Les événements urbains apparaissent comme de nouveaux rituels collectifs qui se situent au cœur de la fabrique de l’image et de l’identité des villes contemporaines. Ils sont des moments privilégiés de mise en scène de la société et de l’histoire urbaine. S’ils ne sont pas propres à notre temps, leur nombre, leurs modalités et leur répétition témoignent de l’intégration croissante des métropoles dans des réseaux économiques et politiques qui participent à la circulation de ce modèle de mise en valeur de la culture. Car ces grandes manifestations ne sont pas seulement des activités ponctuelles, des moments suspendus entre les deux bornes chronologiques de leur programmation : au-delà des logiques symboliques de leur déroulement, elles permettent de saisir tout une ingénierie allant de la production de l’espace aux modalités de l’exercice du pouvoir politique, des choix de stratégie économique à la marchandisation de l’image des villes. Éléments incontournables de branding ou de marketing urbains, leur contribution à la circulation des images participe également de la médiatisation des paysages, les transformant en icônes familières d’une nouvelle forme de modernité urbaine conduisant à un large mouvement de commodification des espaces publics en relation avec des logiques marchandes. Dans le monde de l’art, une telle tendance renvoie au processus de « biennalisation » qui conduit, par la force de l’événementiel, à une reproduction des manières de production et de diffusion des œuvres d’art qui accompagnent l’uniformisation des politiques culturelles.