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Les espaces des mendiants et des vagabonds dans la Rome baroque (XVIe – XVIIe siècles)

Carlo Ferrari

Les espaces des mendiants et des vagabonds dans la Rome baroque (XVIe – XVIIe siècles)

Thèse de Doctorat en Histoire

Sous la direction de Brigitte Marin et de Irène Fosi

Soutenue le 12/06/2019 à Università degli Studi di TeramoCampus universitario di Coste Sant'agostinovia R. Balzarini 1 64100 Teramo, Italie Aula Consiliare, Facoltà di Scienze della Comunicazione

Membres du jury :

Composé de Mme MARIN Brigitte Professeur, M. BOUTIER Jean Directeur d’études , M. SANFILIPPO Matteo Professore ordinario, Mme FOSI Irene Professore ordinario, Mme CANEPARI Eleonora Maître de Conférences, M. GIANNINI Massimo Carlo Professore associato.

Mots clés : espaces urbains, lieux, pauvres, mendiant, vagabonds,

Résumé :

L’historiographie du paupérisme est essentiellement axée sur deux thématiques liées entre elles : d’une part, la perception des pauvres et la classification de la misère qui en dérivait (mendiants légitimes, mendiants illégitimes, vagabonds) ; d’autre part, l’histoire des politiques relatives au confinement et à l’assistance des pauvres, et celle des institutions destinées à cette finalité. Les institutions, le fonctionnement des politiques d’assistance et les systèmes de répression et d’aide mis en place pour les différentes catégories de pauvres se trouvent par conséquent au cœur des études dans ce domaine. Cependant, depuis une vingtaine d’années, des recherches ont pris en considération l’action des pauvres sur leur vie quotidienne, et les stratégies de survie adoptées pour échapper à la misère, en essayant de compenser les lacunes documentaires par une nouvelle utilisation des sources institutionnelles. Cette approche historiographique a guidé nos recherches, centrées sur les stratégies quotidiennes des mendiants romains de l’époque baroque à travers une analyse de la présence de ces derniers au sein de l’espace urbain. La thèse vise donc à montrer la « place » occupée par les mendiants et les vagabonds dans la ville de Rome et les conditions spécifiques qui amenaient ces personnes à vivre, traverser, et « s’approprier » certains lieux plus que d’autres. « Lieu » ne désigne pas seulement ici les espaces où était pratiquée la mendicité (églises, auberges, places publiques), mais également les endroits de la ville caractérisés par une évidente concentration résidentielle de pauvres (quartiers, zones urbaines et extra-urbaines). En effet, la situation géographique, l’étude des formes de logement et la capacité d’action des pauvres au sein de l’espace urbain est un aspect encore peu étudié dans l’historiographie de la ville de Rome au cours de l’époque moderne. L’étude est divisée en trois parties. La première est consacrée aux politiques de confinement et de régulation de la présence des mendiants et des personnes qui pouvaient être accusées de vagabondage à Rome à partir de la seconde moitié du XVIe siècle. Elle se concentre sur deux aspects : l’élaboration des catégories de pauvres, mendiants et vagabonds dans la société romaine sous l’Ancien Régime ; les normes visant à réglementer la mendicité et les endroits où elle était pratiquée à grande échelle. La deuxième partie porte sur les pratiques de l’espace et les manières dont il était vécu par les sujets considérés comme des mendiants ou des vagabonds. L’étude est conduite grâce à des reconstitutions biographiques, avec une attention particulière aux modalités de logement. L’articulation entre la première et la deuxième partie cherche à mettre au jour les différences entre la vision « d’en haut » des institutions et les conditions sociales réellement vécues par les pauvres, avec l’illustration de pratiques de « micro-résistance » mises en œoeuvre au sein de l’espace municipal. Enfin, la troisième partie est consacrée à une analyse approfondie des conditions sociales et des pratiques de logement d’un petit quartier de Rome : le « Borghetto dei pidocchi » qui, au début du XVIIe siècle, était habité par les couches les plus pauvres de la société. Cette micro-analyse reconstruit le contexte quotidien d’un cadre de vie, avec ses caractéristiques bien définies, ainsi que la condition sociale des habitants (évolution sociale et ségrégation spatiale).

Keywords : urban spaces, vagrants, beggars, places, poor,

Abstract :

Pauperism historiography have basically developed two main issues connected to each other: 1)The image rich people had of the poor ones and the classification of poverty as a result of that; 2)History of the politics concerning the “containment of” and the “aid to” the needy and the institutions charged with this task. Core of this historiography have been for long time Institutions, functioning of the charity policies and of repressive and assistive devices activated with the respect of some kind of poor. Nevertheless, in the last two decades several scholars have tried to further inquire poor’s action, their daily life and survival strategies enacted by them in order to escape the poverty stranglehold, especially aiming to fill documentary gaps insofar observed through a renewed use of the official sources. According to this investigation perspective in this work we focus on the daily strategies of roman beggars at baroque age, facing this thematic through the analysis of the presence of those into the urban space.The thesis hereby aims to understand which place poor people occupied in Rome city life, which specific conditions brought these people living, crossing and “appropriating” specific locations rather than others. It’s with the expression “place” of the beggars, indeed, that here are intended not only the sites where they begged for alms (churches, inns, squares) but mainly town zones particularly populated by them (districts, neighborhood, borough). Geographical setting, housing features and agency into the urban space of these persons are in fact still an unexplored aspect of modern Rome’s historiography. Thesis has been divided in three parts. First one is dedicated to politics of containment and regulation of beggars’ presence, especially of those who could blamed of loitering, in late 16th century’s Rome. This section stresses two aspects particularly relevant: the building of category of “poor man”, “beggar” and “vagabond” in Ancien Régime roman society; and the study of the laws aimed to regulate vagrancy and of the places where those where mainly exercised. Second one focuses on practices and modalities through which urban space was experienced and lived by subjects defined as beggars or vagabonds, thanks to their biographies examination and with a specific attention to ways of housing. The articulation of these two parts aims to stress differences existing between the “view from above” – it means how Institutions perceived those subjects and the social conditions faced by the needy, also attempting to stress “micro-resistances” practices performed by poor in the urban space. The third part is constituted by a broaden analysis of social conditions, housing practices of the inhabitants of a small Rome’s district: the “Borghetto dei Pidocchi” that, in the early 17th century, showed a strong presence of residents belonging to the lowest social classes. Through a micro-oriented analysis, in this section has been rebuilt the daily context of a location with clear and distinct features, as social conditions of its inhabitants, also for the sake of a general recognition of the spatial segregation in this historical context.