Delphine Peiretti-Courtis
Corps noirs et médecins blancs. Entre race, sexe et genre : savoirs et représentations du corps des Africain(e)s dans les sciences médicales françaises (1780-1950).
Thèse de Doctorat en Histoire et humanités
Sous la direction de Anne Carol
Soutenue le 12/12/2014 à MMSH 5rue du chateau de l'horloge Amphithéatre
Membres du jury :
Composé de Mme CHAPERON Sylvie Professeur d’Université, M. COURTINE Jean-Jacques Professeur d’Université, Mme RENAUDET Isabelle Professeur d’Université, Mme DULUCQ Sophie Professeur d’Université, Mme CAROL Anne Professeur d’Université.
Mention : Très honorable avec félicitations
Mots clés : Médecine, Corps, Représentations, Race, Colonisation, Genre,
Résumé :
Ce travail de recherche porte sur les descriptions du corps des Africain(e)s dans la littérature médicale française de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle. Si la « race noire » est perçue comme un ensemble monolithique dans les écrits médicaux du début de la période, la pluralité africaine apparaît peu à peu sous la plume des médecins coloniaux dans le dernier tiers du XIXe siècle. Au-delà de la classification des principales races humaines, une taxinomie ethnique apparaît dans leurs écrits, distinguant les peuples noirs d’Afrique subsaharienne, depuis le Cap de Bonne-Espérance jusqu’à la Sénégambie. La description sexuée des populations se développe afin de préciser les catégorisations ethniques ainsi que le savoir sur les Africain(e)s. Si la diversité africaine est progressivement mise en lumière, certains stéréotypes raciaux demeurent prégnants comme l’hypersexualité des Noir(e)s ou l’inversion sexuelle en Afrique. Notre travail, qui s’appuie sur des dictionnaires médicaux, des monographies sur les races humaines ou encore sur des ouvrages de médecine coloniale, démontre l’imbrication des théories sur la race, le sexe et le genre au sein de ces discours ainsi que la similarité des procédés rhétoriques utilisés pour définir l’Autre, qu’il soit de sexe féminin et/ou de race noire. Cette recherche éclaire également la façon dont ces représentations se sont nourries des controverses scientifiques et des préoccupations politiques de la période. Si les discours médicaux stigmatisent l’infériorité raciale des Africain(e), ce travail montre aussi les voix dissonantes et les oppositions de certains médecins à ces schémas consensuels.
Keywords : Body, Race, Representations, Medicine, Colonisation, Gender,
Abstract :
This research focuses on the descriptions of African people’s body according to French medical literature from the end of the 18th century to mid-20th century. Though the « black race » is seen as monolithic group in the medical writings at the beginning of the period, the african multiplicity slightly came up under the colonial doctors’ pens, in the last third of the 19th century. Beyond the principal human races classification, the french doctors established a hierarchy between the black peoples of Sub-Saharan Africa, from The Cape of Good Hope to Senegambia. A sexual description of the peoples is added to raciological studies in order to clarify the racial classifications, ethnic hierarchies and to develop knowledge on African people. The african diversity is being highlighted all along the studied period, despite the permanency of numerous racial stereotypes as the hypersexuality of black people or the inversion of gender in Africa. Based on medical dictionaries, work about human races or even on colonial medecine work, our work displays, within the descriptions of the black bodies, the overlapping of the theories about race, gender and sex, and also explains the similarity of the rhetorical methods used to define and describe the Other, should they be female and/or black. Moreover, this research highlights how these representations were influenced by the scientific controversies and the political issues of the period, what they influenced in turn. Though the medical speeches stigmatize racial inferiority of the African people, this work also underlines the antithetical opinions and the conflicts between some doctors about these consensual patterns.