Aller au contenu
Accueil > Thèses > Migrations et construction d’une communauté transnationale : les Jummas entre France et Bangladesh

Migrations et construction d’une communauté transnationale : les Jummas entre France et Bangladesh

Paul Nicolas

Migrations et construction d’une communauté transnationale : les Jummas entre France et Bangladesh

Thèse de Doctorat en Géographie

Sous la direction de Virginie Baby-Collin

Soutenue le 01/06/2017 à Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme5 rue du Château de l'Horloge13094 Aix-en-Provence Cedex 2 salle Duby

Membres du jury :

Composé de Mme BABY-COLLIN Virginie Professeure, M. CLERC Pascal Maître de conférences, Mme CORTES Geneviève Professeur, M. BRUSLE Tristan Chargé de recherche CNRS, Mme MESINI Béatrice Chargée de recherches CNRS.

Mots clés : Communauté transnationale, Migrations, Peuples autochtones, Bangladesh, Chittagong Hill Tracts,

Résumé :

RESUMÉCette thèse interroge la manière dont se construit une communauté transnationale à partir du cas spécifique des Jummas du Bangladesh résidant en France. En 1987, soixante-douze jeunes garçons sont arrivés ensemble en France, venus de camps de réfugiés en Inde, après avoir fui leur région d’origine, déchirée par la guerre civile, les Chittagong Hill Tracts, au sud-est du Bangladesh. Ils ont été dispersés en France dans des familles d’accueil. Trente ans plus tard, beaucoup d’entre eux sont encore en lien les uns avec les autres et ont renoué avec leur famille biologique dans les Hill Tracts. Les trois-quarts se sont mariés avec des femmes jummas. Ce groupe sert de point d’appui aux réfugiés qui arrivent en France. Beaucoup partagent des pratiques culturelles communes, maintiennent un fort sentiment d’appartenance au peuple Jumma. Ils ont construit un territoire transnational propre, avec ses réseaux et ses pôles. La diversité des parcours de ces jeunes, que l’on peut par certains aspects rapprocher des profils d’enfants adoptés à l’étranger, par d’autres de jeunes migrants de la génération 1.5, ou encore de réfugiés politiques, permet de discuter des processus pas forcément contradictoires d’intégration et de maintien des liens avec l’origine, via des dynamiques transnationales. L’examen de ces parcours permet de décrypter le processus de fabrique de cette communauté transnationale et d’en déceler les différentes phases. Le contexte (psychologique, sociologique, historique etc.) a joué aussi un rôle décisif : contexte de l’appartenance à une minorité discriminée et marginalisée au Bangladesh, contexte particulier de leur départ pour la France et contexte singulier de leur arrivée dans des familles françaises. A partir d’un accès privilégié à ce groupe depuis leur arrivée en France, la thèse s’appuie sur l’observation de nombreux moments collectifs de la communauté jumma, sur un grand nombre d’entretiens, des récits de vie enregistrés, la collecte systématique de données factuelles concernant la quasi-totalité du groupe initial des soixante-douze, l’étude de l’évolution de réseaux relationnels et des espaces de vie de certains sur trente ans.Mots clés : communauté transnationale, Bangladesh, adoption internationale, intégration, réfugiés, réseaux relationnels, territoire transnational.

Keywords : Indigenous people, Chittagong Hill Tracts, Bangladesh, Transnational community, Migrations,

Abstract :

This thesis questions the way in which a transnational community is built, by studying the specific case of the Jummas of Bangladesh residing in France. In 1987, seventy-two young boys arrived together in France, coming from refugee camps in India, after fleeing their region of origin, torn apart by the civil war, the Chittagong Hill Tracts, in the south-east of Bangladesh. They were dispersed in host families in France. Thirty years later, many of them are still connected with one another and have reunited with their biological families in the Hill Tracts. Three-quarters of them have married Jumma women. This group serves as a support for refugees arriving in France. Many of them share common cultural practices, and preserve a strong sense of belonging to the Jumma people. They have built a transnational territory of their own, with its networks and its poles. The diversity of these young people’s courses, that in some respects we can compare with the profiles of children adopted abroad, in other respects with young migrants from generation 1.5, or even with political refugees, allows us to discuss the processes, not necessarily contradictory, of integration and maintenance of the links with the origin, through transnational dynamics. The examination of these courses makes it possible to understand the manufacturing process of this transnational community and to detect its different phases. The context (psychological, sociological, historical etc…) also played a decisive role: the context of belonging to a discriminated and marginalized minority in Bangladesh, the particular context of their departure for France and the singular context of their arrival in French families. Thanks to a privileged access to this group since their arrival in France, the thesis is based on the observation of many collective moments of the Jumma community, on a large number of interviews and recorded life stories, the systematic collection of factual data regarding virtually the entire initial group of seventy-two, and the study of the evolution of relational networks and living spaces of some of them over thirty years.Keywords: transnational community, Bangladesh, international adoption, integration, refugees, relational networks, transnational territory.