[Thèse] Salem Salah, Pratiques des fondations waqf à Tunis (1574-1957), mardi 9 mars 2021

Salem SALAH soutiendra sa thèse de doctorat, réalisée sous la direction de Randi Deguilhem, mardi 9 mars à 14h30 :

Pratiques des fondations waqf à Tunis : de l’époque ottomane à l’indépendance (1574-1957)

Les fondations waqf en islam ont fait l’objet de nombreuses études dans différentes langues à travers le monde. Cela n’a rien d’étonnant vu l’importance de ces institutions dans l’histoire économique, sociale, juridique et dans d’autres domaines des sociétés islamiques ainsi que dans d’autres communautés confessionnelles en terre d’islam. Un sujet complexe en raison de son évolution sociétale, le waqf est un outil par lequel un homme ou une femme (ou un groupe) cède, à titre perpétuel, une partie de leurs propriétés privées. Une partie spécifique des revenus provenant de la rentabilisation de ces propriétés (le plus souvent par leur mise en location) va aux bénéficiaires nommés par la personne qui établit la fondation waqf. L’administration des affaires du waqf est gérée par un individu indiquée par le fondateur ou la fondatrice du waqf au moment de la création de la fondation et cela de manière à ce que le waqf continue à fonctionner après le décès de la personne qui l’a créé. Signalons qu’il s’agit d’une pratique qui remonte aux premières générations de l’islam et qui est encore pratiquée de nos jours dans des nombreux pays à majorité musulmane.

L’étude des documents de waqf permet de s’approcher du fonctionnement de la fondation à des époques différentes, ainsi que de son évolution dans l’espace et dans le temps. L’objectif de cette thèse est d’analyser, tant qu’il est possible, la logique des pratiques des fondations waqfdans la ville de Tunis de l’époque ottomane jusqu’à l’indépendance de la Tunisie en passant par le protectorat français dans le pays (1574-1957). Nous étudions ce sujet à partir des documents de première main, notamment, en s’appuyant sur les actes qui portent sur les waqfs enregistrés dans le tribunal ottoman de la ville de Tunis mais aussi par l’analyse des documents de nature juridique et législative produits par la gouvernance du protectorat, puis par celle de la Tunisie indépendante.

Dans la première partie de la thèse, nous étudions la théorie des pratiques du waqf à Tunis obéissant aux principes de la jurisprudence musulmane (fiqh) du rite (madhhab) malékite, puis au regard de la législation de protectorat français en Tunisie. Dans la deuxième partie de ce travail, nous étudions la structure de la charte de fondation du waqf, la waqfiyya, et des modes de transmission des biens appartenant aux waqfs à l’époque ottomane (1574-1881) et coloniale (1881-1956) ainsi qu’aux premières années de l’indépendance acquise en 1956. La troisième partie de la thèse porte sur l’étude de la gestion locale du waqf dans la ville de Tunis au cours de la période étudiée, en mettant l’accent sur les changements concernant la gestion des biens possédés par les waqfs, plus particulièrement, pour le début de la seconde moitié du XIXe siècle avec la création de l’Administration des Waqfs, la Ǧamʿiyyat al-Awqāf en 1874.

Par ces approches méthodologiques, cette thèse nous permet d’étudier l’évolution globale mais également détaillée de la gestion des waqfs de Tunis et, plus largement, de la Tunisie de l’époque ottomane ainsi que celle du protectorat et des premières années de l’indépendance du pays.

Mots-clés : waqf, Tunisie, ottoman, protectorat français, fiqh malékite, waqf hanéfite

Composition du jury

  • BOUGHOUFALA Ouddène, professeur des universités, Université Ibn Khaldoun, Tiaret, Algérie, rapporteur
  • DEGUILHEM Randi, directrice de recherche, CNRS, TELEMMe-MMSH, Aix-Marseille Université, directrice de la thèse
  • LE THIEC Guy, professeur des universités, Aix-Marseille Université, TELEMMe-MMSH, examinateur
  • MOUTON Jean-Michel, directeur d’études, EPHE, Paris, examinateur
  • SAADAOUI Ahmed, professeur des universités, Université de La Manouba, Tunis, examinateur
  • SROOR Musa, maître de conférences, Université Birzeit, Palestine, rapporteur
Tuniswaqf