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Protéger au-delà des frontières. Protection sociale transnationale des familles soudanaises aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et au Soudan

Ester Serra Mingot

Protéger au-delà des frontières. Protection sociale transnationale des familles soudanaises aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et au Soudan

Thèse de Doctorat en Géographie

Sous la direction de Virginie Baby-Collin

Soutenue le 17/12/2018 à Minderbroedersberg 4-6, 6211 LK MaastrichtThe Netherlands Aula

Membres du jury :

Composé de Mme BABY-COLLIN Virginie Professeur, Mme AMELINA Anna Professeur, M. SCHRöER Wolfgang Professeur, Mme MAZZUCATO Valentina Professeur, M. VINK Maarten Professeur, Mme CATUSSE Myriam Chargé de Recherche, Mme SCHNEIDER Hildegard Professeur, Mme FRANCK Alice Maître de Conférences.

Mots clés : familles transnationales, Soudan, transnationalisme, protection sociale,

Résumé :

Cette thèse examine la façon dont les migrants soudanais aux Pays-Bas et au Royaume-Uni organisent leur protection sociale, pour eux et leurs familles au Soudan, localement et au-delà des frontières. Dans notre monde globalisé actuel, de plus en plus de personnes vivent au-delà des frontières nationales, développant des attaches et des responsabilités dans plus d’un État-nation. Toutefois, les systèmes de protection sociale formels traditionnels ont été conçus pour répondre aux besoins de populations sédentaires liées à un seul pays.Les Soudanais, comme beaucoup d’autres migrants, arrivent en Europe à la recherche d’une vie meilleure. La plupart arrivent en tant que demandeurs d’asile, d’autres en tant que travailleurs migrants hautement qualifiés. Au fil des ans, certains retournent au Soudan, d’autres deviennent sans papiers, obtiennent le statut de réfugié, deviennent des citoyens européens. Leurs droits aux systèmes de protection sociale formelle évoluent à mesure que leurs statuts juridiques changent, mais la plupart d’entre eux restent liés à leur famille par un ensemble de devoirs mutuels. Cependant, les dispositions juridiques relatives aux droits de protection sociale des migrants internationaux et de leurs familles restent rarement élaborées dans un cadre international.Dans ce contexte, cette thèse examine les stratégies que les migrants développent pour couvrir leurs propres besoins de protection sociale et/ou ceux de leurs familles, englobant une série d’éléments formels et informels provenant de différentes institutions (États, marchés, organisations du tiers secteur ou réseaux sociaux informels). Elle montre que les frontières entre les catégories formelles et informelles sont floues lorsque nous examinons les multiples formes d’arrangements institutionnels que les migrants et leurs familles bricolent. En prenant la famille élargie comme unité analytique principale, cette thèse montre que même si certaines ressources formelles sont disponibles pour des individus migrants, elles peuvent ne pas correspondre aux choix privilégiés pour la protection sociale de leur famille. En effet, ces dernières peuvent privilégier le caractère flexible d’arrangements informels intra-familiaux qui permettent de couvrir plusieurs domaines de protection sociale, et maintiennent les membres de la famille dans un réseau de réciprocité intergénérationnelle qui s’étend au fil du temps et au-delà des frontières nationales.Une multitude de facteurs (par exemple la mobilité, les ressources financières, les réseaux sociaux, le genre ou les normes de réciprocité intergénérationnelle) façonnent les mécanismes guidant l’accès, la circulation et la coordination des ressources pour la satisfaction de besoins multiples de protection sociale articulés les uns aux autres. En prenant en considération le contexte soudanais, cette thèse souligne l’importance des normes socio-culturelles du pays d’origine sur la manière dont le soutien intra-familial, en particulier les soins, doit être fourni. En effet, les soins constituent un élément crucial des dispositifs de protection sociale des familles transnationales. En tant que pratique socio-culturelle, le fait de prodiguer et de recevoir des soins au sein des familles dépend fortement des valeurs culturelles attribuées aux rôles de genre dans la société d’origine, qui déterminent comment les soins doivent être fournis et reçus.Cette thèse est basée sur les données collectées durant 14 mois d’ethnographie multi-située conduite avec des migrants aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, et leurs familles au Soudan. Cette approche transnationale et multisituée a permis d’incorporer des données provenant des migrants et de leurs familles non migrantes, dans les pays d’origine et d’accueil. En étudiant à la fois les contextes d’origine et de réception, cette thèse permet une compréhension globale de la manière dont les contextes façonnent les dispositifs de protection sociale, au niveau local et transnational.

Keywords : transnationalism, Sudan, social protection, transnational families,

Abstract :

This dissertation investigates how Sudanese migrants in the Netherlands and the UK, and their families back home navigate their social protection, locally and across borders. In our current globalised world, more and more people live across national borders, developing attachments and responsibilities in more than one nation-state. Yet, the traditional formal social protection systems have been envisaged to cater for sedentary populations, tied to one single country.Sudanese, like many other migrants, arrive in Europe in search of a better life. Most arrive as asylum seekers, while some do so as highly-skilled labour migrants. Throughout the years, some return to Sudan, others become undocumented, while others obtain refugee status and become European citizens. As the migrants’ legal statuses change over time, so do their entitlements to formal social protection provisions. Yet, despite the shifting migration statuses and the different rights and obligations attached to them, most of these people are bound to their families ‘back home’ through a series of mutual duties. However, at the global level, legal provisions regarding social protection rights for international migrants and their families remain scarce.Against this backdrop, this dissertation investigates the strategies that migrants develop to cover for their own and/or their families’ social protection needs, encompassing a series of formal and informal elements from different institutions (e.g. states, markets, third-sector organisations or informal social networks). It shows that the boundaries between formal and informal categories are blurred when we look at the multiple combinations of institutional arrangements that migrants and their families use. By taking the extended family as the main analytical unit, this dissertation shows that even though certain formal resources are available for individual migrants, they might not be the preferred option for the family’s social protection. In fact, the flexible character of the informal intra-familial provisions might be preferred, since they allow for covering for several domains, binding family members together in a web of intergenerational reciprocity that expands over time and beyond national boundaries.A myriad of factors (e.g. mobility, financial resources, social networks, gender, or norms of intergenerational reciprocity) shape the mechanisms guiding the access, circulation and coordination of resources to cover for intertwined social protection needs. By including the Sudanese context, this dissertation points to the importance of the sending country’s sociocultural rules on how intra-familial support—especially care—should be provided. Indeed, care is a crucial element in the social protection arrangements of transnational families. As a socio-culturally embedded practice, the provision and reception of care within families highly depends on cultural notions of gender roles in the sending society, which determine who and how care should be provided and received.This dissertation is based on the data collected over 14 months of multi-sited and partly matched-sample ethnography across the Netherlands, the UK and Sudan where the migrants and their families live. The transnational approach and the multi-sited matched-sample design of this research, allowed to incorporate data from the migrants and their non-migrant families, across sending and receiving countries. By investigating both sending and receiving contexts, this thesis allows for a comprehensive understanding of the ways in which contexts shape social protection arrangements, locally and transnationally.