[SoMuM] Séminaire doctoral – Ce que la Méditerranée fait à l’écriture de l’histoire…

L’Histoire est la discipline qui étudie le passé des sociétés humaines en mobilisant des sources, des matériaux et des méthodes spécifiques. Marquée jusqu’au XIXe siècle par le récit des événements et le portrait des grands hommes, elle se caractérise aujourd’hui par une diversité d’entrées thématiques et méthodologiques, par un croisement des approches à l’échelle de toutes les Sciences humaines et sociales, qui produisent des savoirs complexes et passionnants.

La Méditerranée n’est pas seulement un espace maritime à parcourir : elle est un monde politique et culturel aux formes et aux limites changeantes, construit et reconstruit à chaque génération.

Nous avons donc pris le parti d’aborder l’histoire de la Méditerranée par des parcours de recherche menés par des historiennes et historiens de l’Antiquité, du Moyen Âge, de l’époque moderne et du monde contemporain. Ils nous présentent leurs clés de lecture et leurs méthodes. En entrant dans la « fabrique de l’histoire », quelle que soit la période étudiée, nous sommes invités à suivre des propositions de décryptage d’un espace méditerranéen confronté à des héritages et aux enjeux de son présent.

Ce séminaire est organisé dans le cadre du programme doctoral Études méditerranéennes de l’Institut Sociétés en Mutations en Méditerranée (SoMuM). Chaque séminaire a pour objectif de fournir une synthèse théorique et méthodologique de chaque discipline dans le domaine des études méditerranéennes : état des savoirs et perspectives.

Coordinatrice : Karima Dirèche – TELEMMe

Séance 1. La Méditerranée antique comme espace politique : vue de Grèce, vue de Rome, vue de Jérusalem

2 Novembre 2021, 9h-12h
(Salle Paul Albert Février, MMSH, Aix-en-Provence)

La Méditerranée pourrait sembler fournir un cadre géographique unique et commun à tous les historiens de l’Antiquité, mais l’objectif de cette première séance sera de montrer qu’il existe, dès l’Antiquité grecque et romaine, non pas une mais des Méditerranées. Le point de vue adopté pour cette séance sera celui du politique inscrit dans la géographie. On le sait, les grands concepts dont nous continuons à interroger le contenu – cité, démocratie, république, empire etc. – sont hérités des expériences politiques antiques et du lexique grec et romain. Ces grands concepts peuvent être appréhendés aussi dans une dimension spatiale, ils dessinent plusieurs échelles du politique.

Intervenants

Emmanuèle Caire (TDMAM, département de sciences de l’Antiquité) présentera la notion grecque antique d’œkoumène comme représentation d’un espace géographique et comme espace d’élaboration de modèles politiques.

Julien Dubouloz (CCJ, département d’histoire)) explorera l’expression latine mare nostrum, « notre Mer », depuis son origine antique dans le contexte de l’impérialisme romain, jusque dans des emplois plus récents.

Katell Berthelot (TDMAM, CNRS) envisagera la question méditerranéenne depuis l’Orient, en s’interrogeant sur le rapport des Juifs à la Méditerranée, appréhendée à la fois comme espace géographique et comme lieu de rencontre avec les modèles politiques grecs et romain.

Séance 2. Qu’est-ce que l’Islam a changé à la Méditerranée?

9 novembre 2021, 14h-17h
(Salle DUBY, MMSH, Aix-en-Provence)

 Dans un ouvrage paru en 1937 et resté célèbre (Mahomet et Charlemagne), Henri Pirenne entendait montrer que les grandes conquêtes arabes des 7e-8e siècles et la formation de l’Empire islamique avaient rompu l’unité de la Méditerranée antique, précipitant la séparation historique entre Orient et Occident. Régulièrement contestée et nuancée depuis, la thèse d’Henri Pirenne a néanmoins le mérite de poser la question des polarisations successives de l’espace méditerranéen.

Cette séance cherchera donc à poser la question de savoir ce que l’Islam a changé à la Méditerranée, à l’organisation interne de l’espace méditerranéen, aux relations et échanges entre ses rives nord et sud, mais aussi aux représentations (graphiques et mentales) de la Méditerranée, perçue avant tout comme un espace frontalier au Moyen Age. La question sera posée dans la longue durée, depuis les conquêtes arabes et arabo-berbères des 7e-8e siècles jusqu’à l’apogée de l’Empire ottoman au 16e siècle, en passant par les grandes thassalocraties islamiques comme l’Empire fatimide des 10e-12e siècles.

Intervenant
Julien Loiseau (IREMAM, département d’histoire, professeur d’histoire du monde islamique médiéval)

Séance 3. Écrire une histoire du milieu marin en Méditerranée. Itinéraires de recherche et axes de travail (XVIe-XXIe s.)

16 novembre 2021, 9h-12h
(Salle Paul Albert Février, MMSH, Aix-en-Provence)

Cette séance sera dédiée à une réflexion sur l’étude du milieu marin. La complexité des mutations provoquées par le changement global implique la mise en œuvre de recherches interdisciplinaires, au sein des Sciences humaines et sociales (SHS), mais aussi en collaboration avec les « Sciences de la vie ».

Développer des approches socio-écosystémiques est un défi, parce que si l’entreprise interdit, afin de demeurer rigoureuse, toute dilution de nos propres pratiques disciplinaires, elle implique aussi une appropriation du langage de l’autre, et une acquisition minimale de ses méthodologies et de ses savoirs fondamentaux. Ces difficultés expliquent qu’aujourd’hui encore, en l’absence de formation vraiment décloisonnées dans nos universités, les historiens environnementalistes soient aussi peu nombreux à dédier leurs travaux au monde marin.

La séance proposée s’articulera en 4 temps. Elle décrira d’abord, dans un propos introductif, comment fonctionne la fabrique d’un historien de la mer. À la lumière de son propre cheminement, Daniel Faget (TELEMMe, département d’histoire) essaierai de montrer aux étudiants comment peuvent être posées les bases d’une intersectorialité, ses avancées et ses limites pratiques.

Il présentera ensuite successivement trois axes abordés au cours de ses travaux, en les rattachant soigneusement à des expériences pratiques de terrain dans l’ensemble du bassin méditerranéen, et en montrant ce que l’approche plurielle fait à un objet de recherche :

  • Une mer représentée : un retour contemporain de la sacralisation de l’animal marin ? Le cas des petits mammifères marins
  • Une mer exploitée : ruptures technologiques et surexploitation de la ressource (XVI-XXIe s.)
  • Une mer transformée : pollutions, transgressions marines, bio-invasions.

Intervenant
Daniel Faget (TELEMMe, département d’histoire)

Séance 4. Bilan du séminaire disciplinaire transversal

7 décembre 2021, 9h-10h30
(Salle DUBY, MMSH, Aix-en-Provence)

Ouverture des inscriptions sur ADUM dans les jours qui suivent.

Consulter Dans les coulisses du séminaire Ce que l’écriture fait à l’Histoire… Entretien de Karima Dirèche par Théo Borel : https://somum.hypotheses.org/1600

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