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Les journalistes : témoins et acteurs en temps de crise (XVIIIe-XXIe s. Europe méridionale)

Affiche du colloque Les journalistes : témoins et acteurs en temps de crise (XVIIIe-XXIe s. Europe méridionale)

Colloque

Date(s) : du 4 novembre 2015 9 h 00 au 6 novembre 2015 12 h 30

Lieu : Salle Duby, MMSH, Aix-en-Provence

Organisateur(s) / trice(s) à TELEMMe :

Groupe(s) organisateur(s) :

Partenaires :

  • National Hellenic Research Foundation
  • Universidad de Cádiz

PRÉSENTATION

L’Europe méditerranéenne connaît depuis quelques années, une crise économique qualifiée de sans précédent et doit maintenant faire face à une crise politico-militaire majeure face au terrorisme de Daesh. Chaque jour, en France, Espagne, Italie, Grèce… les journalistes informent leurs lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs des évolutions de la conjoncture et les commentent.

A l’heure des chaînes télévisuelles d’information continue, nous sommes bien loin du temps des canards et gazettes où un correspondant qui n’avait été ni acteur ni témoin rendait compte d’événements plus ou moins lointains dont il avait appris l’existence par quelque lettre. Maintenant, les journalistes rendent compte « en temps réel » (pour employer une formule aussi répandue que stupide) des nouvelles qui tombent des téléscripteurs et les commentent à vif, avec tous les risques que cela comporte. Faisant appel à des consultants, ils assument le rôle que Victor Hugo réservait au Poète, de « phares de l’humanité », éclairant (et donc formant) l’opinion publique et prenant ainsi une part de plus en plus importante dans une  vie politique que certains n’hésitent pas à « animer », tels ces interviewers vedettes de la radio ou de la télévision qui invitent les politiques dans l’espoir de leur faire prononcer la phrase ou le mot qui, par la réaction qu’il suscitera, mettra le feu aux poudres dans le landerneau médiatique.

Ce statut de « faiseur d’opinion » du journaliste n’est certes pas nouveau: Marat, l’Ami du peuple, Courrier, Rochefort ont joué ce rôle bien avant que ne soient créées les écoles de journalisme. Mais jamais, sans doute, les « passeurs de l’information » n’ont eu, par rapport à leur public, autant d’influence et de responsabilités.

Ce nouveau statut du journaliste est le fruit d’une longue évolution qui doit beaucoup aux progrès technologiques (développement du télégraphe, de la photographie, de la radio, de la télévision, etc.). Mais il est également le fruit des nombreuses crises de toutes sortes (politiques, militaires, économiques, sanitaires, etc.) dont les journalistes eurent à rendre compte et qu’ils contribuèrent tantôt à apaiser, tantôt à aviver. Telle est du moins l’hypothèse que nous souhaitons vérifier dans ce colloque. Notre réflexion portera donc sur le temps long depuis le siècle des Lumières où D’Alembert, dans son éloge au Président Cousin (rédacteur du Journal des Savants de 1687 à 1701), parlait déjà de « la profession épineuse de journaliste » jusqu’au temps présent où les journalistes professionnels sont confrontés à la déprofessionnalisation de l’information, certains utilisant même la formule « tous journalistes » pour décrire un tel phénomène.

Notre réflexion s’articulera autour de quatre axes thématiques:

1) L’impact des crises sur l’évolution de la condition du journaliste.

L’histoire de l’Europe méridionale est émaillée de crises de tous types (révolutions, mouvements indépendantistes, guerres civiles, mondiales, exils, émigrations, scandales politiques, financiers….) où les journalistes (pourvoyeurs de l’information, traducteurs de la réalité, façonneurs de l’opinion publique…), ont souvent été appelés à jouer un rôle fondamental. Il s’agira ici de déterminer, en particulier, comment, à la faveur de ces phénomènes de « bascule », la condition de journaliste a évolué, s’est consolidée et comment de nouveaux types de journalistes sont apparus (correspondants de guerre, photoreporters, envoyés spéciaux…). Notons, par exemple, qu’en France, c’est à l’occasion de la Première Guerre mondiale qu’est fondé le Syndicat des journalistes (mars 1918).

