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“Incorporation du passé et appartenance communautaire dans les pratiques poétiques urbaines, XVIe-XVIIe siècle”

Intervention de :

table ronde : L’histoire de la petite patrie. Savoirs historiques locaux et identités communautaires.

Date : 13 mai 2022

Lieu : Université Grenoble Alpes, France

Organisation : Clarisse Coulomb


Présentation de l'intervention

Les Jeux floraux de Toulouse constituent chaque année depuis 1324 un événement culturel majeur pour le rayonnement de la cité. À la fin du XVIe siècle, ils sont parfois même rapprochés des Jeux de l’antiquité grecque et romaine, et représentent de ce point de vue l’un des pilliers de la Renaissance toulousaine, et notamment d’un certain humanisme civique.Dans ce contexte, on peut s’étonner que la création d’un véritable registre des Jeux floraux soit particulièrement tardif. Des registres ont existé au Moyen Age, le plus important de 1458 à 1485, mais il était tenu par un mainteneur qui y consignait surtout des pièces littéraires, et les bedeaux annotaient brièvement le livre. Au début du XVIe siècle l’institution s’est réformée : la Gaie Science en langue d’oc est devenu Collège de rhétorique et de poésie française. C’est un bouleversement radical, qui ne donne lieu à aucun discours réflexif. Il faut attendre le mois de mars 1550 pour que Bernard Coderci, frère du greffier défunt des Jeux floraux, propose aux mainteneurs d’inaugurer enfin un registre. Il y retranscrira les procès-verbaux des années précédentes, et poursuit ensuite l’enregistrement régulier des séances. Le Registre des Actes et Délibérations du college de l’art et science de rhétorique (que j’appellerais Livre rouge, puisque ce nom s’est imposé) est né. Pour la période antérieure à 1540, le registre est lacunaire, avec seulement les années 1513, 1519, 1535 et 1539. Cela renforce la question initiale sur le caractère relativement tardif de la création du registre, dans une ville qui produit depuis longtemps des écrits mémoriels, par exemple les Annales manuscrites de Toulouse. On doit souligner aussi la place prise dans le registre par la narration événementielle, et tout particulièrement par les confrontations qui opposent mainteneurs et capitouls sur les prérogatives de ces derniers. Le modèle d’écriture choisi pour le registre, celui du registre de délibération à l’image de celui de la ville, n’empêche pas dès 1519 la retranscription annuelle des poésies victorieuses, mais elle fait aussi du registre des Jeux la mémoire des échanges verbaux conflictuels entre mainteneurs et capitouls. Cette fonction particulière de l’écrit explique-t-elle que le collège se soit contenté de feuilles volantes jusqu’en 1550 ? Une nouvelle fonction de l’écrit explique-t-elle la création du registre en 1550 ?