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Chaînes et maillons du commerce, XVIIe-XIXe siècle (séance 4)

IBnF dans Nicolas Ponce, Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry, Illustrations de Recueil de vues des lieux principaux de la colonie françoise de Saint-Domingue, 1795, planche V

Séminaire

Date(s) : du 15 septembre 2021 14 h 00 au 15 septembre 2021 16 h 30

Lieu : Salle A 113, MMSH - Aix-en-Provence

Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :

Groupe(s) organisateur(s) :


PROGRAMME

  • D’avaries en queues de cargaison, de récriminations en rétractations.
    Le capitanat bordelais face au spectre des invendus au XVIIIe siècle
    Frédéric Candelon-Boudet CEMMC, Université Bordeaux-Montaigne
  • Une économie du déchet : le piquage d’once dans la soierie lyonnaise au XVIIIe siècle
    Anne Montenach UMR TELEMMe, Aix-Marseille université

Résumés

  • Frédéric Candelon-Boudet CEMMC, Université Bordeaux-Montaigne
    D’avaries en queues de cargaison, de récriminations en rétractations
    Le capitanat bordelais face au spectre des invendus au XVIIIe siècle

« Je me voyais dans la dure nécessité de partir d’ici faute de magasin, ce qui n’aurait pas manqué de faire beaucoup de plaisir à tous Messieurs les Négociants à qui mon arrivée a fait la plus grande sensation, lorsqu’ils ont vu que le jour de ma vente j’avais beaucoup d’habitants. Ils ont conçu la plus grande jalousie contre moi, ont dit partout que tout ce que j’avais était pourri, et bien cher. » Le comité d’accueil réservé au capitaine Neau à son arrivée à Sainte-Anne de la Guadeloupe en janvier 1785 révèle en filigrane les difficultés rencontrées par le commandement maritime lors de ses séjours répétés dans les colonies. Au gré de la conjoncture mais aussi des aléas océaniques, placer coûte que coûte cargaisons et pacotilles peut en effet s’avérer périlleux, incitant le capitanat à rivaliser de stratagèmes afin de tordre les termes de l’échange selon ses vues voire à y renoncer au profit d’une solution de rechange acceptable aux yeux de l’armement.

  • Anne Montenach UMR TELEMMe, Aix-Marseille université
    Une économie du déchet : le piquage d’once dans la soierie lyonnaise au XVIIIe siècle

Le piquage d’once désigne, à Lyon, le vol et le recel des matières premières utilisées dans la soierie, l’une des formes les plus courantes de ces vols étant l’appropriation indue, par les ouvriers et ouvrières, des déchets issus de leur travail. Il constitue la version lyonnaise d’un phénomène bien observé et étudié ailleurs en France et en Europe, que ce soit dans le secteur textile, celui de la construction navale ou de l’extraction minière. La structure décentralisée de la Grande Fabrique, qui s’apparente à un gigantesque putting-out system urbain, y facilite la fraude. Le piquage d’once pose la question de la définition même et du statut du déchet et s’inscrit, au XVIIIe siècle, dans une longue période de conflits et de luttes de pouvoir, au sein de la Fabrique, entre les marchands fabricants et les maîtres ouvriers qui cherchent à demeurer des producteurs indépendants. Très tôt criminalisées, l’appropriation des déchets et la réutilisation frauduleuse des matières premières sont aussi génératrices d’une économie souterraine ancrée dans l’espace et la société lyonnaise du XVIIIe siècle. Près de 300 affaires conservées dans les archives de la Fabrique et de la justice consulaire permettent de mettre en lumière les « chaînes et maillons » humains de ces circuits illicites, de retracer les étapes successives de l’existence d’un fil de soie volé et d’interroger les ressorts socioéconomiques de la fraude.