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Les îles grecques dans la mondialisation

Journée d'études

Date(s) : du 6 février 2009 9 h 00 au 6 février 2009 17 h 00

Lieu : Salle Duby, MMSH, Aix-en-Provence

Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :

Groupe(s) organisateur(s) :


PRÉSENTATION

A l’égal de la plage caraïbe et de ses cocotiers, l’image de l’île grecque constitue aujourd’hui l’une des représentations stéréotypées du dépaysement et des vacances dans le monde entier. L’invention de ce cliché est déjà ancienne et les conditions qui ont présidé à sa formation doivent être cherchées tant dans le philhellénisme européen du 19e siècle que dans la quête d’authenticité des sociétés traditionnelles au 20e siècle. Pourtant, la vie des archipels de la Grèce contemporaine, comme celle de l’ensemble des îles de la Méditerranée, ne se résume pas à ces quelques images. Comme le montrait Emile Kolodny au début des années 1970, ces îles ont été marquées au sortir de la seconde guerre mondiale par une modification radicale de leur physionomie. (E. Kolodny, 1974). Durant cette période, la population insulaire a progressivement abandonné les campagnes pour se concentrer dans les petits centres urbains littoraux. Dans le même temps, à l’image de ce que l’on retrouve ailleurs en Méditerranée, une certaine spécialisation fonctionnelle s’opérait au détriment de l’économie variée d’autosubsistance traditionnelle (N.-S. Margaris, 1987 ; R. Brunet, 2004).

Trois décennies plus tard, les études statistiques générales comme les enquêtes de terrain (M. Sivignon, 2003 ; J. Scol, 2000 ; E. Papataxiarchis, 1999) montrent que ces îles ont connu une nouvelle révolution. L’un des traits les plus marquants de cette époque est sans doute l’accroissement retrouvé de leur population et le regain très sensible de leurs activités (O. Deslondes, 1995 ; R. Darques, 2004). Les explications en sont nombreuses. Certaines tiennent aux évolutions récentes qui affectent la société grecque : immigration numériquement importante touchant l’ensemble du pays, politique d’aménagement du territoire et d’amélioration des moyens de transports permettant un meilleur accès aux archipels, fort dynamisme de certains espaces périphériques (P. Sintès, 2008). D’autres doivent néanmoins être recherchées dans la position qu’occupent ces îles à l’échelle régionale voire mondiale. Par exemple, le renforcement de la spécialisation fonctionnelle à l’échelle du bassin méditerranéen, et les représentations culturelles qui l’accompagnent, ont poussé certaines d’entre elles à devenir des haut-lieux du paysage touristique planétaire. Pour cette raison, leurs sociétés comme leurs espaces sont aujourd’hui profondément marqués par cette fonction. Celle-ci participe pour beaucoup de leur attractivité permanente ou saisonnière pour de nombreux touristes, mais aussi pour de nouveaux résidents ou des migrants économiques surtout balkaniques (C. Kasimis et alii, 2003).

En abordant de telles questions, sur des terrains, essentiellement égéens, il sera possible d’examiner comment l’inclusion de ces espaces dans des réseaux de transport et de communication plus efficaces a conduit aujourd’hui à la rencontre – paisible ou conflictuelle – de processus d’échelles parfois très différentes en leur sein. Néanmoins, il conviendra de garder à l’esprit que, si ces mouvements tout à fait contemporains marquent de leur empreinte ces sociétés et leur territoire, ils demeurent influencés dans leur réalisation par les caractéristiques fortes de ces espaces particuliers. Celles-ci tiennent généralement, outre la grande variété des cas de figure, aux réalités de l’insularité (exigüité, aléa de l’accessibilité), aux spécificités sociales et culturelles de certaines de ces îles (forte immigration, population multiconfessionnelle) ou à l’histoire récente des Etats qui les concernent (rattachement territorial tardif, tensions géopolitiques, échange de populations).

Organisée dans le cadre du programme « Constructions territoriales et dynamiques socio-économiques » de l’UMR TELEMME et du séminaire « Ethnologie et tourisme » de l’IDEMEC, en collaboration avec l’équipe BALKABAS soutenue par l’Agence Nationale de la Recherche et l’Ecole française d’Athènes, cette journée d’études aura pour objectif de présenter à partir d’enquêtes en cours la réalité des transformations sociales qui affectent ces ensembles insulaires, et d’examiner le rôle qu’y jouent les processus actuels de mondialisation.

Références bibliographiques :

Brunet R. «  La Corse, région d’Europe », disponible sur le site de la revue M@ppemonde: http://mappemonde.mgm.fr/num4/articles/art04407.pdf ; Darques R., « La Grèce ouverte aux immigrants : les leçons du recensement de 2001 » Méditerranée n°3-4, 2004, pp. 49 à 57 ; Deslondes O., « L’évolution de la population grecque (1981-1991) : vers le modèle européen ? », Méditerranée n°1-2, 1995, pp. 53 à 61 ; Kasimis C., Papadopoulos A.-G. & Zacopoulou E., « Migrants in Rural Greece », Sociologia Ruralis, Vol. 43, No 2, pp. 167 à 184, Kolodny E., La population des îles de la Grèce, Edisud, 1974 ; Margaris N.-S., « Désertification in Aegean island ». Ekistics n°323-324, mars/avril – mai/juin 1987, pp 132 à 136 ; E. Papataxiarchis, « A Contest with Money: Gambling and the Politics of Disinterested Sociality in Aegean Greece. » Lilies of the Field: Marginal People Who Live for the Moment, edited by Sophie Day, Evthymios Papataxiarchis and Michael Stewart, 1999 pp. 158 à 175. Scol J., « L’excursionnisme à Psérimos : Comment et pourquoi une toute petite île du sud-est de l’Egée est devenue un arrière pays touristique pour les îles de Kalymnos et de Kos (Dodécanèse, Grèce) », Cybergeo, Espace, Société, Territoire, article 182, mis en ligne le 13 décembre 2000 ; Sintes P., « Lire les résultats du recensement grec de 2001 : tendances du peuplement et pratiques sociales de l’espace », L’Espace géographique n°3, 2008, pp. 253 à 269 ; Sivignon M. (dir.), Atlas de la Grèce, collection « Dynamiques du territoire », CNRS-Libergéo – La Documentation française, 2003.


PROGRAMME

Pierre SINTES, UMR Telemme
Introduction : les paradoxes des îles.

Theodosia ANTHOPOULOU, Université de Panteion
La valorisation du patrimoine agricole de l’ile de Lesbos (huile d’olive et fromage).

Guillaume JAVOUREZ, Juliette MAISONS, Laurence PILLANT & Timothée VIDEAU, étudiants de Master à l’Université de Provence
Présentation de travaux de master en géographie sur la Grèce.

Katerina SERAÏDARI, Docteur de l’Université de Toulouse-le Mirail
Comment créer un ensemble hôtelier autour d’une église privée : entre dévotion locale et développement touristique à Santorin.

Kira KAURINKOSKI, Institut finlandais d’Athènes
Touristes et autochtones sur l’île de Cos.

Pierre SINTES, UMR Telemme & Guy THUILLIER, Université de Toulouse-Le Mirail, LISST-CIEU
Les installations d’occidentaux dans les îles grecques : vers une intégration post-touristique au Sud de l’Europe ?

André JULLIARD, Idemec
Conclusions