2) L’impossible impartialité des journalistes? Du témoignage à l’engagement.

Parmi les qualités premières du professionnel de l’information, dans une représentation idéalisée de son activité, figure l’impartialité (qui va de pair avec l’indépendance), qualité d’ailleurs revendiquée, bien avant que ne s’amorce le processus de professionnalisation, par ceux qui mirent leur plume au service de la presse (notamment en temps de guerre). De fait les contraintes auxquelles sont confrontés les journalistes sont décuplées en temps de crise. Quelles sont les circonstances qui font que le journaliste oscille entre témoignage et engagement, cesse d’être essentiellement témoin pour devenir acteur à part entière de la crise? Comment se situe-t-il, quelle est sa marge de manœuvre, face aux pressions internes ou externes (de la censure -affichée ou voilée-, des groupes de presse, des politiques, des lobbies, de l’opinion publique)? Comment se présente-t-il et comment est-il perçu dans l’imaginaire collectif? Quelle est sa crédibilité? Telles sont les principaux questionnements qui guideront notre réflexion dans le cadre de cette deuxième session.

3) La médiatisation des crises : quelles pratiques?

Le troisième volet de ce colloque portera sur le long terme, du temps des pionniers de la presse écrite à celui des medias du web, les pratiques des journalistes lors du traitement de la crise dans tous ses états: guerre, crise politique, sociale, dépression économique, crise sanitaire, catastrophe naturelle… Il s’agira, notamment, de déterminer comment les journalistes (quel que soit le média choisi) ont participé à l’élaboration des idéologies dominantes, comment ils ont contribué à forger notre manière de concevoir les ruptures et les mutations auxquelles la société est confrontée, comment a évolué sur le temps long la mise en forme et en scène de l’information sur les crises (genres journalistiques utilisés, analyse du discours, de l’image, des sources utilisées…), quelles sont les limites qu’ils se sont imposés ou s’imposent à eux?

4) Les journalistes face à l’actuelle crise des médias

Depuis l’invention de la presse papier, le journaliste a dû faire face, dans la pratique de son métier, de sa profession, à de nombreux bouleversements du fait, notamment, de l’apparition au fil du temps de nouveaux medias. Il lui faut aujourd’hui faire face à la révolution générée par l’irruption sur la scène médiatique d’Internet, des réseaux socio-numériques et des supports mobiles. Leur apparition brouille avec fracas les frontières entre les medias traditionnels, transforme le public en « users », ouvre l’ère de l’ATAWAD en matière d’information, génère la naissance des médias de masse individuels. Quel est dès lors l’impact d’Internet sur les pratiques journalistiques, en général, et sur le traitement des crises en particulier? Internet peut-il provoquer la mort du journaliste (et de quel journaliste) ou peut-il générer un renouveau salutaire? Voilà les questions qui animeront les débats lors de cette quatrième et dernière session qui, à la différence des trois premières, nous ancrera résolument dans le temps présent.


PROGRAMME

8h30 – Accueil des participants

Maryline Crivello, Directrice de l’UMR 7303 TELEMME (AMU-CNRS) Yvon Berland, Président d’Aix-Marseille Université
Allocutions d’ouvertures

Elisabel Larriba, AMU-CNRS, UMR 7303 TELEMME – Membre honoraire de l’Institut Universitaire de France et Ourania Polycandrioti, National Hellenic Research Foundation, Institute of Historical Research
Introduction

L’impact des crises sur l’évolution de la condition du journaliste

Maryline Crivello, Directrice de l’UMR TELEMME
Présidence

Christine Peyrard, AMU-CNRS, UMR 7303 TELEMME
Le journalisme révolutionnaire en France

Vittorio Criscuolo, Universita degli Studi di Milano
La liberté et l’indépendance de la nation: le journalisme démocratique dans l’Italie en révolution (1796-1799)

María Victoria López Cordón et Alba de la Cruz, Universidad Complutense de Madrid
Des Imprimeurs qui écrivent, des journalistes qui éditent en temps de crise et de révolution (Espagne, 1800-1823)

