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[Histoires d’écoutes] Séance #3 | Des objets sonores silencieux ? Redonner du corps à l’écoute

Verdun, ms. 107, f. 12 vièle copie

Histoires d'écoutes

Date(s) : du 25 mars 2022 14 h 00 au 25 mars 2022 17 h 30

Lieu : Salle Paul-Albert Février, MMSH, Aix-en-Provence et par Zoom

Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :

Partenaires :

  • LA3M
  • Maison méditerranéenne des sciences de l’homme
  • Phonothèque de la MMSH
  • TDMAM

PRÉSENTATION

La 3e séance du séminaire inter-laboratoires MMSH « Histoires d’écoutes. L’auralité en histoire et pour l’histoire, de l’Antiquité à l’époque moderne », se tiendra ce vendredi 25 mars, de 14H00 à 17H30 en salle Paul-Albert Février (attention changement) et en hybride (si Zoom veut bien…).

Coordination scientifique : Emmanuèle Caire (TDMAM), Véronique Ginouvès (UAR 3125 MMSH), Marie-Emmanuelle Torres (LA3M), Laure Verdon (TELEMMMe)

Contact : marie.emma.torres@gmail.com

Le séminaire « Histoires d’écoutes. L’auralité en histoire et pour l’histoire, de l’Antiquité à l’époque moderne » est soutenu par l’UAR 3125 MMSH dans le cadre de la recherche transversale interdisciplinaire.


Dans cette troisième séance, nous nous pencherons sur le cas des objets non sonnants, tels que les images, inscriptions, sculptures, objets…. Même si ceux-ci ne sont pas destinés (ni même détournés) pour produire des sons et créer une écoute directe, ils peuvent instiller une certaine écoute « virtuelle » chez celui qui les regarde. Quelles peuvent être les fonctions de l’iconographie sonore ? Sert-elle uniquement à traduire sur un médium silencieux un son devenu inaudible ? Quel son cherche-t-elle (et peut-elle) réellement fixer ? Informe-t-elle aussi sur différents régimes d’écoute ? D’ailleurs, l’écoute ne se résume pas aux seuls sons « sonnants », mais naît au contraire de la combinaison rythmée des sons et des silences. Ce constat soulève une question : comment figurer une absence de son ? De fait, on en vient à se demander si ces figurations du sonore ne viseraient pas plutôt à (re)créer une expérience d’écoute « extemporanée » chez l’observateur. Cette écoute nouvelle serait déclenchée par le regard, la mémoire auditive ou la lecture. Dans cette configuration, l’objet pourrait servir de conservatoire d’écoute, d’une écoute qui ne demande qu’à être renouvelée. Ces questionnements multiples amènent finalement à réfléchir aux supports possibles de l’auralité et aux moyens disponibles pour lui redonner du corps. En définitive, il sera question, dans ces trois interventions, de la dynamique entre objet, audition et vision.

Participer à la réunion Zoom :

https://univ-amu-fr.zoom.us/j/83320265299?pwd=L3VlSjNQUHVYVnRxS0NFMzV6eGdUdz09

ID de réunion : 833 2026 5299

Code secret : 110146


PROGRAMME

  • Martine Clouzot (PU, ArTeHis, CNRS-Université de Bourgogne) : Les musicalités des livres enluminés : régimes du son musical et de l’écoute dans les psautiers et livres d’heures des XIIIᵉ et XIVᵉ siècles.

Les images de la musique ne se limitent pas à la représentation de joueurs, de chanteurs et d’instruments. Au-delà du visible, leur capacité d’objectivation du son – représenter ce qui ne se voir pas et qui est éphémère – rend compte de régimes d’écoute délibérés et performatifs. Articulés aux livres dévotionnels, la considération visuelle et spirituelle pour l’écoute atteste la volonté de l’Église d’encadrer les expériences sensibles d’un groupe social éduqué : les hommes et surtout les femmes des cours princières de l’Europe occidentale aux XIIIᵉ et XIVᵉ siècles – en vue de leur salut éternel.

  • Vincent Debiais (CR, CRH-EHESS, CNRS) : États de silence dans les images médiévales : mutismes, contraintes, qualités

Il en est de même pour tous les phénomènes sonores : envisager leur figuration sous la forme d’une image relève d’un paradoxe consistant à rendre accessible par la vue ce qui relève de l’ouïe. Le Moyen Âge a cependant démontré que ce paradoxe pouvait être résolu et dépassé, avec la création pratique et théorique d’images de la musique, des qualités sonores, des propriétés harmoniques. Il l’a également démontré avec la résolution du paradoxe « au carré » que constituent les images médiévales du silence et la privation de parole. La notion polyédrique de « silence » au Moyen Âge se prête pourtant bien à la mise en image dans la mesure où elle est décrite, entre autres, comme la condition sonore de la vision, le moyen phonique de la contemplation. Le silence est l’état du monde et du corps permettant l’écoute extérieure dans le cadre de l’enseignement et de la prédication, et l’écoute intérieure dans le cadre de la révélation et de la connaissance de Dieu. Dans cette présentation centrée sur quelques images produites en Occident entre le IXᵉ et le XIIIᵉ siècle, on verra la façon dont ce rapport de superposition entre le silence et l’écoute a été mis en signes visuels et ce que ces figurations disent de la notion d’écoute au Moyen Âge.

  • Frédéric Imbert (PU, IREMAM, CNRS-AMU) & Anna Lagaron (postdoctorante, IREMAM) : Prier, réciter, écouter dans les graffiti arabes médiévaux.

Les textes épigraphiques médiévaux produits par les premières générations de musulmans, comme par les chrétiens en terre d’Islam, entre les VIIᵉ et XIIIᵉ siècles dans la péninsule arabique, au Proche-Orient et en Égypte, nous amènent à nous interroger sur le statut particulier de l’oralité dite « lapidaire ». Si les deux termes semblent, de prime abord, assez antithétiques, ils semblent pourtant trouver, en épigraphie arabe un espace de compromis. Comment la pierre pourrait-elle, en effet, conserver des actes de parole ? De récentes études ont permis de faire connaître l’existence d’un corpus très conséquent de plusieurs milliers de graffiti arabes musulmans comme chrétiens dont un bon nombre semble avoir conservé des traces d’oralité. Celle-ci prend la forme notamment d’invocations religieuses adressées à Dieu à l’impératif, mais aussi aux hommes qui liront ces invocations et invoqueront à leur tour. Nous en présentons et en analysons ici quelques extraits.