Marco Cassioli
Une vallée frontière entre Provence et Ligurie : la Nervia au Moyen Âge et dans le premier âge moderne (XIIe-XVIIe siècle).
Thèse de Doctorat en Histoire et humanités
Sous la direction de Jean-Paul Boyer et de Secondo Carpanetto, Université de Turin
Soutenue le 05/04/2014 à l'Université de Turin, Dipartimento di Studi Storici
Membres du jury :
M. PECOUT Thierry, Professeur d’Histoire du Moyen Âge, Université de Saint-Étienne, président du jury ; M. BOYER Jean-Paul, Professeur d’Histoire du Moyen Âge, Université d’Aix-Marseille, codirecteur de la thèse ; M. CARPANETTO Secondo, Professeur d’Histoire Moderne, Università degli Studi di Torino, codirecteur de la thèse ; M. ROSSO Claudio, Professeur d’Histoire Moderne, Università del Piemonte Orientale, rapporteur
Mention : Très honorable avec félicitations
Mots clés : Frontière, Moyen Age, Age Moderne, Ligurie, Nervia, Provence
Résumé :
Le présent travail se propose de reconstruire, sur le temps long, la genèse et l’évolution de la frontière entre Provence et Ligurie et son impact sur les sociétés locales. L’enquête a choisi, pour zone spécifique, la vallée de la Nervia. Comprise entre les montagnes du Ponant ligure et de la région de Nice, elle a seule constitué pendant plus de cinq siècles (1262-1796) une marche entre deux entités étatiques souvent en conflit : la République de Gênes à l’est, la Provence angevine puis les domaines savoyards à l’ouest. La recherche n’a pas mobilisé moins d’un millier de documents répartis entre les archives de trois pays européens (France, Italie, Monaco). Pour le Moyen Âge, elle a mis d’abord en lumière l’importance tant économique que stratégique de la vallée, dans le double contexte alpin et méditerranéen. Elle a concurremment retracé les politiques menées dans la contrée par Gênes, par la Provence et par les Savoie en matière de communications routières, de production et d’échanges, comme de peuplement. Elle a autant considéré les relations complexes, pas toujours faciles, entre seigneurs et communautés. À cette première partie succède une analyse des sociétés locales au seizième siècle, époque « charnière » entre période médiévale et Temps modernes. Une attention particulière est accordée aux Doria de Dolceacqua, l’unique grande aristocratie de la vallée, et à leur rôle dans le développement « proto-industriel » du territoire, en tant que gros entrepreneurs dans les secteurs du vin, de l’huile d’olive et du papier. La diffusion de la Réforme protestante dans les villages gouvernés par le duc de Savoie et le renouveau catholique post-tridentin se sont révélés comme d’autres thèmes majeurs. La dernière partie de la thèse se propose de déterminer jusqu’à quel point la présence d’une frontière influa sur la vie et sur les activités quotidiennes des habitants. Elle confronte cette réalité à un autre facteur de poids, qui décida du caractère de la vallée au cours des âges, à savoir la traversée par des voies de passage entre rivière ligure et Piémont méridional. Enfin, tout au long du développement et dans d’abondantes annexes, une grande importance est accordée à la récolte et au traitement d’un corpus documentaire jusqu’à présent fort négligé, dans l’espoir de favoriser de futures investigations.
Keywords : Provence, Liguria, Middle Ages, Early Modern Age, Nervia, Frontier
Abstract :
This work aims to reconstruct the genesis and the evolution of the frontier between Liguria and Provence and its impact on local societies over a wide chronological span. The specific area of research is the Nervia Valley: the only, among the valleys of western Liguria and the region of Nice, to have constituted for more than five centuries (1262-1796) a frontier between two countries often in conflict, the Republic of Genoa in the east and Angevin Provence (later Savoy) in the west. Based on a thousand documents preserved at the archives of three European states (France, Italy and Monaco), the study firstly highlights both the economic and strategic importance of the Nervia Valley in the alpine and Mediterranean contexts; the road network, economic and settlement policies pursued in this area by Genoa, Provence and the House of Savoy; the complex, and not always smooth, relations between Lords and communities. The second part of the work investigates the local societies in the Sixteenth century, a period of transition between the Middle Ages and the Modern Era. Special attention is devoted to the Doria of Dolceacqua, the only aristocratic family in this valley, and to their role in the industrial development of the territory as wine, olive oil and paper entrepreneurs; to the diffusion of the ideas fostered by the Reformation in the villages governed by the duke of Savoy; and to the post-Tridentine Catholic renewal. The final part tries to assess to what degree the presence of a frontier influenced the life and daily activities of the inhabitants; and if this presence was preponderant or not in comparison to another important factor which had determined the character of this valley in the course of the time: the passage of trade routes from the Ligurian coast to southern Piedmont. Furthermore, within the text and its rich appendices, much stress is laid on the gathering and processing of a corpus of documents which until now has remained largely unknown, in the hope of stimulating future research.