements concerning legal practices. This study also plans to analyze the strategies and means implemented by Marseilles women for the purposes of entrepreneurship and integration into various merchant circuits at different scales. As such, the place of these women merchants in global economies at the city level allows us to question the last link of global flows within women’s boutiques.

The documentation, although scattered and difficult to mobilize, is nonetheless varied (police and judicial archives, merchant correspondence, notarial sources, census records, corporate funds, advertisements, and printed sources) if we wish to circumscribe as broadly as possible the social variety of Marseilles’ merchants, from the merchant’s widow to the street vendor.