En Méditerranée comme ailleurs, les sociétés portent les traces des matrices politiques et identitaires qui ont régi leur passé. Discrets ou flagrants, ces témoignages s’imposent dans les paysages comme dans les relations sociales, au point de sembler être un état des choses non questionnable. Pourtant, depuis plusieurs décennies déjà, de nombreux acteurs (militants, artistes, auteurs) cherchent à démontrer que les rapports inégaux du présent doivent être éclairés à la lumière de l’histoire afin que soient construites des lectures plus apaisées du passé ainsi que des sociétés plus soucieuses de la place de chacun. En ce début de XXIe siècle, les exemples se répondent aux quatre coins du monde pour que soient reconnues les souffrances comme les inégalités du présent. Ce mouvement, qui associe justice mémorielle et activisme politique, est au cœur des œuvres des artistes exposé·e·s dans Rue d’Alger ainsi que des contributions des invité·e·s de cette première séance de séminaire. Leur présence donnera l’occasion de débattre de ces nouveaux défis pour des États-nations dont la construction s’est souvent faite au mépris des particularités et dans le déni de certaines oppressions. Qu’ils inquiètent (séparatiste), amusent (folklore) ou convainquent (progressisme), nous faisons l’hypothèse que l’importance contemporaine de ces mouvements, souvent regroupés sous le terme de postcoloniaux, mérite d’être évaluée afin de comprendre les mécanismes actuels d’appropriation du passé et de son patrimoine, ainsi que la puissance du rôle qu’ils jouent dans notre présent.