Francesca Arena
Folles de maternité.Théories et pratiques d’internement autour du diagnostic de la folie puerpérale, XVIIe – XXe siècles, France, Italie
Thèse de Doctorat en Histoire et humanités
Sous la direction de Anne Carol
Soutenue le 11/10/2012 à AMU
Membres du jury :
Scarlett Beauvalet , Professeure des universités à Université de Picardie; Vincent Barras, Professeur des Universités, Institut Universitaire d’Histoire de la Médecine et de la Santé Publique, Lausanne, Suisse ; Jean-Christophe Coffin, Maître de conférences Université Paris Descartes; François Poinso Professeur des universités AMU; Gianna Pomata Ph.D. Professor, The Johns Hopkins University Baltimore United States; Isabelle Renaudet, Maître de Conférences Habilité à diriger des recherches, AMU .
Mention : Très honorable avec félicitations
Mots clés : Histoire, Médecine, Corps, Genre, Femmes, Folie, Maternité, France, Italie, Psychose puerpérale -- France -- Histoire Psychose puerpérale -- Italie -- Histoire Troubles psychiatriques puerpéraux Maternité -- Aspect psychologique Dépression du post-partum
Résumé :
« Dès le berceau, la femme est mère, folle de maternité » écrit en 1860 l’historien Jules Michelet qui souligne la nature maternelle des femmes et le sens normatif de cette « folie » ; cette attitude « naturelle » lui permettrait de se consacrer à son enfant. À la même époque l’aliénisme construit un diagnostic spécifique : la folie puerpérale. Folie de la grossesse, des suites des couches et de l’allaitement, la folie puerpérale est d’abord confondue avec les délires des infections du post partum (la fièvre puerpérale) et progressivement rattachée au comportement de la mère (bizarreries, mélancolie, violence). La folie de la mère est ainsi évoquée différemment dans les discours du XIXème siècle pour comprendre et codifier le corps et le comportement de la femme.
Encore aujourd’hui les sciences médicales n’ont pas trouvé un consensus : l’origine de la folie maternelle, organique ou psychique, est encore questionnée et sa définition (baby blues, dépression post natale et psychose puerpérale) changeante selon les interprétations et les pays.
À ce jour, l’historiographie, en particulier l’histoire des femmes et du genre, a abordé le sujet des transgressions de la maternité selon différents points de vue mais peu d’approches comparent les discours et les pratiques dans la longue durée. La folie puerpérale, dans les rares essais parus à ce jour, a été perçue comme la tentative de la part de l’aliénisme de stigmatiser les mères célibataires, alors que les sources montrent que la plupart des mères internées à l’asile sont des femmes mariés. De la même manière, l’infanticide – étudié notamment dans le cadre des travaux sur la criminalité féminine – n’a jamais été mis en relation avec la folie maternelle, alors que les sources montrent que l’une des raisons de l’internement est la « prévention » de l’infanticide.
Cette thèse voudrait analyser les différentes conceptions qui se sont alternées et superposées au sujet de la mère, de son corps et de son esprit entre le XVIIème et le XXème siècle en France et en Italie. Une comparaison entre les discours autour de la pathologie de la maternité et les pratiques sera envisagée pour mettre en évidence les continuités et les discontinuités de la construction du diagnostic de la folie maternelle et des ses ambivalences.
Keywords : History, Medicine, Body, Women, Madness, Motherhood, France Italy
Abstract :
From the modern age we will retrace the key representations of women madness in puerperium, to emphasize the organic dimension. Even during the sixteenth and seventeenth centuries, doctors insist on the morbid layers and make the woman a weak and sick being, exposed to all kinds of diseases including insanity. It is during the eighteenth century that the behaviors, emotions and feelings of the mother become subject to the scientific outlook, which shakes part of the organic dimension of insanity to include a gradual mental dimension. But it is only in the nineteenth century with the birth of new medical disciplines that the speech is clear and focuses around a diagnosis: that of puerperal insanity. The interpretation remains essentially linked to the biological dimension of motherhood (the puerperium madness: from pregnancy, childbirth and breastfeeding), even if we start to incorporate a reflection on the implications of the mother madness on the development of children and on infanticide . These disorders were originally conceived only as disorders of women during the puerperal state, then conceived as disorders of pregnancy and it is only very recently that one could imagine the problems related to parenthood. It is only during the twentieth century and with an ambiguous interpretation (organic and mental) that can be traced back distinctions between maternal depression and postpartum psychoses. A long period was required to separate parenthood from the biological fact of birth: a necessary step to integrate also all the people in charge of the first links with the child, that is to say fathers, adoptive parents, relatives and so on.