Aller au contenu
Accueil > Thèses > La construction du pouvoir médicéen dans les spectacles de cour et les manifestations publiques à Florence de 1469 à 1621

La construction du pouvoir médicéen dans les spectacles de cour et les manifestations publiques à Florence de 1469 à 1621

Sonia Zerbib

La construction du pouvoir médicéen dans les spectacles de cour et les manifestations publiques à Florence de 1469 à 1621

Thèse de Doctorat en Histoire

Sous la direction de Guy Le Thiec

Soutenue le 12/12/2017 à MMSH5, rue du château de l'horloge13094 Aix-en-Provence PAF-MMSH

Membres du jury :

Composé de M. LE THIEC Guy Professeur, M. BOUTIER Jean Directeur d’études , Mme ALAZARD Florence MCF habilitée, Mme CHAPRON Emmanuelle Professeure.

Mots clés : Pouvoir, Identité, Espace, Fêtes, Medicis,

Résumé :

Mon travail de thèse repose sur la construction du pouvoir médicéen dans les spectacles de cour et les manifestations publiques des temps de Laurent le Magnifique à la mort de Cosme II de Médicis. Je m’attacherai à montrer que le pouvoir dynastique se fonde sur sa propre mise en scène à travers des fêtes éphémères qui contribuent à forger une dynastie voire un État moderne en conciliant l’art et le pouvoir. La cité florentine de la Renaissance devient alors un véritable laboratoire politique et festif.Par le caractère original de leur destin politique et la place accordée à la culture, les Médicis ont réalisé une véritable alchimie des arts et du pouvoir. Donner du sens aux fêtes de la Renaissance pour mieux saisir la métamorphose du pouvoir médicéen me permettra de montrer que derrière une histoire du spectacle se dissimule une histoire du pouvoir. L’établissement du pouvoir médicéen et l’affirmation d’une identité médicéenne sont ainsi indissociables de la politique culturelle menée par les Médicis qui souhaitent apparaître comme des mécènes à part entière et participer à l’admiration vouée à leur cité. C’est bien de la dimension politique de la fête qu’il s’agit de traiter ici.La fête de la Renaissance, publique ou privée, recouvre des formes variées, entrées royales, carnavals, comédies, ballets, intermèdes, et métamorphose la cité florentine ou ses palais. Ces divertissements s’inscrivent dans une intention politique certaine. La fête est alors conçue pour honorer les différents événements qui rythment la vie florentine, les naissances, les mariages, les entrées de souverains, les funérailles dans l’unique dessein de célébrer le pouvoir princier à une échelle locale mais aussi sur la scène européenne.Si les fêtes urbaines dominent sous la Florence laurentienne et affirment progressivement leur caractère profane, l’objet de mon étude est de montrer que la fête dynastique, qui émerge avec la reconnaissance du titre de duc à Alexandre et de grand-duc à Cosme Ier, prendra une forme de plus en plus privée à mesure que la cour, qui s’installe au palais Pitti à partir de 1588, deviendra un élément majeur de la consolidation du pouvoir et donc de l’affirmation du principat médicéen. En ce sens, la dimension aulique du pouvoir doit être prise en considération dans la mesure où la cour devient le lieu privilégié de la mise en scène et de l’exercice du pouvoir princier. La tradition du divertissement qui s’affirme à partir de Laurent le Magnifique devient donc centrale tout au long de la période étudiée.En outre, il convient de s’arrêter sur la conception idéologique et politique de la fête afin de montrer que c’est par sa complexité que le pouvoir se perfectionne. A partir de la fin du seizième siècle, les humanistes apparaissent comme de précieux collaborateurs du monde de la fête et par conséquent de la sphère du pouvoir. C’est du modèle culturel et politique antique que naît le langage symbolique de la fête destiné au prestige de la maison Médicis. Ainsi le renouvellement de la fête permet un renouvellement du pouvoir qui, de 1469 à 1621, cherche sans cesse à gagner une légitimité. L’idée de hiérarchie s’affirme progressivement dans l’élaboration de ces fêtes, publiques et privées, le prince occupant une place centrale. Ainsi la culture de la fête doit permettre de transposer dans la réalité la place centrale dévolue au prince dans le spectacle. C’est là que la fête s’affirme pleinement comme un art politique et permet de passer d’une expression politique à une réalité politique.La multiplication des spectacles de cour à la fin du seizième siècle et au début du dix-septième montre la volonté du prince de mieux contrôler son pouvoir et laisse penser que celui-ci se renforce mais aussi que, d’une certaine façon, il peut lui échapper.Interroger la portée de ces manifestations publiques et privées en appréhendant la fête comme enjeu politique est donc l’objet de ma thèse.

Keywords : Space, Festivals, Power, Identity, Medici,

Abstract :

My thesis addresses the issue of the Medici’s power through the performances before the court and public events from the times of Lorenzo the Magnificent to the death of Cosmo II. I shall demonstrate that the dynasty’s power was based on its own dramatization through ephemeral festivities that contributed to shape not only a dynasty but a modern state by combining the arts and power. The city of Florence during the Renaissance thus truly became a center of political experimentation.With their unique political fortune and the role devoted to culture, the Medici achieved a real alchemy of arts and power. In explaining the meaning of the festivals during the Renaissance in order to better understand the transformation of the Medici’s power, I shall demonstrate that behind a history of performances is a history of power. Thus, the establishment of the Medici’s power and the assertion of their identity can’t be separated from their cultural politics as they wished to appear as patrons and partake in the admiration people had for their city. Indeed, this thesis is about the political dimension of the cultural events.Renaissance celebration, whether public or private, took various forms, from royal parades, carnivals, theater, ballets, skits, and completely transformed the Florentine city and its palaces. These entertainments reflect definite political intentions. Celebration is thus conceived to honor the different events which rhythm Florentine lives, such as birth, marriages, royal parades and funerals with the sole objective of celebrating princely power at a local level as well as a European level.Although under Lorenzo’s influence urban celebrations take an increasingly secular character, the object of my study is to show that the dynastic celebrations undergo a different transformation. These dynastic celebrations which emerged when Alexander and Cosme I became duke and grand duke gradually became more and more restricted to the private sphere as the court which established itself in the Pitti Palace from 1588 became a major element in consolidating power and thus in strengthening the Medici’s dominion. Indeed, the power of the court must be taken into consideration as it became the center for the staging and executing of princely power. Thus, the tradition of the entertainment which begins with Lorenzo the Magnificent becomes central throughout the period under study.Moreover, it’s important to consider the ideological and political sources of celebrations in order to show that it’s through its complexity that power consolidates itself. From the end of the 16th century, the humanists collaborate in the world of culture and consequently in the sphere of power. The symbolic language of celebration which serves to emphasize the prestige of the Medici stems from the cultural and political model having its source in Antiquity. As celebrations evolve, so does power which from 1469 to 1621 seeks incessantly to gain legitimacy. The notion of hierarchy which emerges gradually in the elaboration of both public and private festivities places the prince in a central position. In this way, cultural celebration allows the prince to occupy the same central position in performance as he does in daily life. Thus, celebration becomes a political art and the expression of political reality.The multiplication of royal performances at the end of the 16th and beginning of the 17th centuries, demonstrates the determination of the prince to better control and strengthen his power but also suggests that it may escape him.Questioning the scope of these public and private celebrations by considering festivities in their political dimension is the goal of my thesis.