SODOMITES ET SORCIÈRES ou comment réformer les « déviants »

Séminaire

Date(s) : du 5 avril 2023 9 h 30 au 5 avril 2023 12 h 00

Lieu : Salle Paul-Albert Février, MMSH

Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :

Groupe(s) organisateur(s) :


PRÉSENTATION

Cette ultime séance du groupe « Façons d’être » sera consacrée aux « déviants », aux clercs sodomites et aux sorcières adeptes de Satan, victimes d’un pouvoir qui fit de la réforme de la société un instrument de répression


PROGRAMME

Introduction Damien Boquet (AMU)

 

  • Église et sexualité au XIe siècle. Le Livre de Gomorrhe

de Pierre Damien

Jean-François Cottier (Université Paris-Cité)

Les années 1050-1120 ont vu l’Église forger de puissants instruments de rhétorique pour soutenir sa réforme et dénoncer tout ce qui pouvait, de près ou de loin, être assimilable à une forme de désobéissance à Rome et à ses décrets. Les techniques d’affrontement mises en œuvre connurent alors des raffinements inconnus jusque-là, et l’on vit pendant cette période les traités polémiques sur la simonie, le mariage des prêtres, le respect des propriétés ecclésiastiques, et la correction des mœurs en général, se multiplier.

De ce mouvement et de cette activité, le Liber Gomorrhianus de Pierre Damien (1007-1072), lettre-traité adressée au pape Léon IX vers 1051, est un exemple remarquable à plus d’un titre, en particulier par le choix du thème retenu, la dénonciation des clercs sodomites, qui est aussi original que rare puisque c’est en fait le seul traité du genre dans la littérature médiévale. L’exposé présentera d’abord les problèmes d’édition du texte et de traduction posés par cet ouvrage, puis il proposera une analyse de son contenu en insistant en particulier sur ce qu’il dit du rapport de l’Église du XIe siècle à la sexualité et à la « pureté » de son clergé.

 

  • Faire croire ou croire que l’on (a) fait : réflexions sur la

« chasse aux sorcières » (XVe-XVIIIe s.)

Ludovic Viallet (Université Clermont Auvergne)

À partir des années 1430-1440, et jusqu’au début du XVIIIe siècle, l’Europe a connu une série de vagues de procès menés contre les adeptes de la secte de Satan. Peut-on encore écrire quelque chose de nouveau sur la “chasse aux sorcières”, alors que l’historiographie sur le sujet est immense et qu’une forme d’actualité “médiatique” tend à en appauvrir l’interprétation au profit de quelques facteurs présentés comme quasi exclusifs ?

La lecture de ce phénomène doit pourtant en combiner plusieurs, en une approche la plus globale possible, parmi lesquels il reste sans doute certaines pistes à creuser. Autour de La grande chasse aux sorcières. Histoire d’une répression (XVe-XVIIIe siècles) (A. Colin, 2022), entre synthèse accessible et essai personnel, on voudrait mettre l’accent sur deux d’entre elles qui convergent peut-être davantage qu’elles ne divergent : le poids de la réforme religieuse et la façon dont progressivement certains clercs et médecins ont appelé à discerner plus clairement les contours de la maladie mentale.