1.3 – Communs, communautés, espaces publics : redéfinir le politique, du Moyen Âge à l’époque contemporaine

Coordination :


Aujourd’hui, ce que l’on nomme « le » politique s’appréhende de manière privilégiée « par le bas », par les pratiques sociales, économiques et culturelles déployées par différents groupes d’acteurs et d’individus. Ces pratiques nous intéressent dans la mesure où elles participent à la définition de la communauté et du commun, c’est-à-dire les modalités de partage et de distribution des droits et des obligations. La dimension locale de la communauté est l’échelle d’analyse qui permet le mieux, a priori, de poser ces nouvelles interrogations ; appréhendée dans les formes de sa composition, de sa structuration politique et juridique, des fondements culturels et idéologiques qui la sous-tendent, de son rapport à l’espace et à l’environnement, en particulier à travers l’accès aux ressources, elle offre au chercheur, tant historien que géographe, un laboratoire d’analyse pertinent afin d’approcher et restituer dans des contextes spécifiques des formes d’expériences politiques collectives.

Le déploiement spatial de la communauté et du bien public a largement été pensé à l’aide des différentes acceptions de la notion d’espace public englobant aussi bien sa réalité matérielle (public space) que son acception plus abstraite (public sphere). A bien des égards, la manière de le bâtir ou de le nommer, de lui assigner des fonctions spécifiques, mais aussi de l’investir, de le mobiliser ou de l’événementialiser, renvoie à des volontés et des narrations, des politiques et des esthétiques qui sont la source de nombreuses pratiques et représentations sociales. C’est la raison pour laquelle, certains auteurs en font un élément déterminant de la vie en société, une condition indispensable de l’expression de la capacité politique, voire de la formulation d’un projet collectif. Dès lors, qu’advient-il de l’espace public quand la communauté se déchire, quels sont les processus d’appropriation, de ségrégation de marquage ou d’évitement spatiaux ?

En s’inscrivant dans ces méthodes et interrogations, que l’on contribuera à enrichir et renouveler, la question pourra se décliner, notamment, sur la base de trois axes principaux :

  • L’entrée par le social et le culturel : quelles sont les interactions, les formes de négociation, les critères de légitimité, d’appartenance et d’identité qui déterminent la communauté et dans quels cadres politiques/ à quelles échelles se négocient-ils ?
  • L’entrée par le juridique : comment se « fabrique » le droit local, comment se déterminent les espaces juridiques de la communauté, sur quels fondements reposent-ils (droit de possession, de propriété, d’usage, accès aux ressources, etc.)
  • L’entrée par l’espace :il s’agit par-là d’aborder plus spécifiquement la question des espaces (publics, communs, négociés, disputés, partagés) et des formes de leur production et de leur articulation avec la communauté, ses narrations et ses mémoires.