Débat

Déjeuner

14h – 17h30

Franco Rizzi, UNIMED Mediterranean Universities Union
Présidence

Beatriz Sánchez Hita, Universidad de Cádiz
Les journalistes face à la répression et à la censure en Espagne lors de la restauration de Ferdinand VII (1814-1820)

Severiano Rojo Hernandez, AMU-CNRS, UMR 7303 TELEMME
Journalistes en temps de guerre : Pays basque (1936-1937)

Nicos Bakounakis, Panteion University of Social and Political Sciences
Les Guerres balkaniques et l’apparition du journalisme professionnel

Débat

Jeudi 5 novembre – salle Duby, 9h-12h30

L’impossible impartialité des journalistes? Du témoignage à l’engagement

Ourania Polycandrioti, National Hellenic Research Foundation, Institute of Historical Research
Présidence

Athanasia Balta, Hellenic Open University School of Humanities
Engagement politique du journaliste pendant la seconde moitié du XIXe siècle

Gilles de Rapper, AMU-CNRS, UMR 7307 IDEMEC
D’une crise à l’autre, avec le sourire. Le métier de photoreporter dans l’Albanie communiste (1944-1991)

Evelyne Cohen, ENSSIB – Université de Lyon, LARHRA (UMR CNRS 5190)
Les journalistes de télévision face au contrôle des informations par le gouvernement français (1954-1968)

Franco Rizzi, UNIMED Union des Universités de la Méditerranée
La Presse italienne et le phénomène du Califat

14h-18h La médiatisation des crises : quelles pratiques ?

Gérard Chastagnaret, AMU-CNRS, UMR 7303 TELEMME
Présidence

Denis Reynaud, LIRE-UMR 561, Université Lumière – Lyon 2
L’Histoire du signalement : pratiques journalistiques

Fernando Durán López, Universidad de Cádiz
Exil et transnationalité : le journalisme de José María Blanco White et José Joaquín de Mora

Ourania Polycandrioti, National Hellenic Research Foundation, Institute of Historical Research
Crise sociale et thématique feuilletoniste à la fin du XIXe siècle

Antonio Checa Godoy, Universidad de Sevilla
Développement et crise de la presse satirique pendant le Sexenio Democrático (1868-1874)

Isabelle Renaudet, AMU-CNRS, UMR 7303 TELEMME
Journalisme et crise sanitaire au temps de la transition démocratique espagnole : retour sur le scandale du syndrome toxique de l’huile frelatée (1981)

Françoise Bernard, AMU – IRSIC – EJCAM Institut de Recherche en Sciences de l’Information et de la Communication – Ecole de Journalisme et de Communication d’Aix-Marseille
Médiatisation des crises et analyse des jeux et enjeux de la circulation médiatique

Débat

Vendredi 6 novembre – salle Duby, 9h-12h30

Les journalistes face à l’actuelle crise des médias

Françoise Bernard, AMU – IRSIC – EJCAM Institut de Recherche en Sciences de l’Information et de la Communication – Ecole de Journalisme et de Communication d’Aix-Marseille
Présidence

Ludivine Thouverez-Almansa, Université de Poitiers, MIMMOC EA 3812
Mutation numérique des entreprises de presse: El País et Le Monde, un modèle de réussite (2005-2015)?

Arnaud Mercier, Institut Français de Presse (CARISM), Université Panthéon-Assas, Responsable de l’Observatoire du webjournalisme
Réseaux socionumériques et supports mobiles, nouveaux défis pour les journalistes

Table ronde

Philippe Pujol, Journaliste, Prix Albert Londres 2014 ; Eric Navarro, Directeur de France Bleu Provence ; Thibault Maisonneuve, Rédacteur en chef de France Bleu Provence ; Jean-Michel Marcoul, Directeur de la Rédaction de La Provence
Les journalistes en temps de crise : le point de vue des professionnels

Débat

Isabelle Renaudet et Severiano Rojo – UMR 7303 TELEMME AMU-CNRS
Conclusions